Synopsis
Jao (Mei en VO) est un jeune bouc (désigné comme une chèvre dans le film, bien qu’il parle de lui au masculin) orphelin depuis que sa mère a été dévorée par une meute de loups par une nuit d’orage. Ennemis depuis toujours, les deux espèces cohabitent plus ou moins dans la même vallée, les chèvres servant de nourriture aux loups. Par une nuit de tempête, Jao, qui depuis la mort de sa mère ne supporte plus le bruit de l’orage, s’éloigne de son clan et se réfugie dans une grange déjà occupée par Gabu (Kanouk), un loup également surpris par l’orage. L’obscurité dans la grange ne leur permet pas de se distinguer, et ils croient tous deux avoir affaire à un membre de leur espèce respective. Sympathisant en grande partie grâce à leurs intérêts communs, ils décident de se revoir pour un pique-nique. Lorsqu’ils se voient enfin face à face, les deux nouveaux amis restent un bref instant sous le choc avant de rester en bons termes. Kanouk va cependant mettre un certain temps à différencier Jao d’un gigot, mais par amitié pour lui, il parvient à tenir bon. Cependant, le jour où la vérité est découverte par les deux clans, Jao et Kanouk sont obligés de cesser leurs rencontres. Jao raconte alors qu’il existerait au-delà de la montagne une vallée – la vallée d’émeraude – où les espèces peuvent cohabiter en paix.
Commentaires
À l’origine, Arashi no yoru ni (littéralement "Une nuit d’orage/de tempête") est un livre pour enfants sorti en 1994 au Japon, écrit par Yûichi Kimura et illustré par Hiroshi Abe. Bien qu’un seul album fût prévu au départ, le succès du titre persuada Kimura d’écrire une suite en 5 tomes. Un septième tome sortit par la suite, concluant définitivement l’histoire. En 1995, le titre remporta le prix du Sankeiji dô shuppan bunkashô (qui récompense les meilleurs livres pour la jeunesse) et celui du Kôdansha shuppan bunkashô (prix littéraire et culturel organisé par l’éditeur Kôdansha).
Le film dont il est question ici reprend l’intégralité des 7 livres et constitue la seule possibilité pour le public français de découvrir l’histoire imaginée par Kimura, les albums n’ayant malheureusement jamais été traduits. L’histoire peut rappeler la fable du loup et de l’agneau, mais dans une situation détournée où les deux animaux, pourtant prédateur et proie, deviennent bons amis. La fiabilité de leur amitié sera d’ailleurs au cœur du récit, puisque Mei et Gabu devront non seulement lutter contre leurs clans respectifs cherchant à briser leurs relations amicales, mais également contre leurs propres instincts. Gabu en particulier est tiraillé sans cesse entre son amitié pour Mei et son désir d’en faire son repas... Mei quant à lui a généralement confiance en Gabu, mais la dernière partie le fera finalement douter sur les intentions réelles de Gabu... avant la conclusion finale que nous ne dévoilerons pas ici !
L’histoire est émouvante, par moments très drôle et même captivante, mettant en évidence des thèmes universels comme l’amitié et la tolérance. Bien que destiné aux enfants en priorité, certains passages peuvent néanmoins paraître un peu difficiles, en particulier la scène d’introduction où Mei doit fuir sous une pluie d’orage pendant que sa mère se retrouve aux prises avec les loups. L’histoire du prédateur et de sa proie, qui finissent par vivre côte à côte, évoque d’ailleurs un autre film d’animation japonaise, plus ancien et également adapté d'un livre pour enfants très connu, intitulé Chirin no Suzu : dans ce film particulièrement éprouvant et tragique, un loup accepte d’entraîner le petit Chirin, un agneau désireux de venger sa maman, tuée par leur ennemi mortel, en devenant l’animal le plus fort de la montagne. Petit à petit, l’agneau va finir par considérer le loup davantage comme un père que comme son ennemi... La ressemblance s’arrête cependant à ce concept d’une relation particulière entre le prédateur et la proie.
Le film bénéfice également d’un parti-pris artistique qui dénote par rapport aux productions habituelles : les dessins et en particulier les couleurs sont soulignés de sorte à se rapprocher des graphismes d’un livre pour enfants, rappelant ainsi les origines du film. On notera par ailleurs la présence de Yukio Abe en tant que directeur artistique, qui a notamment occupé le même poste sur les films Lupin III – Le secret de Mamo, Léo, le roi de la jungle ou encore La légende de Sirius (pour les titres sortis en France). Quant au réalisateur Gisaburô Sugii, il est principalement connu des fans francophones pour le film Street Fighter 2 et les séries animées Laura ou la passion du théâtre et Théo ou la batte de la victoire.
Concernant la version française, les noms des personnages principaux ont été modifiés, Mei devenant Jao et Gabu est renommé Kanouk, sans qu’une raison particulière n’explique ces changements, surtout pour des noms japonais très simples à retenir (y compris pour les enfants) ! Étrangement, les sous-titres du DVD reprennent les noms français, alors même que les dialogues ne sont pas calqués sur le doublage comme on aurait pu le supposer.
Enfin, notons l’existence d’une série télévisée réalisée en images de synthèse, Arashi no Yoru ni : Himitsu no Tomodachi, qui fut diffusée au Japon à partir de septembre 2012. Dans cette nouvelle adaptation, réalisée par une équipe différente et dans un autre studio, Mei devient cette fois une femelle et non plus un mâle. Peut-être pour éviter tout sous-entendu ambigu concernant la relation entre les deux amis, celle-ci semblant être un peu plus que de l'amitié à certains moments du film ?
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