Fiche technique
Nom original | Little Nemo : Adventures in Slumberland (リトル・ニモ) |
Origine | Japon, Etats Unis |
Année de production | 1989 |
Production | Tokyo Movie Shinsha, Orion Pictures |
Animation | Telecom Animation Film |
Durée | 84 minutes (version française), 95 minutes (version originale) |
Auteur | Jean Giraud, Yutaka Fujioka |
Auteur BD | Winsor McCay |
Réalisation | Masami Hata, William Hurtz |
Assistant-réalisation | Hiroaki Satô (2), Keiko Oyamada, Hiroyuki Ishido |
Production | Yutaka Fujioka, Shunzô Katô |
Conseiller artistique | Frank Thomas, Ollie Johnston, Ken Anderson, Paul Julian |
Scénarii | Chris Columbus, Ray Bradbury, Kôji Shimizu, Eiji Katayama, Robert Towne, Richard Outten, David Hiberman, Barry Glasser |
Story-boards | Masami Hata, Kazuhide Tomonaga, Nobuo Tomizawa, Yasuo Ôtsuka, Hayao Miyazaki, Isao Takahata, Yoshifumi Kondô |
Animation | Hiroshi Shimizu, Atsuko Tanaka, Masahiro Neriki, Osamu Nabeshima |
Conception graphique | Jean Giraud, Brian Froud, John Canemaker |
Direction de l'animation | Kazuhide Tomonaga, Nobuo Tomizawa, Yoshinobu Michihata, Kenji Hachizaki, Toshihiko Masuda |
Direction artistique | Nizô Yamamoto |
Chef coloriste | Hiroko Kondo |
Montage | Takeshi Seyama |
Direction photographie | Hajime Hasegawa |
Musiques | Thomas Chase, Steve Rucker, Robert B. Sherman (chansons), Richard M. Sherman (chansons) |
Adaptation française | Nathalie Xerri |
Direction de doublage | Pierre Loray |
Gén. VF interpreté par | Caroline Houdy |
Direction des chansons | Jean Cussac |
Chansons | Dominique Poulain, Catherine Welch, Caroline Houdy, Michel Barouille, Jean Cussac, Jean-Claude Briodin, José Germain |
Editions
Sortie en VHS | 3 octobre 1995 (TF1 Vidéo)
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Sortie en DVD | 1er mai 2004 (Carrère)
24 mai 2006 (Aventi - avec 'Gloups, je suis un poisson') |
Synopsis
Nemo est un petit garçon comme les autres : il aime s’amuser, manger des sucreries, et il est très imaginatif. En effet, il fait très souvent des rêves originaux dans lesquels il peut, par exemple, s’envoler à bord de son lit au dessus de la ville.
Hélas, même les plus beaux rêves se transforment en cauchemars et Nemo se réveille systématiquement en sursaut et tombe de son lit, ce qui exaspère ses parents.
Une nuit, après avoir assisté à la parade d'un cirque de passage en ville, il fait un rêve qui ne ressemble à aucun autre : des personnages hors normes s’introduisent dans sa chambre, le professeur Génius, la petite Bon Bon, et des soldats rigolos venus à bord d‘un dirigeable. Ils invitent le petit garçon à devenir prince de Slumberland, le pays des rêves. Accompagné d'Icarius, son écureuil volant, Nemo accepte avec joie et le voici parti pour vivre des aventures incroyables à Slumberland, où il fait la rencontre de Flip (un individu peu recommandable qui l’entraînera dans ses bêtises) des Boomps (d’étranges créatures difformes) et surtout de la belle mais capricieuse princesse Camille et de son roi de père au comportement infantile.
Malheureusement, sous l’influence de Flip, Nemo ouvre la porte du pays des cauchemars et le Roi de ce pays fait alors régner la terreur sur Slumberland. Aidé de ses nouveaux amis, notre jeune héros devra réparer son erreur et affronter le Roi des Cauchemars mais aussi ses propres angoisses et ses peurs...
Commentaires
Little Nemo est l’adaptation d’une bande-dessinée américaine créée par Winsor McCay et nommée Little Nemo in Slumberland. Contant les aventures du petit Nemo qui voyage à travers ses rêves et se réveille chaque fois en sursaut en tombant de son lit, cette bande-dessinée est aujourd’hui considérée comme une œuvre incontournable du neuvième art. Elle fut d'ailleurs une source d’inspiration pour de nombreux auteurs, parmi lesquels le dessinateur de BD Jean Giraud (alias Moebius).
L’idée d’adapter Little Nemo en un film d’animation est venue du producteur Yutaka Fujioka, à l'époque président du studio Tokyo Movie Shinsha, à la fin des années 70 (il faut cependant noter que McCay lui-même réalisa un petit film adaptant son œuvre en 1911).
Après avoir obtenu les droits d’adaptation auprès des descendants de McCay, Fujioka commença à démarcher différents artistes de diverses nationalités pour la réalisation du film. Son idée était de faire une production japonaise à grande échelle et principalement conçue pour le public américain tout en effectuant une grande collaboration entre les studios et artistes américains et japonais, pensant que cela donnerait une œuvre riche et variée, capable de concurrencer des studios comme Disney. Pour l'anecdote, ce fut dans l'optique de réaliser de grands longs-métrages et réapprendre l'animation (et ainsi bannir le système d'animation limitée popularisée par Osamu Tezuka) que Fujioka avait créé le studio Telecom en 1975, qui fut largement mis à contribution pour le film.
Pour ce faire, le producteur japonais approcha de nombreuses personnalités du cinéma, de l’animation et de bien d’autres branches du métier artistique. Ainsi, il fut en pourparlers avec le réalisateur Georges Lucas, qui venait de rencontrer un succès phénoménal avec La Guerre des Étoiles, et Chuck Jones (créateur des personnages des Looney Tunes et des Merrie Melodies). Tous deux refuseront de participer au projet. Sur la suggestion de Lucas, Fujioka trouva finalement un producteur en la personne de Gary Kurtz (Dark Crystal). Tous deux se répartirent les rôles : Kurtz se chargerait de la partie artistique du film tandis que Fujioka se concentrerait sur l'aspect financier.
Du coté de l'équipe japonaise, Fujioka recruta de jeunes artistes qui avaient cependant fait leurs preuves : Hayao Miyazaki fut désigné comme réalisateur, secondé par Isao Takahata, Yoshifumi Kondo et Yasuo Otsuka, entre autres. Ils réalisèrent ensemble un bon nombre de story-boards. Un premier film pilote fut réalisé en 1978 par Sadao Tsukioka, mais la production fut officiellement lancée en 1982. Afin de parfaire le travail visuel, les membres de l'équipe furent envoyés aux Etats-Unis afin de recevoir un enseignement auprès de grands maîtres de l'animation, parmi lesquelles Frank Thomas et Ollie Johnston, mais ils réalisèrent rapidement, en découvrant les story-boards, que ces artistes de l'Archipel n'avaient déjà plus rien à apprendre.
Hélas, le caractère autoritaire de Gary Kurtz eut raison de cette première mouture, rejetant systématiquement les idées de Miyazaki. Ce dernier était en effet perplexe à la lecture du script de l'écrivain Ray Bradbury (qui imagina, le premier, l'existence d'un Roi des Cauchemars), n'aimant pas l'idée que l'histoire ne soit rien d'autre qu'un rêve. Il tenta maintes fois de convaincre le producteur américain de réviser le scénario, voir de changer de projet, lui soumettant de nombreuses idées qui furent, finalement, utilisées dans de futurs projets du studio Ghibli. Miyazaki quitta finalement le projet, décrivant cette expérience comme étant la pire de sa carrière. Ce fut ensuite au tour de Takahata, puis d'une partie du staff, de quitter l'aventure, eux non plus ne parvenant pas à s'entendre avec Kurtz. A l'instar de son ami et collègue, Takahata voulait se réapproprier le récit, et proposa notamment de créer une intrigue dans laquelle Nemo faisait face à un double maléfique, ce qui lui permettait ensuite de devenir plus mature. Suite à ces déconvenues, Gary Kurtz fut évincé du projet, ce qui stoppa net la production.
Mais Fujioka ne baissa pas les bras pour autant et commanda à Yoshifumi Kondô, un des seuls rescapés de l'équipe précédente, un second film-pilote de 3 minutes afin de présenter le projet à des producteurs américains. Ce pilote (réalisé en 1984) se présenta comme un prototype de l'introduction du film final avec Nemo volant avec son lit, en faisant des cascades improbables dans de sublimes décors. Kondô y introduisit de nombreuses idées de mise en scène et des ingéniosités d'animation qui seront une grande source d'inspiration pour la version finale du film.
Ce magnifique pilote rassura les Américains sur le potentiel du projet, et la production repris avec la même équipe que le pilote, à l'exception de Kondô, qui devait réaliser un autre pilote, pour la série Wuzzles cette fois, puis qui tomba malade avant de se lancer comme Freelance en 1985. Parmi les nouveaux venus, on comptera également Jean "Moebius" Giraud, et Brian Froud (célèbre illustrateur de contes qui donna naissance aux créatures de Dark Crystal), le scénariste Chris Columbus (plus tard réalisateur de Maman j'ai raté l'avion et des deux premiers Harry Potter, alors scénariste pour Steven Spielberg) et de nombreuses personnalités Disney et de Warner, comme les animateurs Andy Gaskill et Roger Allers. Les frères Sherman (Mary Poppins) s'ajoutèrent à la distribution afin de composer les parties chantées.
En 1987, un troisième pilote fut mis en chantier, réalisé cette fois par Osamu Dezaki avec le concours d'Akio Sugino pour la direction d'animation et de Shichiro Kobayashi pour les décors. Ce petit film introduisit l'univers de Slumberland et ses habitants et résuma en 10 minutes les aventures de Nemo tel qu'on le verrait dans le film final. Une fois le projet définitivement validé, la réalisation échut à William Hurtz (sur recommandation de Frank Thomas et d'Ollie Johnston), qui ne réalisera par la suite aucun autre long-métrage, et à Masami Hata, qui avait souvent travaillé pour Sanrio Film et qui avait fait ses preuves sur La Légende de Sirius, où il avait montré qu'il était parfaitement à l'aise sur une animation à l'américaine avec ses 24 images par seconde.
Toutefois, il y aura de nouvelles tensions au sein de l'équipe, dues une fois encore à des divergences artistiques. Little Nemo s'inscrit en effet dans le cas de figure où de nombreux artistes ayant chacun leur propre vision du cinéma et de l’œuvre originale ne parviennent pas à s'entendre et à aboutir à un scénario solide. Malgré tout, notamment grâce aux story-boards réalisés depuis six ans, le film sera finalement achevé au bout de huit mois.
Le film sortit d'abord au Japon en 1989 où il ne réussit pas à faire face à Kiki la petite sorcière, ironiquement réalisé par Miyazaki. Cet échec et l'importante somme d'argent qu'il fit perdre provoqua la ruine de Tokyo Movie Shinsha (qui avait sorti l'année passée Akira qui demanda déjà un budget conséquent), si bien que le studio sera contraint de fusionner avec Sega en 1994 et deviendra TMS Entertainment. Le studio Telecom, quant à lui, fut largement utilisé dans la sous-traitance de séries animées américaines.
Little Nemo sortit trois ans plus tard dans une version censurée et raccourcie aux États-Unis, mais cette sortie se soldera à nouveau par un échec retentissant au box-office, et sera plus ou moins bien accueilli par la critique.
Il faut dire que le film laisse en effet perplexe : du coté graphique, l'animation est tout simplement excellente, elle est fluide et travaillée et le film parvient sans problème à chevaucher entre ses différentes nationalités, en plus d'avoir réellement une superbe réalisation (qui doit beaucoup au travail initial réalisé par Kondô). De plus, les auteurs rendent hommage à Winsor McCay avec l'apparition de Gertie le Dinosaure, un personnage emblématique de McCay.
En revanche, le scénario, bien qu'il adapte très bien l’œuvre originale, est beaucoup trop formaté, passant parfois à coté d'idées intéressantes, et n'explorant pas assez son sujet. De plus, le héros manque cruellement de personnalité, ce qui n'est cependant pas totalement dommageable si on considère que les scénaristes ont tenus à respecter son homologue papier et que les enfants peuvent tout à fait s'identifier à lui et donc prendre plaisir à partager son aventure. Quant aux chansons, si elles sont plutôt bien écrites, elles sont peu mémorables et ne soutiennent pas toujours l'action du film.
Le film sortit sur grand écran en France en fin d'année 1994. Le doublage, adapté de la version censurée, fit beaucoup parler de lui : en effet, les comédiens français faisant grève à l'époque, il fut réalisé en Belgique, dont les comédiens et le staff technique étaient alors peu expérimentés dans ce domaine et qui étaient surtout employés afin de proposer un travail bien moins cher. En l'occurrence, cette version française est de qualité moyenne : si l'adaptation est d'honnête facture et qu'un effort fut effectué pour doubler les chansons, les voix des personnages, qui ne sont encore aujourd'hui non identifiées, manquent de saveur et l'interprétation n'est pas toujours juste. On est encore loin de l'excellence que la Belgique atteignit plus tard dans la synchro. Les chansons, en revanche, ont étés enregistrées en France sous la direction de Jean Cussac, un nom bien connu des Disneyphiles.
A noter que le film a fait l'objet d'une adaptation en jeu-vidéo par Capcom, Little Nemo : The Dream Master, sur Nintendo/ Famicom. Le jeu entraîna une certaine confusion, étant sorti en 1990, donc avant la sortie américaine officielle, les joueurs locaux pensaient que le jeu était une adaptation de la bande-dessinée, et non d'un film.
Parti d'un beau rêve, le film est finalement oublié, en dehors d'un petit noyau de fans. Il est tout de même ressorti aux Etats-Unis dans sa version longue chez Discotek Media avec les voix japonaises et anglophones, tandis qu'au Japon, les trois films-pilotes furent enfin proposés sur le Blu-Ray du film.
Remerciements particuliers à Rémi et Quasimodoworld pour leurs informations sur le doublage.
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Sources :
Anipages
Animeland
Libération (1994)
Fnac.com
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