MirrorMask

Fiche technique
Nom originalMirrorMask
OrigineRoyaume Uni, Etats Unis
Année de production2005
ProductionJim Henson Productions, Destination Films, Samuel Goldwyn Films
Durée101 minutes
AuteurNeil Gaiman, Dave McKean
RéalisationDave McKean
ProductionSimon Moorhead
Producteur exécutifLisa Henson, Martin G. Baker
ScénariiNeil Gaiman
AnimationDaniel Gerhardt, Pawel Grochola, Arjun Gupte, Trevor Harvey, Christian Jelen, Jordan Kirk, Ellie Koorlander, Paul Lee, Jamie Niman, Evelina Persson, Martin Stacey, Ross Stansfield, Dave Walker
Chara-DesignDave McKean
Direction de l'animationAlexis Hall, Matthew Middleton, Michael Nixon, Toby Taplin
Conception / Rech. DécorsDave McKean
Direction photographieAnthony Shearn
CostumesRobert Lever
MusiquesIain Ballamy
Adaptation françaiseM. Mounas
Direction de doublageRosalia Cuevas
Diffusions
1ère diff. Cable/Sat/TNT16 mars 2009 (Ciné + Premier)
Editions
Sortie en DVD3 octobre 2006 (Sony)
Sortie en Blu-Ray Disc22 juillet 2009 (Sony)
Synopsis

Helena, une jeune fille de 15 ans, ne supporte plus sa vie dans le cirque tenu par ses parents où elle officie comme jongleuse. Un soir, alors qu’elle préfère rester recluse dans sa caravane, au milieu du petit monde qu’elle passe son temps à dessiner, le ton monte entre elle et sa mère Joanne. Cette dernière lui dit « Tu finiras par me tuer », ce à quoi Helena rétorque « Si seulement je pouvais ». Au cours de la représentation, Joanne a une attaque et se retrouve à l’hôpital, terriblement affaiblie. Les jours passent, Helena – rongée par le remords – rend visite à sa mère sans avoir le sentiment de s’être véritablement excusée pour ses propos. Une opération est annoncée par les médecins ; la jeune fille et son père se préparent au pire.
Cette nuit-là, Helena entend une musique au violon ; en quittant son immeuble, l’adolescente se retrouve dans un endroit inconnu où elle fait la connaissance de Valentin, un jongleur de rue fantasque qui l’aide à fuir une ombre dévoratrice. L’étrange duo arrive dans une cité semblable à celle que dessine Helena et apprend que la Reine de Lumière est endormie tandis que les Ombres envahissent peu à peu le reste du monde depuis la disparition d’une mystérieuse princesse. L’espoir de rétablir l’équilibre réside dans un charme appelé le Masque-Miroir...

Commentaires

En 1999, après avoir décliné les personnages du Muppet Show dans une série de longs-métrages, les studios Jim Henson souhaitent renouer avec le domaine du fantastique en produisant un film dans le même esprit que Dark Crystal et Labyrinthe, dont les premières éditions DVD remportent alors un grand succès commercial. Pour mener au mieux ce projet – destiné cette fois-ci au marché de la vidéo –, la productrice exécutive Lisa Henson décide de faire appel à Dave McKean, illustrateur et graphiste reconnu déjà auteur de quelques courts-métrages très riches sur le plan visuel et réalisés avec peu de moyens. Ce dernier accepte aussitôt et commence le développement du film au début de l’année 2002 avec son comparse d’écriture, le romancier et scénariste Neil Gaiman. Ce dernier envisage au départ une variation du roman Le Prince et le Pauvre de Mark Twain qui, suite à ses échanges avec McKean, finira par dériver vers l’univers du cirque, des masques et du double.

Le tournage se déroule l’année suivante entre Londres et Brighton sur 6 semaines, dont 4 en studio sur fond bleu. Le film était prévu pour être tourné avec la Viper Filmstream, une caméra numérique haute définition qui allait devenir un standard à partir de la seconde moitié des années 2000, mais la technologie n’étant pas entièrement au point, McKean est forcé de se rabattre sur une caméra traditionnelle à pellicule 35 mm. Non seulement le réalisateur doit composer avec un budget de seulement 4 millions de dollars (soit à peine plus d’un sixième du budget de Labyrinthe en son temps !), mais en plus il doit rogner sur le coût des effets visuels en raison des dépenses engendrées par la pellicule. Face à cette situation, McKean embauche 15 personnes fraîchement diplômées de la Arts University Bournemouth et leur laisse pour un salaire moins élevé une plus grande latitude en matière d’expression artistique, notamment en leur confiant des séquences entières (et non une spécialisation sur certains éléments comme dans un tournage ordinaire) ; le réalisateur s’occupe quasiment seul du design des décors et des créatures, ainsi que des textures qu’il crée à la main, et confie ensuite le tout à sa jeune équipe.
La production s’achève sans encombre et le film est projeté en 2005 au Festival de Sundance : l’accueil chaleureux qu’il reçoit lui vaudra un premier passage en salles dans un circuit limité aux États-Unis avant d’être édité en DVD en 2006. Mais la critique se montrera plus mitigée, notamment à l’égard du scénario, jugé peu à la hauteur de l’univers visuel déployé.

Bien que son aura ne soit pas comparable à ses deux illustres prédécesseurs, MirrorMask vaut pourtant plus que sa réception partagée ne le laisse présager. Son univers graphique s’inscrit dans le plus pur style de Dave McKean, mêlant sans complexe dessins, peintures, sculptures et photographies découpées, le tout nimbé des effets de lumière oniriques et des textures palpables qui ont fait la marque de l’artiste. Cette esthétique du collage donne au film un style unique naviguant entre le cocasse et l’inquiétant, entre fantaisie steampunk et expressionnisme (la distorsion de l’espace propre à ce mouvement artistique se poursuit d’ailleurs dans les séquences en prises de vues directes, principalement filmées en objectif grand angle). À ce riche déploiement visuel s’ajoute une bande-son trip hop faite de motifs acoustiques entremêlés, d’arrangements électro et de bruitages mécaniques qui renforcent l’aspect intemporel de la cité.
Quant au scénario considéré comme faible par une bonne partie de la critique, celui-ci n’a dans son fond psychologique rien à envier à celui de Labyrinthe et livre une lecture profonde de cette période trouble qu’est l’adolescence : le parcours d’Helena dans la cité est une véritable quête initiatique pour retrouver un équilibre dans sa vie perturbée entre amour et rejet des parents, vie d’artiste et vie ordinaire. Sa relation à la fois burlesque et touchante avec Valentin peut être perçue comme une transition entre l’attachement à l’enfance et l’émergence des premiers émois sexuels : le jongleur débraillé, avec son caractère lunaire, sa gourmandise et sa propension à clamer à qui veut l’entendre qu’il est un homme très important, tient beaucoup de l’enfance, bien qu’étant plus âgé qu’Helena. Et le motif récurrent du masque (présent dans les scènes live et animées) pose à la fois la question de l’identité et de la création artistique qui ne cesse de revenir tout au long du récit pour arriver à une apaisante conciliation.
À ce titre, MirrorMask constitue une véritable déclaration d’amour à l’art comme source d’épanouissement et comme moyen de trouver sa place dans le monde... ainsi que l’un des films d’animation les plus mésestimés du début des années 2000 dont les aspects les plus sombres annoncent les thèmes d’une autre grande œuvre de Neil Gaiman : le roman Coraline, qui sera adapté à l’écran en 2009 par Henry Selick au sein des studios Laika.

Acteurs & Actrices
Stephanie LeonidasHelena / Anti-Helena
Jason BarryValentin
Rob BrydonMorris Campbell / le Premier Ministre
Gina McKeeJoanne Campbell / la Reine de Lumière / la Reine des Ombres
Auteur : Klaark
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MirrorMask © Neil Gaiman, Dave McKean / Jim Henson Productions, Destination Films, Samuel Goldwyn Films
Fiche publiée le 04 avril 2018 - Lue 6933 fois