Fiche technique
Nom original | Omoide Poro Poro (おもひでぽろぽろ) |
| Souvenirs Goutte à Goutte |
Origine | Japon |
Année de production | 1991 |
Production | Studio Ghibli, Tokuma, Hakuhodo, NTV |
Durée | 118 minutes |
Auteur manga | Hotaru Okamoto (histoire), Yûko Tone (dessins) |
Réalisation | Isao Takahata |
Production | Toshio Suzuki |
Producteur exécutif | Yasuyoshi Tokuma, Tôru Hara, Ritsuo Isobe |
Scénarii | Isao Takahata |
Story-boards | Yoshiyuki Momose |
Direction de la production | Hayao Miyazaki |
Animation | Atsuko Otani, Hiromi Yamakawa, Hiroshi Shimizu, Junko Ikeda, Ken'Ichi Yoshida, Kuniyuki Ishii, Mahiro Maeda, Makiko Futaki, Masaaki Endô, Masahiro Neriki, Masako Shinohara, Megumi Kagawa, Mitsuo Iso, Natsuyo Yasuda, Noriko Moritomo, Osamu Tanabe, Sachiko Sugino, Shinji Morohashi, Shinji Ôtsuka, Shinya Ohira, Toshiyuki Inoue, Yoshiyuki Hane |
Planning | Tatsumi Yamashita, Hideo Ogata, Shigeharu Shiba |
Direction de l'animation | Yoshifumi Kondô, Katsuya Kondo, Yoshiharu Satô |
Direction artistique | Kazuo Oga, Katsu Hisamura (assistant) |
Décors | Akira Yamakawa, Katsufumi Hariu, Kazuo Nagai, Kiyomi Ôta, Kyôko Naganawa, Naoko Sakimoto, Naoya Tanaka, Nizô Yamamoto, Satoshi Kuroda, Yôji Takeshige |
Layout | Yoshiyuki Momose |
Chef coloriste | Michiyo Yasuda |
Montage | Takeshi Seyama |
Direction photographie | Hisao Shirai |
Musiques | Katsu Hoshi |
Adaptation française | Régis Ecosse, Emmanuel Pettini |
Direction de doublage | Marie-Line Landerwijn |
Gén. VO interpreté par | Harumi Miyako |
Diffusions
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1ère diff. streaming | 1er février 2020 (Netflix) |
Synopsis
L’histoire commence en 1982, pendant l’été. Taeko Okajima, une jeune femme de 27 ans, vient d’obtenir dix jours de congé. Comme l’année précédente, elle compte se rendre à la campagne, chez la famille de son beau-frère, afin d’aider à la récolte de la fleur de carthame (une fleur servant de colorant). En chemin, tous les souvenirs de l’année 1966, alors qu’elle avait 11 ans et qu’elle était en CM2, lui reviennent en mémoire : ses premières vacances dans une station thermale où elle s’est retrouvée seule avec sa grand-mère après avoir été "lâchée" par sa mère et ses sœurs, la dégustation en famille de son premier ananas (fruit exotique qui est rare au Japon et que personne n’aimera au final !), la première fois où l’une de ses rédactions était affichée en classe et le manque d’intérêt de sa mère (plus préoccupée par le fait que sa fille fasse la difficile à la cantine), ses premiers émois amoureux avec un camarade prénommée Hirota, ses premières discussions à propos des règles et du cycle menstruel, la première (et dernière) gifle donnée par son père parce qu’elle était sortie pieds nus de la maison après avoir fait un caprice, sa première mauvaise note en maths (et la réaction très maladroite de sa mère et de ses sœurs), sa première (et là aussi dernière) prestation théâtrale qui aurait pu lui ouvrir la voie pour devenir comédienne si son père ne s’y était pas interposé, et enfin un dernier souvenir relatif à un camarade de classe particulièrement sale à qui elle avait tenté de cacher son dégoût... Ce dernier souvenir en particulier lui fera réaliser qu’elle a des priori sur un certain nombre de sujets et en particulier sur la campagne et ses habitants. Pourtant, au contact de Toshio, le cousin de son beau-frère, qui tente de vivre de l’agriculture biologique, elle commence à réaliser qu’elle est peut-être prête à abandonner sa vie citadine pour s’installer définitivement à la campagne...
Commentaires
Grâce à l’énorme succès remporté par la précédente production du studio Ghibli, Kiki la petite sorcière (1989), qui était le premier film du studio à être rentable au cinéma, Hayao Miyazaki et Isao Takahata commencèrent à imaginer des projets plus ambitieux, servis par une promotion plus importante que par le passé. Pour Hayao Miyazaki, ce sera Porco Rosso (1993). Isao Takahata, quant à lui, commença par plancher sur un projet appelé Kokkyô, qu’il abandonnera finalement, et récupérera celui consistant à adapter le manga Omoide Poroporo, projet qui était dans les cartons du studio depuis un certain temps. Paru en 1988 et réédité deux ans plus tard, ce manga raconte les souvenirs d’enfance de l’autrice Hotaru Okamoto, pendant la 41ème année de l'ère Showa (année 1966 de notre calendrier). On y suit donc la vie quotidienne de Taeko avec sa famille ou ses camarades de classe au travers de différentes petites histoires qui sont reprises assez fidèlement dans le film, à quelques détails près (le graphisme en particulier est très différent entre les deux supports). Mais, adapter ce manga ne satisfaisait pas vraiment Takahata qui décida d’en faire "une histoire dans l’histoire" et de faire raconter ces souvenirs à une Taeko plus âgée.
En effet, il était impensable pour le réalisateur de se contenter de faire un film nostalgique montrant la vie dans les années 60. Takahata a donc exploité ce sentiment de nostalgie et en a fait le moteur de son film : pourquoi Taeko est-elle si nostalgique de son passé ? Qu’a-t-il de si important pour elle et en particulier cette fameuse année 1966 ? De plus, ce sentiment lui a permis de mener une réflexion plus générale sur l’évolution du Japon et sur l’abandon de la vie campagnarde au profit de la vie citadine. C’est la perte des valeurs traditionnelles, sujet qu’il abordera aussi dans son long-métrage suivant, Pompoko, qui est traité en filigrane, sans que cela ne se transforme en leçon de morale. C’est au spectateur de faire son choix là-dessus, comme l’héroïne à la fin.
L’opposition entre campagne et ville et passé et présent est souligné par le soin particulier apporté à l’animation. Ainsi, les scènes se déroulant en 1982 se veulent très réalistes, avec des décors ressemblant à des photographies et des visages très expressifs, proches de ceux de véritables humains (ce sont d’ailleurs les comédiens qui ont doublé les personnages en VO qui ont prêté leurs traits à ceux-ci). Le résultat est très réussi, sauf peut-être lorsque Taeko sourit car son visage semble alors plus âgé que celui d’une femme de 27 ans. Dans les scènes de 1966, les graphismes sont plus simples, et surtout les décors sont plus dépouillés et pas entièrement peints, renforçant le sentiment imprécis et enjolivé que l’on peut avoir en repensant au passé. Il y a même quelques scènes volontairement surréalistes, par exemple lorsque Taeko s’envole dans le ciel après avoir discuté avec Hirota ou lorsqu’elle s’imagine qu’elle va devenir une star et que ses yeux s’emplissent de lumière comme dans les vieux shôjo mangas.
Fait suffisamment rare pour être souligné, le doublage des scènes de 1982 a été réalisé avant la finalisation de l’animation, de manière à ce que le synchronisme des mouvements de lèvres soit parfait (il faut savoir que le synchronisme est souvent inexistant dans les doublages japonais). Les comédiens Miki Imai (Taeko) et Toshirô Yanagiba (Toshio) ont donc enregistré leur texte autour d’une table puis les animateurs ont essayé de faire coller les images à leur prononciation des syllabes. Le résultat est cependant loin d’être aussi concluant que sur les films d’animation américains de Disney.
A propos de doublage, on notera que chez nous le film n’a pas bénéficié de version doublée lors de sa sortie, ce qui est le seul cas parmi les films du studio Ghibli. A l’époque, il avait été conclu que c’était parce que le film n’avait pas été montré au cinéma et qu’un doublage réalisé pour une simple sortie vidéo aurait coûté trop cher mais depuis Si tu Tends l’Oreille a été édité en DVD et Blu-ray sans passer par une sortie au cinéma. Il est possible que l’absence de doublage sur Omoide Poroporo soit une volonté de mettre en avant le travail particulier apporté au doublage japonais mais rien n’est moins sûr. Une autre possibilité est que l’éditeur Buena Vista n’ait pas jugé le potentiel commercial de ce film suffisamment important pour investir dans un doublage. Quelle qu’en soit la raison, le film sera finalement doublé en 2020 lorsqu'il sera proposé sur la plateforme de streaming Netflix.
Pour finir, notons que le générique de fin est une reprise en japonais d’une chanson de Bette Midler, The Rose, extraite du film éponyme de 1979. Les paroles ont été traduites à partir de la version originale par Isao Takahata lui-même.
Doublage
Voix françaises (Studio Chinkel) :
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