Fiche technique
Nom original | Lucie, Postrach Ulice / Luzie, der Schrecken der Straße |
Origine | Tchécoslovaquie, Allemagne |
Année de production | 1980 |
Production | Filmové studio Barrandov (Prague), Anima (Hambourg), NDR (Hambourg), SR (Sarrebruck), S.W.F. (Baden-Baden), WDR, SF (Zurich), Telecip (Paris) |
Nombre d'épisodes | 6 x 28 minutes |
Auteur | Ota Hofman |
Création des personnages | Bettina Matthaei |
Réalisation | Jindřich Polák |
Assistant-réalisation | Milan Vácha |
Production | Jaroslav Bouček, Miroslav Doležal, Jarmila Benešová, Zuzana Kovaříková |
Scénarii | Ota Hofman, Jindřich Polák, Marcela Pittermannová (dramaturgie), Corina Schlesingerová (script), Pavla Marková (script) |
Direction de la production | Jan Šuster |
Animation | Seishi Katto, Otmar Gutmann, Jiří Vojta, Vladimir Plicka |
Direction artistique | Karel Černý |
Montage | Dalibor Lipský, Zdeněk Stehlík |
Direction photographie | Josef Vaniš |
Cadrage | Jiří Vojta, Václav Heliman, Josef Vítek, Bohumil Vodicka |
Costumes | Zuzana Máchová |
Maquillage | Vladimír Petřina, Miroslav Dvořák |
Musiques | Angelo Michajlov |
Adaptation française | Michel Salva |
Diffusions
1ère diffusion hertzienne | 28 décembre 1981 (FR3 - FR3 Jeunesse)
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1ère diffusion francophone | 20 décembre 1980 (TSR)
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1ère diff. Cable/Sat/TNT | décembre 1992 (Canal J) |
Rediffusions | août 1983 (RTBF) |
Synopsis
Lucie, 6 ans, s'ennuie quelque peu alors que la fin des vacances d'été approche, et cela malgré les quelques jours passés chez son grand-père, un médecin. De plus, ses parents travaillent et ses amies avec qui elles jouent habituellement ont quitté la ville pendant cette période estivale. Sa mère, dentiste de profession, demande alors à l'une de ses voisines, Mme Richter, et à son fils Osvald, de surveiller un peu Lucie. Hélas, c'est justement ce dernier qui récemment, avec sa petite bande (celle-ci étant composée de deux autres garçons et de deux filles tous âgés d'une dizaine d'années), a semé la ''terreur'' sur un terrain de jeu alors que Lucie s’amusait avec ses copines.
Peu de temps après, sortant de chez elle, Lucie croise sur son chemin la petite bande et son chef Osvald. Celui-ci lui demande alors de prouver son courage pour qu'elle soit acceptée parmi eux et l'a contraint dans un premier temps à monter sur le toit du supermarché grâce à une échelle, ce qu'elle fait avec courage. Mais arrivée en haut, Osvald retire l'outil. Ayant réussi tout de même à redescendre, Lucie rejoint la petite bande qui se trouve devant un cinéma, juste en face d'une affiche avec en gros plan le portrait de Jean-Paul Belmondo, cigare au bec et casquette vissée sur la tête, le film projeté dans une salle étant Flic ou voyou de Georges Lautner. Cela situe le tournage de la série Lucie la terrible en été 1979, celle-ci ayant été filmée à Prague, mais aussi en grande partie en Allemagne de l'Ouest comme cette scène, et plus particulièrement dans la région de Cologne, le film avec l'incorrigible Bébel y étant à l'affiche depuis le 21 juin 1979.
Malgré toutes les petites brimades de la veille, le lendemain, Lucie rejoint la petite troupe et se soumet à une seconde épreuve, celle de voler quelque chose dans un grand magasin. Lucie s'exécute après avoir observé Lida, l'une des filles du groupe l'ayant accompagné pour lui montrer comment procéder. Mais son comportement suspect attire l'attention du directeur et du détective du magasin qui la surveillent avec une caméra. Puis, ayant fait tomber malencontreusement une boite de pâte à modeler, et après l'avoir ramassée, Lucie la glisse dans son dos, sous son pull, cela au moment même où le détective du magasin s'adresse à elle devinant qu'elle cache quelque chose. La boite de pâte à modeler se transforme alors et disparaît en se fondant dans le pompon du bonnet de Lucie. Le détective se rend compte qu'il fait probablement erreur puisqu'il ne trouve rien sur Lucie appartenant au magasin, et pour s'excuser la vendeuse offre à Lucie une boite de chocolat. C'est en dégustant ceux-ci dans la rue, sans se soucier de ce qu'est devenu son butin, qu'elle découvre que la pâte à modeler que l'on avait vu fusionner avec le pompon du bonnet s'est transformée comme par magie en deux petits bonshommes (un grand, un peu mince et un petit, un peu rond) qui deviennent de suite ses amis qu'elle prénomme Frédéric et Frédéric, du nom de la marque de la pâte à modeler (Friedrich & Friedrich).
C'est alors une série d'aventures et de petites bêtises en tous genres qui vont parsemer chaque épisode car les deux compères qui partagent le même prénom ont la possibilité de se transformer à volonté en tout et n'importe quoi, et possèdent également un grand appétit (la boite de chocolat précitée en fera l'expérience). Ils adorent aussi s'amuser avec un peu tout ce qui les entoure. Ils ont même la faculté de remplacer les objets qu'ils imitent en se fondant en eux, ceci faisant disparaître l'original (mais comme il en est de l'existence de Frédéric et Frédéric, nous n'aurons ici aucune explication de physique quantique).
Ainsi, dés le deuxième épisode, alors que Lucie regarde à la télévision un feuilleton présentant une aventure de flibusterie sur un grand voilier, Frédéric et Frédéric ôtent l'écran de verre du téléviseur inondant le salon de l'océan de fiction sur lequel naviguait le navire qui lui aussi sort du poste et s'invite dans la pièce. A l'étage inférieur, Osvald qui s'exerce au piano malgré lui, ses parents désirant qu'il maîtrise cet instrument, ne s'aperçoit pas que de l'eau tombe du plafond, car s'il pianote, il est bien plus concentré sur sa seconde partition qui est une bande dessinée de Superman... Fort heureusement quand les parents de Lucie rentrent chez eux dans la résidence, s'ils s'inquiètent de l'eau qui coule encore dans l'escalier commun, ils retrouvent leur appartement comme ils l'avaient quitté, ce qui n'est pas le cas du salon où Osvald joue du piano, sa mère le grondant alors qu'il ne comprend pas ce qui a pu se passer en voyant le sol humide, sur ce, sa mère découvrant également derrière la vraie partition, celle du comics.
Sur le petit écran encore, dans le troisième épisode, Frédéric et Frédéric voient une version de Fantômas (petites scènes jouées spécialement à cette occasion comme toutes celles qui apparaissent sur le téléviseur de Lucie, Fantômas étant ici interprété par Karel Hábl faisant une apparition peu après dans Amadeus de Miloš Forman). Ce personnage leur inspirera quelques amusements aux dépens des parents de Lucie, l'épisode étant consacré ensuite à une petite excursion sur le lieu de travail de la mère de Lucie... puis la situation évoluant, la petite fille devient dans l'épisode suivant l'ami des membres de la petite bande, à l'exception de son chef. Alors qu'ils partent tous en balade en ville, Osvald est retenu ''prisonnier' par sa mère, celle-ci l’emmenant faire de nombreux achats, notamment pour l'habiller et le coiffer en l'honneur d'une petite réception qu'elle organise pour montrer les talents de musicien de son fils. Osvald aura tout de même l'occasion de s'emparer de Frédéric et Frédéric dont il soupçonnait l'existence, ce qu'il commencera a regretter quand ceux-ci débuteront leurs hostilités amusantes dans l'appartement de ses parents, et ce jusqu'à la réception, dont parmi les invités un professeur de musique... Les deux petits êtres de pâte à modeler se retrouveront rapidement dans les mains de Lucie, et cela des mains même d'Osvald, celui-ci ne les supportant plus.
Pour la cinquième aventure, le duo transformable à volonté va provoquer un dysfonctionnement dans le réfrigérateur produisant ainsi une pluie de neige dans la cuisine et ce, jusqu'au salon. Lucie et ses amis, Osvald l'étant devenu également, s'amuseront à patiner sur le sol gelée et à jouer au hockey pendant qu'un défilé de technicien de la compagnie de dépannage A+A intervient au fil des problèmes (et des petits gags) qui se créent les uns après les autres depuis l'apparition de cette météo hivernale provoquée par Frédéric et Frédéric. La chose devient d'autant plus amusante lorsque l'on découvre qui est le directeur de la compagnie de dépannage.
Enfin, dans le 6ème épisode, l'aventure se termine le jour de la rentrée scolaire, après un retour et quelques aléas au grand magasin où le grand-père de Lucie achète finalement la tablette de pâte à modeler dont sont issus Frédéric et Frédéric.
Commentaires
Cette série de par les artistes tchécoslovaques qui la conçurent et lui donnèrent forme, de même que de par les animateurs allemands qui œuvrèrent à la conception de l'animation, fut coproduite avec la télévision allemande, via la chaîne ARD. Celle-ci bénéficia de la primeur de la diffusion du programme à partir du 12 octobre au 23 novembre 1980 sous le titre Luzie, der Schrecken der Straße. Puis, dès décembre 1980, du samedi 20 au jeudi 25, soit un an avant sa diffusion sur FR3 dans la programmation de Noël lancée par un certain Balthazar le mille pattes, la série est présente sur la TSR (Télévision suisse romande devenue RTS Un depuis 1997), alors unique chaîne suisse de langue française.
Les 3 premiers épisodes qui composent cette petite oeuvre furent ensuite assemblés en un long-métrage de 74 minutes qui fut projeté dans les salles obscures en Tchécoslovaquie à partir du 1er octobre 1984. Deux mois plus tard, en décembre 1984, un second long-métrage rassemblant les 3 autres épisodes était également projeté au cinéma. Intitulé ...a zase ta Lucie!, on pouvait donc y suivre sur grand écran la suite de ce sympathique univers axé sur les nombreuses facéties produites par les deux petits personnages de plasticines sous les regards amusés de Lucie et de ses amis. C'est par ailleurs la particularité de cette oeuvre de divertissement que de mêler aux acteurs et décors naturels, l'animation en stop-motion de ces deux personnages en pâte à modeler (claymation).
Bettina Matthaei (artiste allemande) et Alexander Zapletal (artiste tchèque), de par la technique de la matière adoptée via Anima Studio für Film und Grafik GmbH (Hambourg), sont parmi les artistes à qui l'on doit la création de Frédéric et Frédéric, les personnages en pâte à modeler. Bettina Matthaei leur donna forme et Alexander Zapletal élabora plusieurs idées amusantes autour de leur personne. Ils avaient déjà eu quelques succès ensemble deux ou trois ans plus tôt avec leurs travaux pour la formule allemande de l'émission étasunienne de Jim Henson Sesame Street. Ils avaient ainsi créé pour celle-ci les personnages de la séquence intitulée Plonsters où l'on pouvait voir en quelque sorte les proches ancètres de Frédéric et Frédéric (également diffusée dans le programme de marionnettes irlandais Bosco).
Subjectivement, on peut voir en Frédéric et Frédéric comme un certain écho à d'autres modèles et caractères de personnages dans des créations pour la jeunesse que l'on peut considérer du même genre, mêlant prises de vues réelles et animation, comme le duo animé avec des dessins Kokossi et Bobossa dans la production hongroise relativement similaire, quoique plus axé sur la féerie et le fantastique, à savoir Ohé, Petiot ! / Hahó, Öcsi! (György Palásthy, 1971), les deux petits lutins précités accompagnant dans son aventure le petit garçon, héros de ce film diffusé pour la première fois en France dans l'après-midi du lundi 24 décembre 1973 sur la 1ère chaîne de l'ORTF.
On peut également souligner une certaine filiation ultérieure, bien évidemment dans la technique employée, mais aussi quelque peu dans l'esprit, avec la série franco-belge Bogus réalisée en 1987, le personnage animé en plasticine étant une fois de plus baigné dans l'univers de la prise de vue réelle.
De Jindřich Polák (1925-2003), le réalisateur de Lucie la terrible, les jeunes téléspectateurs français ont pu également voir dans les mercredis de Récré A2, à partir d'octobre 1978, la série pour la jeunesse Monsieur Rosée de son titre original Pau Tau dont fut produit quelques 33 aventures entre 1969 et 1978. Cette dernière fut créée grâce à l'imagination de l'écrivain Ota Hofman (1928-1989) à qui l'on doit également la création de Lucie la terrible pour laquelle il signa l'écriture des scénarios, ainsi que celle d'un roman encore récemment réédité en Allemagne. Ota Hofman était également l'auteur, 10 ans plus tôt, d'une autre petite fille prénommée Lucie, orpheline celle-là, dans le long-métrage Lucie a záázraky (Lucie et les miracles) dont l'album jeunesse écrit par Ota Hofman fut illustré par Jitka Kolínská. A propos du personnage de Pau Tau, il était interprété par Otto Šimánek (1925-1992) qui joua le détective du magasin dans Lucie la terrible.
Outre ses réalisations pour le jeune public, Jindřich Polák mit en scène plusieurs oeuvres cinématographiques de science-fiction, tel en 1963 un grand classique du genre, Ikarie XB 1 (qui inspirera quelque peu la série allemande Commando spatial, la fantastique aventure du vaisseau Orion coproduite avec l'ORTF) s'inspirant sans le nommer du roman Obłok Magellana (Le Nuage de Magellan, non traduit en France) de son compatriote Stanislas Lem, l'un des plus grands écrivains de science-fiction au monde, film qui préfigurait par ailleurs par son ambiance et la maturité de son sujet le 2001 l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke, ou le Solaris d'Andreï Tarkovski d'après le même Lem.
Parmi encore les oeuvres de science-fiction de Jindřich Polák, le jeune public français découvrit en 1985 une série qu'il créa en 1983, à nouveau avec Ota Hofman, et toujours en coproduction avec l'Allemagne de l'Ouest ainsi qu'avec l'hexagone, à savoir Návštěvníci. En France, elle fut diffusée sur Antenne 2 sous le titre Expédition Adam 84. On y retrouvait notamment Dagmar ''Dada'' Patrasová, la vendeuse aux longs cheveux dans Lucie la terrible, de même que quelques autres acteurs ayant officié pour cette dernière. A propos de Dagmar Patrasová, on peut lui prêter une légère ressemblance envers Virginia Crespeau, et ce particulièrement dans Lucie la terrible, et tout comme l'animatrice de Vacances Animées, elle a présenté quelques programmes tchèques pour la jeunesse.
On notera également que Otmar Gutmann (1937-1993), l'un des principaux animateurs allemands sur les personnages de plasticine Frédéric et Frédéric, créa 6 ans plus tard une oeuvre d'animation en stop-motion qui connut au delà de son langage universel une très grande popularité à travers le monde, à savoir la série Pingu (105 épisodes, 1986-98, Suisse / 52 épisodes, 2003-06, Angleterre). Le public français abonné au Câble au début des années 90 découvrira le petit manchot de l'Antarctique avant sa diffusion sur une chaîne française (janvier 1994, sur France 3, puis quelques mois plus tard sur Canal J), notamment en 1992-93 sur la chaîne allemande ZDF, cette dernière faisant alors partie de l'offre câblée, cela ne posant aucun problème de compréhension, Pingu usant du seul langage manchot que tout le monde parle couramment.
En 1986, une grande partie des artistes (auteur, réalisateur, compositeur, production...) ayant oeuvré sur Lucie la terrible se sont retrouvés sur une création similaire dans son format à la fois sous forme de 4 ou 10 épisodes ou de deux longs-métrages coproduits à nouveau entre la Tchécoslovaquie et l'Allemagne de l'Ouest, et mêlant encore également à la prise de vue réelle deux personnages de plasticines ayant la forme de petites pieuvres, leur animation et leur comportement étant très proches de leurs prédécesseurs, et les bras supplémentaires assurant encore autant de bêtises en perspective. La petite comédienne Žaneta Fuchsová ayant interprété Lucie à l'âge de sept ans en était également la jeune héroine. Intitulée Chobotnice z druhého patra / Die Tintenfische Aus Dem Zweiten Stock, elle fut diffusée en France, sur FR3, sous le titre Frédéric et Frédérique, ceux-ci étant les noms des deux petites pieuvres, respectivement bleue et verte, dont cette dernière était un personnage féminin. Seishi Katto, animateur sur Lucie la terrible, animait ici encore les deux personnages de plasticine, avant que de rejoindre très peu de temps après Otmar Gutmann sur Pingu.
Une petite note triste pour conclure ces commentaires, le comédien Jiří Hrzán interprétant le professeur de musique dans le 4ème épisode décéda à l'âge de 41 ans le 24 septembre 1980, soit quelques semaines avant la première diffusion de la série. C'était un acteur tchécoslovaque fort populaire qui, comme de nombreux autres pour cette production, apparut le temps d'une amusante petite scène.
Liste des épisodes
01. Lucie et la solitude
02. Lucie et la grande rencontre
03. Lucie et la rage de dents
04. Lucie et la ville
05. Lucie et la neige d'été
06. Tout a une fin
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