Fiche technique
Nom original | The Story of the Dancing Frog |
| L'histoire de la grenouille qui danse |
Origine | Etats Unis |
Année de production | 1989 |
Production | Michael Sporn Animation, Italtoons corporation, Société Suisse de Radiodiffusion et télévision, RTSI |
Durée | 30 minutes |
Auteur | Quentin Blake |
Réalisation | Michael Sporn |
Assistant-réalisation | Bridget Thorne |
Production | Michael Sporn |
Scénarii | Maxine Fisher, Michael Sporn |
Production délégué | Giuliana Nicodemi, Mary Thorne |
Animation | Doug Compton, Thérèse "Tissa" David, John R. Dilworth, Steven Dovas, Michael Sporn, Ray Kosarin assistant, George McClements assistant, Michael Wisniewski assistant |
Direction artistique | Bridget Thorne |
Direction du son | Gregory Perler |
Décors | Bridget Thorne |
Layout | John R. Dilworth |
Montage | Gregory Perler |
Cadrage | Gary Becker, Bob Bushell, Wolf Ferro F-Stop Studio |
Musiques | James Laev |
Coordination | Elizabeth Seidman |
Diffusions
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1ère diff. Cable/Sat/TNT | samedi 18 mai 1996 (Canal J) |
Synopsis
Joe, un jeune enfant, adore que sa mère lui raconte des histoires sur leurs ancêtres Il aime plus particulièrement écouter celle sur la grande tante Gertrude qui s'est liée d'une improbable amitié avec une grenouille qui danse.
Gertrude fut l'épouse d'un marin jusqu'au jour où ce dernier disparu en mer. La jeune veuve ne supportant plus son désespoir, elle décida de se noyer dans la rivière. Mais alors qu'elle était prête à se laisser aller à l'eau, elle aperçu une grenouille qui dansait sur un nénuphar. Surprise et étonnée de cette rencontre avec un batracien dansant avec un certain talent, elle en oublia sa désespérance et ses idées noires, et emporta avec elle le petit animal prénommé Georges. Elle lui enseigna alors encore un peu plus de l'art de la danse et l'exposa en diverses représentations scéniques qui eurent beaucoup de succès et rendirent Georges fort célèbre. Gertrude et son ami Georges connurent alors la gloire et la fortune de par le monde, elle en tant qu'imprésario et lui en tant que l'égal d'un Fred Astaire des rivières. Mais un jour, de par cette notoriété, un lord anglais demanda la main de Gertrude qui refusa cette proposition pour continuer librement à s'occuper de la carrière de son ami. Les années passèrent ainsi jusqu'à ce que la jeune femme ne le soit plus, celle-ci ayant atteint un âge où elle se retira quelque peu du monde du spectacle pour vivre une retraite bien méritée dans le sud de la France avec, toujours à ses côtés, son ami Georges.
Commentaires
Ce court métrage d'animation est une adaptation du livre jeunesse The Story of the Dancing Frog écrit et illustré en 1983 par Quentin Blake (notamment célèbre pour avoir illustré les récits de Roald Dahl) et traduit en 1984 en France sous le titre Danse, danse ! chez Gallimard Jeunesse. Lors de sa diffusion sur Canal J le samedi 18 mai 1996 (peut-être l'unique diffusion à la télévision française), ce court métrage fut accompagné d'un autre court métrage signé par le même réalisateur – Michael Sporn (1946-2014) –, à savoir Le Petit Cochon en pâte d'amande / The Marzipan Pig (1990) d'après l'oeuvre non traduite en France de Russell Hoban également illustrée par Quentin Blake.
Quelques extraits de ces deux courts métrages qui firent cette soirée de Canal J furent précédemment diffusés le 27 septembre 1992 dans la fabuleuse émission Télétoon (de Thierry Steff, Gérald Dupeyrot, et Philippe Ronce sur FR3) qui consacrait entièrement son 39ème rendez-vous à Michael Sporn, celui-ci ayant déjà atteint un statut certain dans le monde de l'animation depuis ses premières réalisations au début des années 80, telle celle en 1984 adaptant La Surprenante Histoires du docteur De Soto de l'écrivain pour la jeunesse William Steig (auteur d'un certain Shrek!) qu'il adapta à nouveau en 1988 avec L’Île d'Abel.
Le style graphique de Quentin Blake – auquel on peut trouver quelque accointance picturale de légèreté et d'une certaine gaîté avec celui d'un Sempé – est délicieusement reproduit dans le film avec peut-être si l'on peut dire une petite once de délicatesse supplémentaire permettant une plus souple animation des crayonnés d'origine. Les aquarelles sont également reproduites avec autant de douceur et de sensibilité, l'eau étant par ailleurs présente à la fois au travers du marin qui se perd en mer et la grenouille qui est découverte sur un nénuphar à la surface de la rivière, le drame côtoyant l'amusement. Cette qualité que l'on doit à Michael Sporn retranscrit ici avec une fidélité respectueuse l'univers visuel du dessinateur, tout en adaptant avec de menus variations l'histoire qui nous est contée, autant aux spectateurs qu'à Joe, le jeune enfant. On doit évidemment cela également aux artistes proches du réalisateur durant une grande partie de sa carrière, voire sur toute sa durée, telles la directrice artistique Bridget Thorne (elle fut présente à ses côtés de 1980 à 1997), la scénariste Maxine P. Fisher (de 1980 jusqu'à sa dernière œuvre en 2013 sur Edgar Allan Poe) ou encore l'animatrice Tissa David (1921-2012, quittant sa Roumanie natale en Transylvanie hongroise, elle travailla au début des années 50 à Paris auprès de Jean Image et Paul Grimault, notamment à la direction de l'animation de Bonjour Paris avant d'émigrer aux États-Unis en 1955) depuis qu'il l'a rencontra à ses débuts dans les années 70 au Storyboard Studios de John et Faith Hubley où il travailla entre autres sur des publicités et des courts métrages indépendants.
Quelque peu farfelue de par le personnage animalier lié au drame, cette histoire n'en demeure pas moins un ouvrage subtile d'une douce poésie picturale évoquant divers sujets comme la perte d'un être aimé suivi de l'idée du suicide. Cette dernière est justement dédramatisée avec la surprenante apparition qui, en quelque sorte, va remplacer le mari dans l'esprit de la jeune femme, le marin ayant été souvent absent, Gertrude ne pouvant le retenir plus que de raison alors qu'elle va faire sienne la grenouille. La jeune femme repousse ainsi son acte de se donner la mort par noyade comme son mari perdu en mer, et transpose toute la détresse de son chagrin dans le batracien qui pourrait être perçu également comme une manifestation de l'être aimé à son épouse. Cette plongée dans un monde touchant quelque peu à l'onirisme (l'enfant s'interroge de la véracité de l'histoire que lui conte sa mère) soutenue par une partition musicale apportant un certain romantisme à l'ensemble, peut suggérer aussi que, quoique Gertrude n'est pas fait le choix de se perdre dans les eaux, elle ne pouvait s'empêcher d'une certaine manière de se noyer dans cette nouvelle amitié pour s'émerger de son terrible chagrin. On retrouve par ailleurs et en quelque sorte un peu de cette notion de mort et de transmission dans Le Petit Cochon en pâte d'amande adapté peu après par Michael Sporn. De même la solitude est parfois exposée dans les histoires proposées par ce dernier, celle de Gertrude se retrouvant seule dans l'oeuvre évoquée ici, ainsi que dans L’Île d'Abel de William Steig.
Le traitement de tels sujets ainsi développés était primordial pour le réalisateur et le choix des oeuvres sélectionnées pour être adaptées relevait d'une véritable passion pour une certaine idée de la littérature jeunesse. L'ensemble de son oeuvre repose ainsi en partie sur l'originalité de ses préférences et sa capacité de passer d'un texte illustré à une animation finement contée.
Une grenouille qui danse et se donne en spectacle, même s'il ne semble pas que l'une ait influencé l'autre – l'histoire est tout de même très différente en dehors des deux batraciens se partageant le même amour de la représentation, quoique la première mis en scène s’arrêtait de chanter et de danser une fois le rideau levé –, rappelle évidemment le court métrage d'animation La Légende du ténor grenouille / One Froggy Evening (1955) de Chuck Jones dans la fameuse série des cartoons des « Merrie Melodies ». Evidemment, ces protagonistes se prêtant bien à cet exercice dans la littérature jeunesse et autres, on a pu « voir » d'autres grenouilles ou crapauds faire quelques tours de music-hall... et l'on soulignera encore quelques aspects similaires à l'histoire de Quentin Blake dans l'album jeunesse Lowitt, la grenouille qui danse (2009, Éditions Jasor, Pointe-à- Pitre) d'Anique Sylvestre.
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