Synopsis
Raksha (Maugli - Raksha)
1er court-métrage adaptant la première moitié de la 1ère nouvelle « Les frères de Mowgli » du premier Livre de la jungle.
Dans la jungle, rôde le tigre Shere Khan. Averti par Tabaqui, le chacal, de la potentiel présence de proie humaine suite à un incendie ravageant un village occupé par des humains, le tigre est sur la trace de l'une d'entre elle... C'est alors qu'un peu plus loin, entre dans le caverne occupée par Père Loup, Mère Louve (Raksha) et leurs trois petits, un bébé humain s'étant égaré dans la panique qui a succédé à l'incendie. Encore surpris par cette intrusion en leur foyer, la tête de Shere Khan, toute de colère couverte, apparait aux loups à l'entrée étroite de la grotte, faute pour le tigre de pouvoir y pénétrer de tout son corps. Il ordonne qu'on lui remette de suite sa proie, mais Père Loup et Mère Louve s'y refusent, et Shere Khan de maugréer de colère en quittant les lieux. Les membres de la famille loup accueillent alors le petit d'homme que Mère Loup prénomme Mowgli comme si il était un des siens, même s'il ne l'est pas encore, le Conseil des loups devant donner son assentiment pour une telle circonstance. En attendant, et en faveur de Shere Khan, Tabaqui fait courir la nouvelle dans toute la jungle qu'une famille loup a adopté un bébé humain, et c'est ainsi qu'il apprend cela à Sahi, le porc-épic (apparaissant dans Le Second Livre de la jungle mais tout de même évoqué dans le premier), l'ours Baloo et la panthère Bagheera. Peu après, s'en suit le Conseil des loups présidé par Akela, et malgré la présence de Shere Khan appuyant son droit de possession sur Mowgli qu'il considère toujours comme sa proie, Baloo et Bagheera interviennent en faveur du jeune enfant, prétextant de sa futur utilité dans le Clan des Loups pour le premier et des lois de la jungle pour la seconde, celle-ci offrant au Clan un bœuf qu'elle a fraichement tué en échange que la vie du petit d'homme soit acceptée parmi la meute comme s'il était un de ses membres.
L'enlèvement de Mowgli (Maugli - Pohischenie)
2ème court-métrage adaptant la 2ème nouvelle « La chasse de Kaa », du premier Livre de la jungle. Le passage original avec l'éléphanteau, non présent dans les nouvelles de Kipling, est peut-être comme une légère référence au personnage du fils du colonel Hathi dans l'adaptation disneyenne.
On retrouve sept ans plus tard, Baloo et Bagheera enseignant les lois de la jungle à Mowgli qui, tout en jouant dans les arbres, tente d'attraper Bagheera se prélassant sur les branches, le jeune enfant nageant également avec ses frères loups et même en compagnie d'une grande tortue. Puis, peu après être venu en aide à un éléphanteau tombé dans une fosse, alors qu'il se repose, le petit d'homme est enlevé par le peuple singe. L'ours et la panthère, pour résoudre se problème efficacement, font alors intervenir Kaa, le python, que les singes craignent plus que tout autre être (Bagheera n'hésite pas, pour appuyer ses propos, à dire que les singes ont traité Kaa de gros ver de terre et quelques autres noms de cet ordre). Sur les indications de Chil, le milan, ils arrivent dans les ruines dites des Grottes froides où les singes détiennent leur prisonnier. Baloo, Bagheera et Kaa vont alors àvoir bien du mal à venir à bout de cette multitude du peuple des arbres, la panthère et l'ours souffrant dans cette bataille plus que Kaa. Mais après un combat acharné, Kaa entame une danse finale ou son corps n'est plus qu'ondulation en tout sens, hypnotsant son assistance pour l'ultime voyage... sa puissance de suggestion est telle que Baloo et Bagheera sont eux aussi, l'espace d'un instant, attirés vers Kaa avant que Mowgli ne les sorte de cet état d'hypnose et qu'ils quittent ces lieux dont les pierres vont être témoin du festin du reptile.
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Commentaires
Cette version du Livre de la jungle (adaptant essentiellement les nouvelles concernant Mowgli comme son titre original l'indique) fut réalisée en cinq courts-métrages, d'une durée de 20 minutes chacun, entre 1967 et 1971. Ceux-ci furent ensuite assemblés en un long-métrage en 1973. De par la date de création pour le premier court – 1967 – et sa conception dans le domaine de l'animation, on l'a comparera facilement avec l'imagerie disneyenne de l’œuvre de Rudyard Kipling. Mais, si l'adaptation étasunienne réalisée par Wolfgang Reitherman prend de nombreuses et grandes libertés, celle de Roman Davydov respecte l’œuvre littéraire, parfois au mot ou au geste près, tout en la transposant pratiquement dans sa globalité concernant les principaux chapitres des aventures de Mowgli, de sa petite enfance à l'âge adulte – même s'il a fallu omettre quelques nouvelles et passages en celles-ci –, et l'on peut ainsi voir grandir le petit d'homme comme sous la plume de son créateur.
L'aventure se déroule dans l'ordre chronologique des évènements décrits dans le recueil de nouvelles et non en suivant à la lettre le récit de Kipling qui va et vient dans le temps. Ainsi, le 2ème court-métrage présente ce qui se déroule dans le 2ème chapitre du premier livre quand Mowgli, alors âgé de sept ans environ, est enlevé par les singes, et le troisième film expose ce qui a lieu dans la seconde moitié du 1er chapitre de ce premier recueil, quand Mowgli âgé d'une dizaine d'années parvient à dérober la Fleur rouge à une jeune femme ayant eu peur un instant, avant d'être amusé par le comportement de Mowgli (il s'agissait d'un petit garçon effrayé dans le livre).
On soulignera, malgré le respect de cette adaptation, que le scénario présente le petit d'homme essentiellement en contact avec les animaux avec qui il vit. Ainsi, aucun des cinq courts-métrages ne traitent des relations que Mowgli a pu partager avec les hommes dans la 3ème nouvelle « Au tigre, au tigre ! » du premier Livre de la jungle (quand Mowgli est accueilli dans le village des hommes par Messua – celle-ci pensant reconnaitre son fils en lui – et son mari, jusqu'à la mort de Shere Khan), ou la 3ème nouvelle « La descende dans la jungle » du Second Livre de la jungle qui fait d'ailleurs suite à « Au tigre, au tigre » (où Mowgli vient en aide à Messua et son mari condamnés par superstition par le chasseur Buldeo – il sait attribué la mort de Shere Khan – et tout le village pour avoir adopté un enfant élevé par des loups, et pour s'emparer à cette occasion de leur bien). En un sens, cette adaptation est l'opposée de celle d'Alexandre Korda réalisée en 1942 avec Sabu dans le rôle de Mowgli (célèbre depuis qu'il avait interprété un certain Toomai). En effet, pour des raisons entre autres pratiques, la version de Korda fit le choix d'un scénario tourné, dans la plus grande partie de son développement, avec un Mowgli parmi les humains, tout en introduisant un détail respcteux du livre puisque l'on peut y entendre parler Kaa.
Parmi encore quelques ajustements suite ici à cette absence humaine dans le parcours de Mowgli, le 3ème court-métrage qui évoque dans sa première partie la 5ème nouvelle « L'Ankus du roi » du Second Livre de la jungle montre un Mowgli sans arme quand il descend dans la salle au trésor gardé par le cobra blanc, alors qu'il en possède déjà une dans l’œuvre littéraire puisqu'il l'a porte depuis qu'il a vécu parmi les hommes.
La fin des aventures de Mowgli en cette version diffère quelque peu également de celle en la dernière nouvelle du Second Livre de la jungle où Mowgli retrouve Messua qui l'avait adopté un temps. Aussi les courts-métrages n'évoquant point sa présence parmi les hommes, il n'était pas possible de faire apparaitre ce personnage pour conclure l'histoire. De fait, si les sentiments alors quelque peu torturés de Mowgli sont conservés, son départ pour le monde des humains est marqué seulement par quelques images qui suffisent toutefois à clore l'histoire avec, si ce n'est la même intensité, une respectueuse terminaison.
Pour être au plus près de ce monde décrit par l'auteur anglais, contrairement à celui qui chante qu'il en faut peu pour être heureux (mots prononcés par Mugger de Mugger Ghaut, un crocodile dans la nouvelle « Les croque-morts » ne faisant pas partie des récits axés sur Mowgli), le Baloo mis en scène ici est très représentatif de son nom puisque celui-ci est plus particulièrement donné aux ours à collier – appelé bauloo en hindi –, et que les dessinateurs n'ont pas omis de le décorer de la marque en forme de v (ou de croissant) que porte les dits ours à collier qui peuplent le sud-est asiatique. Quant à Bagheera, elle y est une panthère femelle à la voix suave comme dans le roman traduit en Russie (ce que conserve la version française pour cet ouvrage d'animation, et dont par ailleurs la traduction de l’œuvre de Kipling en France tend également à souligner une certaine féminité du personnage en omettant sa nature masculine et en accordant au féminin quelques verbes...), alors que l'ouvrage disneyen en fit logiquement un mâle comme dans le texte anglais d'origine. Elle y conservera également le moire de son pelage, ainsi que la souplesse d'esprit autant que celle de sa silhouette.
Une partie de l'équipe artistique ayant oeuvré à la conception de cette adaptation, dont Roman Davydov, Aleksandr Vinokurov, et Nikolai Fedorov, avait déjà fait voyager les spectacteurs dans les jungles indiennes avec L'Antilope d'Or de Lev Atamanov et avaient précédemment oeuvré ensemble sur La Petite Fleur Ecarlate du même Atamanov. Le studio Soyuzmultfilm produisit également trois autres adaptations sur des oeuvres de Rudyard Kipling, dont précédemment Rikki-Tikki-Tavi (1965) réalisée par Alexandra Snezhko-Blotskaya d'après la nouvelle éponyme du premier Livre de la jungle et Kot, kotoryj gulyal sam po sebe (1968) adaptant le conte « Le Chat qui s'en va tout seul » issu du recueil Histoires comme ça, film également dirigé par Alexandra Snezhko-Blotskaya.
Concernant la version française, contrairement à de nombreux films d'animation soviétiques ayant souffert de multiples coupures et du remplacement des musiques d'origine en passant par Film Roman et Film by Jove dans les années 90, le métrage ici conserve sa durée et les compositions originales de Sofia Goubaïdoulina (1931-), cette dernière étant devenue depuis un grand nom dans le domaine de la musique contemporaine. Certains passages musicaux qu'elle a composé pour illustrer le paysage de la jungle évoquent quelque peu de par leur forme, leurs couleurs et leur orchestration, des oeuvres comme Prélude à l'après-midi d'un faune de Claude Debussy ou Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel, ou encore l'univers musical de Dimitri Chostakovitch (elle étudia la composition au Conservatoire de Moscou avec Nikolai Peyko, un élève de Chostakovitch). On perçoit évidemment sa propre identité musicale de par quelques expérimentations au sein de sa partition et l'utilisation de divers instruments autres que classique, allant même à inclure quelques effets d'électroacoustiques. Lors de la mort dAkela, les violons ont également une sensibilité proche de la composition Protest que Morton Gould composa en 1959, celle-ci étant devenue célèbre en France de par son utilisation comme générique des Dossiers de l'écran sur Antenne 2.
En 1988, pour le long-métrage Koshka, kotoroya gulyala sama po sebe, Sofia Goubaïdoulina a de nouveau composé pour une adaptation d'un texte de Kipling, le conte « Le Chat qui s'en va tout seul », une merveille de l'animation en volume produite de même par Soyuzmiltfilm et réalisée par Ideya Garanina (1937-2010) pour laquelle Sofia Goubaïdoulina composa précédemment une partition pour l'adaptation, toujours au sein de Soyuzmultfilm, du Petit retable de Don Cristobal de Federico Garcia Lorca (autre magnifique film animé avec des marionnettes comme lors de la création de l'oeuvre originale par l'illustre écrivain espagnol et où, dans sa première partie, les marionnettes représentées à fil, se déplaçant en un petit théâtre, sont animées en stop-motion).
A propos de Film by Jove évoqué juste plus haut et dont ne dépend pas, fort heureusement, la version française, cette compagnie a édité récemment ce film en version sous-titrée anglaise (avec deux autres adpatations de Kipling par le studio Soyuzmultfilm), et précédement en 1996 en version anglaise Adventures of Mowgli, avec notamment la voix de Sam Elliott doublant Kaa et celle de Charlton Heston comme narrateur, alors que dans l'original, il n'y a point de texte de narration. En ce cas, cette dernière permet, dans l'intention de l'éditeur, une plus grande compréhension de l'histoire pour les plus jeunes. Hélas pour le public américain, outre cette modification narrative et comme à son habitude, le long-métrage formé des cinq courts a été frappé de la marque de Film by Jove puisqu'il a subi quelques coupes (certes minimes, mais tout de même présentes) et la musique originale de Sofia Goubaïdoulina y a été expurgée.
Plus récemment, en 2009, la Cinémathèque française a restauré le premier court-métrage de cette adaptation du Livre de la jungle. Une projection de cette restauration a été donnée le dimanche 31 octobre 2010 lors de la 9ème Fête du Cinéma d'Animation.
Merci à Baghera73 pour l'identification des voix du doublage.
Doublage
Voix françaises :
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