Diffusions
Arrivée en France (cinéma) | 16 mars 1977 |
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1ère diff. Cable/Sat/TNT | 24 mars 2013 (Ciné Star) |
Rediffusions | 27 mars 2013 au 03 avril 2013 (Ciné Star) |
Synopsis
Dans le royaume de Montagar, Delia la reine des fées donne naissance à des jumeaux sorciers : le premier, Avatar, est bon et généreux tandis que le second, Blackwolf, est cruel et avide de pouvoir. À la mort de leur mère, les deux frères ennemis s’affrontent dans un combat dont Blackwolf ressort vaincu. 3000 ans plus tard, le mauvais sorcier jure de se venger en levant une armée de créatures démoniaques à l’aide d’un artefact des temps anciens : un vieux projecteur diffusant un film de propagande nazie.
Commentaires
Les Sorciers de la guerre constitue le quatrième long-métrage de Ralph Bakshi mais aussi le premier de sa filmographie revendiqué comme œuvre de pur divertissement. En 1976, le réalisateur est alors éreinté par les accusations de racisme de son précédent film Coonskin (dont la sortie fut sabordée et réduite à 3 salles aux États-Unis), ainsi que par l’annulation de son projet sur une guerre des gangs qui devait mêler animation et prises de vues réelles 12 ans avant Roger Rabbit. Face aux critiques, il décide d’abandonner provisoirement ses chroniques sociales amères pour montrer qu’il est capable de s’adresser à un public plus large. S’inspirant de l’œuvre du dessinateur Vaughn Bodé (notamment de son comic Cobalt 60), il met sur pied un récit d’heroic-fantasy bigarré sans pour autant sacrifier son humour acerbe habituel : la violence est principalement montrée sous sa forme la plus bête et les idéologies politiques et religieuses sont tournées en dérision.
À partir d’un schéma manichéen, le film exploite en profondeur la notion de contraste aussi bien dans le graphisme que dans la narration. Ainsi, le royaume de Montagar affiche des courbes et des teintes douces tandis que le repaire de Blackwolf est tout en lignes droites, revêches et en niveaux de gris ; la narration est ponctuée de séquences composées de dessins fixes et détaillés ; la dramaturgie fait se côtoyer massacres sanglants et humour issu du cartoon ; et enfin, les plans n’hésitent pas à mélanger animation et incrustation d’effets. Mais le contraste le plus flagrant demeure dans les scènes de bataille : c’est en effet au cours de ces dernières que Bakshi emploie la rotoscopie pour la première fois de sa carrière, ou plus exactement de s’en inspirer. Son budget d’1,2 million de dollars s’avérant insuffisant, le réalisateur trouva la solution en récupérant des scènes issues de films antérieurs qu’il a tiré sur papier puis imprimé sur cellulo. Les cinéphiles pourront donc s’amuser à reconnaître durant ces séquences des images tirées d’Alexandre Nevski (1938), Le Cid (1961), Zoulou (1964), La Bataille des Ardennes (1965) ou Patton (1970). Il résulte de l’ensemble un film haut en couleur, psychédélique, dont les solutions économiques d’animation lui confèrent un caractère inventif et imprévisible.
Initialement appelé War Wizards, le film fut renommé Wizards aux États-Unis afin de ne pas le faire entrer en concurrence avec un autre grand projet de la Fox : le tout premier Star Wars de George Lucas. Ce fut d’ailleurs en raison de ce dernier que le film de Bakshi, malgré son succès commercial, fut rapidement retiré de l’affiche et éclipsé par son concurrent. Il fut néanmoins présenté au Festival d’Avoriaz ainsi que dans la première édition du Festival du Film Fantastique de Paris où il reçu le Grand Prix du Public. Envisagé à l’époque comme une trilogie, Les Sorciers de la guerre dut attendre 2008 avant qu’un projet de suite soit annoncé par le fils du réalisateur.
A noter que le film est sorti en version originale sous-titrée chez Wild Side Vidéo bien qu'une version française doublée, apparemment perdue, avait été réalisée lors de la sortie au cinéma.
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