Fiche technique
Nom original | The Thief and the Cobbler (titre d'origine)/ Arabian Knight (titre Miramax) |
Origine | Etats Unis, Royaume Uni |
Année de production | 1972-1995 |
Production | Richard Williams Productions, Allied Filmmakers, Miramax Films, Warner Bros |
Animation | Kroyer Films, Sullivan Bluth Studios, Wang Film Productions, Varga Studio Ltd, Premier Films |
Durée | 1h39 (montage d'origine), 1h12 (montage définitif) |
Auteur | Richard Williams |
Réalisation | Richard Williams |
Production | Richard Williams, Imogen Sutton, Fred Calvert |
Producteur exécutif | Jake Eberts, Robert "Bob" Weinstein, Harvey Weinstein |
Scénarii | Richard Williams, Margaret French |
Story-boards | Darrell Rooney |
Animation | Tom Sito, Darlie Brewster, Emery Hawkins, Paul Bolger, Becky Bristow, Jean Morel, Gary Perkovac, Ralf Palmer, Robert Malherbe, Philip Pepper, Alan Simpson, Art Babbitt, Grim Natwick, Joe Hawkins, Cliff Nordberg, Len Simon, Eric Goldberg, Holger Leihe, Teddy Hall, Mike Swindall, Dietmar Kremer, Jesse Cosio, Sahin Ersoz, Edison Concalves, Richard Williams, Roger Vizard, Alyson Hamilton, Russell Hall, John Kratovil, Tahsin Özgür, Kevin Johnson, Tom Roth, Alex Williams, Kimie Calvert |
Chara-Design | Richard Williams |
Direction de l'animation | Ken Harris |
Superv. en chef de l'anim. | Cynthia Wells |
Direction artistique | Roy Naisbitt, Errol Le Cain |
Décors | Paul Dilworth |
Montage | Peter Bond |
Direction photographie | John Leatherbarrow |
Musiques | Robert Folk, Jack Maeby, Norman Gimbel (chansons) |
Synopsis
Dans une cité antique du Moyen-Orient (Bagdad selon les versions), trois sphères dorées protégeant la ville sont dérobées, permettant ainsi à l’Éborgné, terrible guerrier sanguinaire, d’assiéger la ville avec une immense machine de guerre.
Sur sa route se dresseront Tack, timide cordonnier, et Yum-Yum, la princesse de la cité et fille du roi Dodo. Mais ils auront également à faire avec un voleur malchanceux (et qui n'est pas étranger au vol des trois sphères) et surtout ZigZag, le perfide vizir qui souhaite se venger du roi après que celui-ci lui a refusé la main de sa fille.
Commentaires
Le Voleur et le Cordonnier est un film considéré comme maudit. Lorsqu'au début des années 60, Richard Williams imagina un concept de film d'animation prenant place aux temps des Milles-et-une-Nuits et perfectionnant les techniques d'animations de l'époque, il était loin de se douter de la difficulté de l'entreprise et surtout que le film mettrait une trentaine d'années à se finaliser (le film est d'ailleurs réputé pour la longévité de son tournage).
Tout d'abord pensé comme une adaptation du mythe de Nasreddin pour la Paramount, avant qu'un problème juridique n'oblige Williams à élaborer un scénario original et à réaliser le film indépendamment de la Paramount, la firme ayant choisi de se retirer du projet.
La partie artistique est la plus importante du film : tout d'abord l'animation devait surpasser celle des longs-métrages Disney en terme de fluidité des mouvements, d'expressions faciales et de mise en scène. La plupart des animateurs travaillant sur le film sont issus des studios Warner, Disney et Fleischer. Les acteurs prêtant leurs voix aux personnages inspireront beaucoup les animateurs, notamment Vincent Price, interprète ici du méchant vizir, dont les expressions, le jeu d'acteur et la gestuelle se retrouvent dans le personnage.
Enfin, la direction artistique et la réalisation sont de toute beauté : des décors inspirés de Maurits Cornelis Escher au design réaliste et détaillé de la Cité d'or (dessinée par l'illustrateur Errol Le Cain), en passant par le chara-design enfantin des personnages, le film est graphiquement variéset superbe, tout conservant une surprenante cohérence.
Coté mise en scène, Richard Williams s'amuse à jouer avec les perspectives du décor, les impressionnants mouvements de caméra et les situations rocambolesques au timing parfait et imaginatives. Il suffit de voir la scène finale ou le Voleur se fraye un chemin dans la machine type Rube Goldberg de l’Éborgné, se mettant dans des situations dignes de Charlie Chaplin et de Buster Keaton, pour se rendre compte que Le Voleur et le Cordonnier est un diamant animé !
La production commença officiellement en 1972, mais la complexité évidente de la partie animation et le manque de moyens et d'appuis des studios retarderont constamment l'avancée du projet, et ce jusqu'aux années 80. Il faudra attendre la fin de la décennie et le succès de Qui veut la peau de Roger Rabbit, dont les parties animées furent réalisées par Williams, pour que le Voleur et le Cordonnier regagne l'intérêt d'Hollywood. C'est donc par le biais de Warner Bros, d'Allied Filmmakers et d'autres studios d'animation (dont Kroyer Films et Sullivan Bluth, les studios de Bill Kroyer et de Don Bluth) que le film put enfin se finaliser, en reprenant les séquences déjà animées par le passé, avec une nouvelle équipe d'animateurs.
Mais une fois encore, le projet essuie de nombreux retards dû aux exigences du réalisateur et de Warner qui demandent une réécriture du script afin qu'il plaise aux enfants (le scénario d'origine visant plutôt un public adulte). Finalement, Williams est écarté du film, remplacé par le producteur Fred Calvert (notez que le réalisateur Terry Gilliam fut un temps envisagé).
Le film est complété au début des années 90, mais il sera profondément modifié : de nombreuses scènes déjà complètement animées et colorisées sont coupées (notamment une montrant le Voleur pris sur le fait et manquant de se faire trancher les mains), ce qui rend le scénario peu cohérent, le personnage du Cordonnier, alors quasiment muet dans le scénario d'origine, se voit affublé de nombreux dialogues, des parties chantées ont étés ajoutées et le ton adulte est radouci. Si les chansons et la bande-originale composées par Robert Folk sont de qualité et que le film peut-être distrayant, ce montage est souvent considéré comme une insulte envers le travail d'origine. Il sera distribué dans un premier temps en Australie par Majestic Film, en 1993, sous le titre The Princess and the Cobbler.
Pour la sortie américaine, C'est le studio Miramax, alors tout juste racheté par Disney, qui distribua le film. Tout d'abord prévu pour sortir avec le montage de Fred Calvert, les frères Weinstein, alors à la tête de Miramax, décident de procéder à de nouvelles modifications : des scènes sont encore coupées, des voix sont redoublés par des acteurs plus connus du grand public (Matthew Broderick, Jennifer Beals) et surtout des effets sonores cartoonesques et une voix-off illustrant les pensées du Voleur sont ajoutés. Ce montage sorti sous le titre Arabian Knight en 1995 fut distribué à l'international et est aujourd'hui considéré comme étant le montage final. Cette version est sortie en vidéo au Québéc, où elle sera doublée avec des comédiens locaux. En France, le film est inédit, bien qu'il fut diffusé dans des festivals, parmi lesquels le Festival d'Annecy.
Plus encore que celle produite par Calvert, cette version fut largement décriée par l'entourage de Williams, qui préféra rester discret sur ces remontages, et par l'ensemble du milieu de l'animation, frustré de voir un aussi beau projet mis à mal. De plus, on ressent parfaitement l'absence de Richard Williams puisqu'on peut constater une grande différence dans l'animation des scènes modifiées ou inédites. Dans les années 2000, Garrett Gilchrist, un fan du réalisateur, voulut réaliser un montage conforme aux souhaits de Williams, retirant les ajouts de Fred Calvert et Miramax, et replaçant les passages supprimés à partir de scènes coupées, d'autres non-terminées mais incluses sous forme de story-board avec des enregistrements de voix. Cette version, sous-titrée Recobbled Cut, circule depuis une dizaine d'années sur Internet, et est considérée comme étant le meilleur moyen de découvrir le film fidèle à son projet d'origine.
Le film fit l'objet d'un documentaire sur le malheur qui s'abattit sur sa conception, sorti sous le titre Persistence of Vision et basé sur des images d'archives et des témoignages.
Doublage
Voix françaises (Studio Cinélume) :
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