Synopsis
Dans les années 1950/60, dans le petit village (fictif) de Hills End dont l'exploitation première est le bois – situé près des montagnes de l'état de Victoria (sud-est de l'Australie) –, pendant que l'ensemble de la petite communauté est de sortie pour le pique-nique annuel, des enfants issus de ladite communauté et au nombre de sept (Adrien Fiddler, Paul Mace, Frances McLeod, Butch Buchanan, Harvey Collins, Gussie Mace et Maisie Johnson), accompagnés par leur institutrice (mademoiselle Godwin), font de leur côté une promenade découverte aux alentours de Hills End, visitant ainsi quelques lieux dans les zones montagneuses avoisinantes.
En fait, si les enfants n'accompagnent pas leurs parents au grand pique-nique qui se déroule à plusieurs kilomètres de là en la grande ville voisine, la cause en revient quelque peu à Adrien, 14 ans, qui s'est disputé avec son camarade Paul jusqu'à se battre avec lui : Adrien prétendant faussement avoir vu dans une grotte des peintures rupestres, ce que Paul a mis en doute. Aussi, pour les punir de s'être ainsi chamaillés, le père d'Adrien, Ben Fiddler, propriétaire de la scierie de Hills End et autorité quelque peu autoritaire des lieux, fait le choix de ne pas les emmener au pique-nique et leur impose, avec quelques autres enfants, tel un devoir, de faire une excursion dans les montagnes en tentant de retrouver la grotte évoquée par Adrien, et cela évidemment sans se douter du soudain changement météorologique qui va se produire dans le courant de cette journée, peu après que les uns et les autres aient quitté Hills End.
C'est ainsi, alors que mademoiselle Godwin et les enfants visitent une grotte – où ils découvrent une cavité les transportant dans les temps passés, les parois étant couvertes de peintures et de dessins de l'art rupestre aborigène, faisant du mensonge d'Adrien une vérité –, qu'à l'extérieur une tempête d'une grande violence avec une pluie torrentielle s'abat sur la ville, et qu'une tornade balayant celle-ci contraint les habitants pique-niquant à quelques lieues de l'agglomération à se réfugier dans leurs véhicules avec lesquels ils ne pourront de suite retourner chez eux faute de voies praticables. Si les enfants et leur institutrice sont en sécurité dans la grotte alors que les vents sévissent, il n'en est pas de même lorsque les eaux proches gonflées par la pluie diluvienne commencent à pénétrer dans ce lieu où quelques instants plus tôt leurs esprits baignaient en une autre époque. Fort heureusement, les enfants ne sont pas en réel danger malgré la présence de l'eau qui envahi les galeries sur quelques cinquante centimètres de hauteur, et avant que la situation ne s'aggrave, ils parviennent avec courage à quitter la grotte. Au sortir de celle-ci, la tempête semblant s'être atténuée, ils tentent de retrouver mademoiselle Godwin qui, entre temps, les avait laissé ici en sécurité afin de rejoindre Butch, l'un des enfants du groupe qui était resté à l'extérieur. Après les avoir chercher en vain, et sans abandonner l'espoir de les revoir, les enfants décident de prendre le chemin de Hills End où ils espèrent trouver du secours.
A la suite de quelques péripéties rencontrées et auxquelles il aura fallu faire face, et cela dues aux eaux ayant débordées de leur lit – le roman évoque pour la rivière ainsi démontée qu'elle est tel un monstre rouge maléfique se tordant en tous sens – et aux paysages ayant souffert des éléments déchainés, le petit groupe parvient à rejoindre le village dont de nombreuses structures se sont effondrées, mais le lieu est désert : par précaution, pour ne point laisser à l'abandon le village, seul monsieur Tobias était resté mais, la tempête passant, monsieur Tobias est mort écrasé par la chute d'une structure en bois, comme si le sort – et de la volonté de l'auteur – faisait en sorte que les enfants ne se reposent que sur leur seule autonomie pour s'en sortir. Ainsi, à cet instant qui les effraie quelque peu, ils se doivent de subsister et de survivre par eux-mêmes dans cet espace dévasté, tout en espérant retrouver mademoiselle Godwin, Butch mais aussi leurs parents et le reste de la petite communauté... Ils seront de fait amené à faire des choix de circonstance comme lorsqu'ils parviennent à entrer dans le magasin central du village où Paul décide de prendre des imperméables, les enfants étant peu couvert jusqu'alors puisque la journée était belle et ensoleillée avant que le temps ne se dégrade, ce que Frances selon ses convictions qualifie de vol, pendant que le jeune Harvey déguste quelques sucreries. Adrien tentera dans ce chaos de faire les choix appropriés, d'autant plus qu'il est en partie responsable de cette situation de par son mensonge, donnant ainsi raison à Paul qui dans le danger prend toutes les précautions pour ne pas se mettre encore un peu plus en danger alors que la pluie continue à tomber drue et qu'ils ne savent pas encore, à ce moment-là, si leurs domiciles n'ont pas souffert de la tempête et s'il leur sera possible de les atteindre...
Commentaires
La série télévisée Les Rescapés du Val Perdu / Hills End (1988) est une adaptation du roman pour la jeunesse Hills End écrit en 1962 par l'écrivain australien Ivan Southall (1921-2008), ouvrage traduit en France en 1973 sous le titre Les Rescapés du Val Perdu aux Éditions de l'Amitié - G.T. Rageot dans la collection « Bibliothèque de l’Amitié » (« bibliothèque » dans laquelle ont été notamment publiés en 1971-73 trois récits signés par le grand Pierre Pelot). Le roman a été réédité en 1983 aux Éditions de l'Amitié dans la collection « Les Maîtres de l'Aventure ». Il est devenu rapidement en son pays un classique de la littérature jeunesse étudié même dans le cadre scolaire et comme bien d'autres écrits d'Ivan Southall, il a été traduit en de nombreux pays tels l'Allemagne où le feuilleton télévisée fut également diffusé et le Japon. En France, près de vingt de ses récits ont été traduits sur la soixantaine, voire plus, qu'il a signé, dont de nombreuses aventures pour adolescents se déroulant dans l'aviation et reposant en partie sur son expérience personnel de pilote de la RAAF durant la Second Guerre mondiale (avec notamment son personnage de Simon Black couvrant de nombreux volumes de 1950 à 1961, ainsi que Felix Pym, autre héros qu'il créa en 1958 dans Le 3ème homme).
Avec Les Rescapés du Val Perdu, il signait là véritablement son premier roman d'aventure pour la jeunesse avec des enfants pour personnages principaux. Il l'écrivit l'année même de la naissance de son quatrième enfant, sa fille Melissa Southall (1961-2015) née avec le syndrome de Down (trisomie 21).
En cette aventure du Val Perdu, lieu fictif permettant à l'auteur d'écarter toutes références géographiques précises et autres pour encore mieux développer l'intériorité de ses personnages, chaque enfant devra apprendre à communiquer avec les autres dans des conditions de vie où le danger n'est pas exempte après que la tempête soit passée. Livrés à eux-mêmes, si ce n'est la présence de leur institutrice, et isolés du reste de la population, ils tenteront de survivre en restant vigilants pour les uns et les autres. Le récit s'inscrit ainsi dans cette littérature jeunesse où de jeunes enfants se doivent de puiser en eux-mêmes courage et détermination afin de combattre leur peur et d’œuvrer ensemble au bien de tous les membres du groupe. Au travers de cet incident, et particulièrement pour les plus âgés des enfants tels Adrien, Paul et Frances, on observe quelque peu au fil de l'histoire leur comportement évoluant de leurs indécisions au début à une plus grande confiance en eux et entre eux au fil de l'aventure. La personnalité de chaque enfant est ainsi mise en valeur avec leur caractère propre, celle d'Adrien étant un peu plus fouillée au travers de ses rapports avec son père et, de plus, de par son mensonge qui a conduit à la punition ayant mis en danger la vie de ses camarades d'école et de leur institutrice, mensonge dont l'objet s'est révélé être vrai finalement, mais qui toutefois ne change pas le comportement d'Adrien qui consciemment a fait acte d'affabulation.
Concernant les adultes, ils sont quasiment exclus des évènements arrivant aux jeunes promeneurs, comme si leur utilité était remise en cause pour mieux intensifier la détresse des enfants et éveiller en eux les ressources nécessaires à leur survie, et de fait les parents sont bloqués avec leurs véhicules, Tobias est mort, et malgré sa force de caractère, même mademoiselle Godwin montrera quelques traits de vulnérabilité. De plus, même au début de l'histoire, la distance est de mise entre Adrien et son père (interprété par John Noble passé depuis dans l'univers tolkien et vu plus récemment dans les séries états-uniennes Fringe de J. J. Abrams, Alex Kurtzman et Roberto Orci et Sleepy Hollow d'Alex Kurtzman et Roberto Orci...), ce dernier ne croyant pas que les enfants pourront survivre à leur absence s'ils se retrouvent seuls trop longtemps ; il ne fait d'ailleurs guère confiance en son fils en général. A cet égard, l'écrivain pour la jeunesse James Moloney ayant signé en 2013 la préface d'une énième réédition australienne du roman souligne que l'histoire ainsi développée s'adresse aux enfants en leur signifiant de ne pas trop attendre de reconnaissance des adultes qui eux aussi sont souvent en échec face à leurs responsabilités, et de trouver au fond d'eux-mêmes le petit quelque chose qui permette du courage qu'il possède de se révéler à eux et, de la sorte, d'acquérir une certaine confiance en leur propre jugement.
Le récit est également tinté de mystère avec la présence des peintures rupestres aborigènes découvertes dans la grotte. En effet, on pourrait s'interroger si l'exploration de la cavité ne serait pas à la source et l'élément déclencheur de la tempête, celle-ci ayant lieu au moment de la découverte des peintures, comme si les enfants et leur institutrice avait dérangé quelque esprit, cela induisant dans la pensée du téléspectateur comme une impression du pays des rêves de Peter Weir, entre Pique-nique à Hanging Rock qui se déroulait autour dudit pique-nique et La Dernière vague balayé par les éléments.
Cette série du pays d'en bas « Down Under » fut diffusée à l'origine sur la chaîne de télévision australienne ABC, en avril 1989, mais elle a peut-être connu une première diffusion tout d'abord dans le format d'un téléfilm le 30 mars 1988. En France, c'est via la société Revcom Télévision qu'elle nous est parvenue, société alors dirigée par Hélène Fatou (productrice, autrice et traductrice) qui a sélectionné cette fiction pour sa diffusion sur FR3 (chaîne pour laquelle elle fut peu auparavant la directrice du département Jeunesse de 1975 à 1985), comme elle l'a fait aussi pour Le Fantôme de Dungong. A cet égard, la productrice australienne Patricia Edgar avec qui elle fut en relation en 1987-88 pour la série de six téléfilms Touch the Sun (Capitaine Johnno, Peter et Pompée, ...) et avec qui elle sera encore en contact la décennie suivante avec l'Australian Children's Television Foundation, lui proposa à l'époque la série des Twists, mais quoiqu'elle l'a trouva amusante, Hélène Fatou ne fut pas intéressée par celle-ci (en cause notamment la difficulté à amoindrir certaines « grossièretés » pour la version française).
Cette production est à ne pas confondre avec une autre série australienne présentant de même un groupe d'enfants en un grand cadre naturel, à savoir La Vallée secrète / Secret Valley, série de 24 épisodes réalisée en 1980 (diffusée en France également sur Canal J et de même en 1993 et auparavant en 1984 sur TMC) par Terry Bourke et Howard Ruby, et produite par Roger Mirams, producteur entre autre de L'Île Perdue en 1976, de L'Autobus volant du professeur Poopsnagle / Professor Poopsnaggle's Steam Zeppelin (spin-off de La Vallée secrète) en 1986 (diffusée en 1989 sur FR3 et 1993 et 1994 sur Canal J), ou encore de Mission Top Secret en 1991-94 (diffusée sur Canal J à partir d'avril 1993 puis sur France 3).
Concernant les artistes ayant parcouru ce Val Perdu, citons Di Drew (1948-) à la réalisation et spécialisée en de nombreux genres comme dans la mise en scène de production pour la jeunesse pour laquelle elle a dirigé le film Hildegarde (2001, sorti en DVD en France) ou pour adulte avec la série en milieu hospitalier All Saints (1998-2009, diffusée en France sur RTL9). A la direction artistique officiait Nicholas McCallum (1956-) qui fit ses débuts à la création d'accessoires et autres sur la série Le Vol du Pélican / Bailey's Bird en 1977 (diffusée en France en 1979 sur TF1), faisant de même pour le cinéma comme sur un certain Razorback (1984) de Russell Mulcahy, et a également œuvré à la direction artistique sur les séries Alana ou le futur imparfait / The Girl from Tomorrow (1991), Mission Top Secret, et Le Secret des sortilèges, ainsi qu'en d'autres pays comme avec la dernière série précitée en Pologne et en Chine, et de même en France et en Allemagne avec la série Molly où une jeune fille de 12 ans est confrontée à la séparation de ses parents (1994, 13 épisodes, coproduction franco-allemande avec également la Pologne signée par l'auteure du Fantôme de Dungong et diffusée sur France 3 pendant l'été 1996 dans Les Minikeums). Quant à la musique de la série, elle était signée par Ian Davidson qui fera de même sur plusieurs autres séries pour la jeunesse ayant été diffusée en France et déjà citées pour Nicholas McCallum : Alana ou le futur imparfait, Mission Top Secret, et Le Secret des sortilèges.
Du côté des jeunes comédiens – dont on soulignera la qualité de leur interprétation à la fois adroitement dirigée et naturelle – assistés de Madge Ryan (1919-1994, elle a beaucoup joué au théâtre, dont une grande partie de sa carrière au Royaume-Uni à partir de 1956 après avoir été remarqué par Laurence Olivier, ainsi que dans de nombreuses autres productions anglaises telles cinématographiques Orange mécanique de Stanley Kubrick ou Frenzy d'Alfred Hitchcock) dans le rôle de l'institutrice, on évoquera la présence de Katharine Cullen dans le rôle de Frances McLeod que les jeunes téléspectateurs français retrouvèrent peu après comme héroïne de la série Alana ou le futur imparfait (diffusée en décembre 1995 sur France 3 et Canal J et rediffusée en 1996 et 1997) et Clayton Williamson dans le rôle d'Adrian Fiddler qui était apparu déjà à la télévision française dès juin 1990 sur Antenne 2 au programme de Eric et toi et moi dans la série Ma fiancée est un fantôme / Elly and Jools (1990) et que l'on aura pu voir encore dans l'après-midi du 3 juillet 1991 sur Antenne 2 dans le téléfilm Peter et Pompée issu de la série Touch the Sun évoquée plus haut, ainsi que Emma Jane Fowler dans le rôle de Gussie Mace que l'on retrouvera dans Mission Top Secret.
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