Cher Oncle Bill

Bill Davis est un riche ingénieur vivant en célibataire endurci dans son luxueux appartement de la cinquième avenue, à New York. Du jour au lendemain, son quotidien est bouleversé par la mort de son frère et de sa belle-sœur lors d’un tragique accident de voiture. Bon gré mal gré, Bill, qui ne s’imaginait pas un jour devenir père, ouvre les portes de son appartement et de son cœur à leurs trois enfants, qu’il décide d’adopter. Il y a Cécile (Cissy en VO), jeune fille de quinze ans dont il ne comprend rien aux tourments adolescents, le petit Jacky (Jody), bambin de six ans aussi doué pour les bêtises que le chant, et la jumelle de ce dernier, l’adorable petite Fanfan (Buffy), toujours accompagnée de sa poupée, Mademoiselle Pétronille (Mrs Beasley). Heureusement, le majordome anglais Monsieur Félix French (Mister Giles French) est toujours de bon conseil pour épauler cette charmante famille recomposée.

Créée en 1966 sur la chaîne américaine CBS qui la diffusera jusqu’en 1971, cette sitcom familiale (l'une des toutes premières en couleurs) n’arrivera en France que vingt ans plus tard, en 1987, diffusée entre La petite maison dans la prairie et Daktari sur M6. Elle a été en revanche diffusée bien plus tôt sur les chaines suisses et québécoises.
L’histoire n’évoluera que très peu au fil des saisons, même en incluant peu à peu d’autres personnages. Elle se concentrera sur le quotidien de la famille Davis dans des épisodes aux histoires bouclées n’ayant aucune incidence sur les suivants (un peu à la manière de Ma sorcière Bien-aimée). Une série familiale, très sage, avec un humour bon enfant, de beaux sentiments et quelquefois une morale de bon aloi, comme les États-Unis en produisirent beaucoup durant les années 50 et 60.
Cet aspect sage et policé lui sera fatal à l’aube des années 70, CBS décidant de moderniser intégralement sa grille des programmes. Après avoir été changée de créneau horaire afin de privilégier une autre série, Cher Once Bill sortit du classement des 30 programmes les plus regardés alors qu’elle était encore 5ème l’année précédente ! Le show se verra donc annulé alors qu’un auparavant il était toujours en plein succès. La poupée Mademoiselle Pétronille (Mrs Beasley), star à part entière de la série, restera en tête des ventes de jouets deux années encore après l’arrêt de la série. ABC envisagera un temps de reprendre ce succès, avant d’y renoncer, ayant déjà dans sa grille un show similaire, The Brady Bunch (inédit en France).

Aux États-Unis, la série reste pourtant encore populaire dans les mémoires, preuve en est que Josh Whedon baptisera son héroïne chasseuse de vampires Buffy en hommage à la petite fille de la série ! D’ailleurs, Sarah Michelle Gellar arborera parfois la même coiffure qu’Anissa Jones (l’interprète de Buffy alias Fanfan en VF), afin de rendre le clin d’œil plus évident. Hélas, une autre raison bien plus sinistre a aussi contribué à garantir la pérennité de Cher Once Bill dans les mémoires : c’est parce qu’elle porte la triste réputation d’avoir été maudite pour ses acteurs. En effet, à l’instar de ce qui s’est passé avec les acteurs d’Arnold et Willy et Huit ça suffit, les interprètes des personnages de Cher Once Bill ont pour la plupart connu une triste destinée.
Anissa Jones (Fanfan) qui avait dû subir les affres de la célébrité et les difficultés de faire oublier le rôle qui l'avait rendu célèbre, a succombé à 18 ans une terrible overdose, mélange de drogues multiples. Johnny Whitaker (Jacky), après avoir échappé à une secte, a plongé dans l’alcool et la drogue. Il s’en est heureusement sorti et a créé une fondation pour venir en aide aux toxicomanes (où il officie lui-même en tant que toxicologue). Durant les dernières années de sa vie, Brian Keith (Bill) a connu de nombreux problèmes (santé, argent...) et a surtout souffert de dépression à cause du suicide de sa fille. Lui-même mettra fin à ses jours en 1997. Sebastian Cabot, qui incarnait le majordome de la famille, mourra à seulement 59 ans, en 1977. Déjà en 1967, il avait été contraint de quitter temporairement la série pour raisons de santé. Son personnage avait alors été remplacé par son "frère", joué par John Williams. Seule actrice à avoir échappée à la malédiction, Kathy Garver a continué de travailler pour la télévision, surtout en tant que scénariste et productrice.

En 2002, le réseau WB a lancé une nouvelle version de la série, avec Gary Cole et Tim Curry en têtes d’affiche. Mais celle-ci ne convaincra personne et sera annulée au bout de 16 épisodes, dont seuls 14 ont été diffusés. Cette version n’a jamais été programmée dans les pays francophones.