Fiche technique
Nom original | Skoro Budet Dozhd / Troi sap mua (Скоро будет дождь / Trời sắp mưa) |
| Bientôt, il pleuvra |
Origine | Russie, Viêt Nam |
Année de production | 1959 |
Production | Soyuzmultfilm, Hãng phim hoạt hình Việt Nam |
Durée | 22 minutes |
Réalisation | Vladimir Polkovnikov |
Assistant-réalisation | E. Novoselskaya, Hiền Minh Lê, Qua Truong |
Scénarii | Mikhail Volpine, Hiền Minh Lê (adaptation d'un conte traditionnel vietnamien) |
Animation | Bahman Aliyev, Galina Barinova, Igor Berezin, Alexander Davydov, Roman Davydov, A. Grunina, Valentin Karavaev, Galina Karavaeva, Vladimir Karp, V. Kharitonova, Fedor Khitruk, Joseph Kuroyan, Valentin Kouchnerev, Anatoly Petrov, Victor Shevkov, O. Stolbova, Errast Treskin, Ye. Verchinina, Marina Voskaniants, Vladimir Zarubin, Galina Zolotovskaya |
Direction de l'animation | Roman Davydov, Fedor Khitruk |
Direction artistique | Alexander Trussov |
Direction du son | Nikolai Prilutsky |
Décors | Olga Ghemmerling, Irina Svetlitsa, V. Valerianova |
Direction photographie | Mikhail Druyan |
Musiques | Karen Khachaturyan (VO), Nathan Wang (VF) |
Diffusions
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1ère diff. Cable/Sat/TNT | 25 février 1995 (Canal J) |
Editions
Sortie en VHS | 1993 (Citel)
2002 (Citel - Les trésors de l'animation) |
Synopsis
Lorsqu'un crapaud coasse, le ciel pleure de joie.
Il y a fort longtemps, alors que les êtres humains n'ont pas encore fait leur apparition sur la Terre, Anzaïe / Onzei (Ông Gioi en vietnamien), maître du Ciel et créateur des poissons, oiseaux et autres animaux et de leur environnement, partage en son palais céleste – posé au plus haut d'un pic montagneux – quelques parties d'échecs avec Dame Sécheresse. Mais si le jeu est inoffensif, il n'en est pas de même des enjeux qui se jouent à chaque partie perdue par Anzaïe qui, malgré sa sagesse, ne peut s'empêcher de jouer. En effet celui-ci octroie à Dame Sécheresse une récompense à chacune de ses victoires jusqu'au moment où la divinité des terres arides désir recevoir autre chose que des étoiles : elle demande ainsi à Anzaïe de lui donner toutes les chutes d'eau se trouvant sur la Terre, et de parties d'échecs perdues en parties d'échecs perdues par le maître du Ciel, toutes les rivières et les ruisseaux, puis enfin tous les lacs. Dame Sécheresse ayant en horreur le développement de toute vie fait de la sorte disparaître lesdits points d'eau à chacune de ses victoires.
Victimes de l'inconscience du maître du Ciel, et voyant une à une les sources d'eau se tarir jusqu'à leur assèchement total, un groupe d'animaux part à la recherche de la précieuse substance. Composée d'un Buffle, d'un Renard, d'un Tigre, d'un Ours noir d'Asie (ours à collier), et d'un Éléphant, chacun accompagné de sa progéniture, la petite troupe d'amis est ainsi emmenée par madame Crapaud, celle-ci ayant pris les rênes de l'expédition tout en encourageant ses compagnons de route à ne pas perdre espoir. Mais, quoi que résistant à cette soif imposée, les animaux commencent à en souffrir. Il en va même de leur existence immédiate pour une maman Poisson et son enfant qui devront leur survie aux larmes de l’Éléphant.
Après avoir échoué à trouver une ultime source d'eau en la présence d'un lac totalement vidé de son élément et où un Serpent géant vit au fond de celui-ci depuis plus de mille ans – le reptile signifiant à la troupe d'animaux l'alarmante préoccupation de cette situation –, madame Crapaud décide courageusement de se rendre au palais du maître du Ciel, seul être divin pouvant résoudre une telle catastrophe. Pour ce faire, elle choisit trois compagnons de route parmi les plus à même de faire l'ascension de la montagne sacrée – le Renard, le Tigre et l'Ours –, le quatuor étant aidé par le Serpent géant qui, s'enroulant autour du pic montagneux jusqu'à atteindre le palais, permet aux animaux de marcher sur lui comme sur un chemin, le pic étant trop escarpé pour être gravi sans danger.
Arrivés à destination, les quatre amis s'entraident malicieusement à déjouer la garde du palais en la présence des coqs de combat et des chiens de la garde royale puis enfin, après l'échec de ses troupes, de leur chef le Dragon. Profitant justement que ce dernier est occupé à empêcher le Renard, le Tigre et l'Ours d'aller plus en avant, madame Crapaud entre dans le palais où elle trouve de suite le maître du Ciel. Lui expliquant aussitôt le pourquoi de sa venue motivée par la mort imminente de tous les animaux, Anzaïe prend alors conscience de son malheureux comportement et de l'ampleur du désastre qui s'est écoulé sur sa propre création, la Terre étant devenue un grand désert. Il est de ce fait désespéré et ne sait que faire pour remédier à sa maladresse.
Sans perdre de sa sérénité face à ce désarroi, Madame Crapaud, fort perspicace et faisant preuve d'autant de sagesse que le divin maître du Ciel, demande à celui-ci s'il a également joué et perdu l'eau de la pluie. A cette interrogation Anzaïe retrouve le sourire car effectivement Dame Sécheresse – qui pendant ce temps-là chante sa joie d'avoir asséché la Terre – n'a pas gagné l'eau de la pluie, et pour cause et fort heureusement cette dernière n'a pas été mise en jeu, Dame Sécheresse ayant cessé de jouer aux échecs car étant pleinement satisfaite de son emprise sur tous les points d'eau de la Terre. Aussi, sans plus attendre, le maître du Ciel ordonne aux nuages de se former, ceux-ci prenant vie au sortir d'une fleur de Lotus sacré et, gonflés d'eau, ils déversent celle-ci sur la Terre qui retrouve ainsi chutes, lacs et rivières au grand désespoir de Dame Sécheresse, mais ô combien à la grande joie des animaux et celle du maître du Ciel ayant retrouvé ainsi de sa véritable aura divine grâce à madame Crapaud.
Commentaires
Le film d'animation soviétique Bientôt, il pleuvra est une adaptation à la fois libre et fidèle du conte vietnamien Le Crapaud et la pluie / Cóc kiên troi (conte populaire du Viêt Nam / truyên dân-gian Viêt-Nam, également connu sous le titre Con cóc là câu ông Troi ou Con cóc là câu ông Gioi : le crapaud est l'oncle maternel du Ciel) traduit et publié en France en 1978 dans la collection « Mille images » des Éditions La Farandole, ainsi qu'en 1983 chez L'Harmattan sous le titre Le Crapaud faiseur de pluie. L'eau, source de toute vie, est ainsi au cœur de ce conte originaire d'un pays où plus qu'en tout autre l'élément liquide se mêle à la terre.
Concernant ce territoire, on remarquera parmi les références issues de la culture du Viêt Nam que le jeu d'échecs présenté dans Bientôt, il pleuvra est celui du jeu d'échecs vietnamien nommé co tuong et que le dragon, gardien du palais céleste, évoque la forme géographique que l'on prête au pays (dans certaines versions du conte, c'est le dragon, génie de la pluie, qui doit s'acquitter de faire tomber celle-ci pour le maître du Ciel). Parmi encore d'autres références à la culture du Viêt Nam, on peut évoquer l'intervention des coqs de combat et des chiens de la garde royale, le coq de combat étant présent depuis des siècles en ce pays et le chien y étant un animal sacré (certaines versions du conte les mettent en scène). On peut aussi souligner à la fin du métrage que les nuages sont formés au cœur d'un Lotus sacré, cette plante aquatique étant la fleur nationale du Viêt Nam, et voir dans l'arc-en-ciel permettant aux animaux de quitter le palais céleste comme un écho à la symbolique du photométéore dans le bouddhisme, dont les couleurs se trouvent notamment sur la bannière bouddhique de la pagode Trân Quôc à Hanoï (à cet effet, si l'ouvrage se compose d'une diversité d'éléments reposant sur la cosmologie du taoïsme, quelques références au bouddhisme sont aussi présentes, les deux courants de pensée étant avec le confucianisme parmi les principales religions ou philosophies au Viêt Nam). Par ailleurs, outre bouddhisme et taoïsme (associant le dragon à la pluie, dragon se confondant parfois avec le serpent) nombre de mythologies (tel celle des Aborigènes d'Australie) associent l'arc-en-ciel à un serpent, le film d'animation Bientôt, il pleuvra jouant peut-être sur cet aspect en faisant intervenir le Serpent géant servant de passage aux animaux de la Terre vers le ciel alors que l'arc-en-ciel permet à ceux-ci de faire le voyage du ciel à la Terre (à cet égard, quoi que l'histoire soit très différente, on trouve quelques concordances entre le conte vietnamien adapté en ce court-métrage et le conte polynésien La Légende du Serpent arc-en-ciel ).
On notera également que la plupart des versions ou des adaptations du conte évoque le crapaud et non la grenouille, et pour cause cette dernière ne peut s'éloigner très longtemps de l'eau comme le fait ici madame Crapaud. Sa représentation dans le film est par ailleurs fidèle à l'animal jusque dans ses déplacements, son corps plus massif que la grenouille lui permettant de ne faire qu'essentiellement des petits sauts. De plus, comme la tradition vietnamienne le souligne, le crapaud est lié au maitre du Ciel et ses coassements sont annonciateurs de la pluie. Le crapaud fait de la sorte preuve d'une aussi grande sagesse que le sage lui-même puisque l'animal permet à ce dernier de réparer le mal qu'il a fait inconsciemment aux animaux et de méditer quant à son addiction au jeu. A noter aussi que ce « maitre du Ciel » est bien plus connu – du point de vue occidental – sous la nomination d'« Empereur de Jade » ou en vietnamien « Ngoc Hoàng » et plus couramment « ông Troi » qui peut se traduire par « monsieur le Ciel ». Dans le film d'animation, la représentation des lieux où il vit est relativement fidèle à la tradition qui situe le palais céleste à la cime du plus haut pic du mont Taishan (en la province du Shandong, à l'Est de la Chine), la plus célèbre des cinq montagnes sacrées de Chine.
A propos encore des origines de ce conte, le court-métrage Bientôt, il pleuvra produit en 1959 par le studio Soyuzmultfilm a été réalisé dans une certaine mesure en collaboration avec le Viêt Nam Animation Studio / Hãng phim hoat hình Viêt Nam (ou Hanoi Cartoon Studio) de la République démocratique du Viêt Nam, ce de par la présence sur ce film de quelques artistes étant à la création la même année du studio vietnamien. Cette toute nouvelle structure cinématographique – et première en ce domaine au « pays du Dragon » après les premiers pas du cinéma vietnamien au fil des années 1940 – fut ainsi créée justement à la fin de l'année 1959 par des animateurs vietnamiens formés au studio moscovite, dans la prolongation pourrait-on dire de cet échange amical entre les deux nations socialistes (depuis la Révolution d'octobre 1918 pour les russes et la Révolution d'août 1945 pour le Viêt Nam). Parmi ces artistes, l'animateur Lê Minh Hiên participa à la conception de l'adaptation de l'histoire de Bientôt, il pleuvra en collaborant à l'écriture de celle-ci avec le scénariste Michael Volpin. Il en découla une aventure respectant la forme du conte tout en donnant à la sécheresse une personnification en le personnage de la divinité de Dame Sécheresse et en faisant du maître du Ciel un être quelque peu fantaisiste et moins indifférent au sort de sa création, et ce malgré son comportement (dans certaines versions du conte, il oublie tout simplement de faire tomber la pluie). Ont également été ajoutées certaines situations comme la rencontre avec la maman Poisson et son enfant, ou celle du Serpent géant au fond du lac asséché. A cet effet, si quelques personnages sont ajoutés dans cette adaptation comme encore l’Éléphant et son petit (chaque animal a un enfant à l’exception de madame Crapaud et du Serpent géant), d'autres présents dans le conte sont absents dans le film d'animation comme le Crabe et l'Abeille.
Lê Minh Hiên et le peintre Truong Qua (1926-) qui lui aussi participa à la conception de Bientôt, il pleuvra – et qui fut quelques années plus tôt dans l'armée lorsque son pays s'opposa à la France qui occupait ce territoire alors nommé Indochine française... – passèrent ainsi deux années de 1957 à 1959 à étudier à l'école des Beaux Arts du studio Soyuzmultfilm, parfaisant leur formation en ce lieu foisonnant de talents et mettant en partie à profit leur apprentissage sur le court-métrage.
Participait également à l'animation de Bientôt, il pleuvra, l'artiste azerbaïdjanais Bahman Aliyev (1934-1993) qui lui aussi étudia à l'école des Beaux Arts du studio Soyuzmultfilm en 1959, devenant par la suite animateur et réalisateur au studio Azerbaijanfilm (l'Azerbaïdjan était alors l'une des quinze républiques socialistes soviétiques avant son indépendance en 1991).
On notera encore parmi les animateurs, et faisant alors ses débuts dans ce domaine, la présence de Valentin Alexandrovich Karavaev (1929-2001) qui deviendra un grand nom du studio Soyuzmultfilm et qui œuvrait ici avec son épouse Galina Adolfovna Karavaeva (1928-) dont c'était pour elle également ses débuts dans l'animation, tout deux travaillant alors depuis 1957 en tant que caricaturistes pour le magazine satirique Krokodil, ce qu'ils feront encore durant quatre décennies en parallèle de leurs activités dans le monde de l'animation.
Un autre duo d'artistes était également animateurs sur cet ouvrage, à savoir le père et le fils : Roman Davydov (1913-1988) et Alexander Davydov (1937-2012), le premier ayant fait ses débuts en 1937 au studio Soyuzmultfilm (créé un an auparavant) et ce après avoir passé quelque temps au sein du magazine Krokodil (excellant dans l'art de la représentation animale, on lui doit notamment l'une des plus fidèles adaptations du Livre de la jungle de Kipling), et le second faisant alors ses tout premiers pas dans l'animation, tout comme l'animatrice Galina Zolotovskaya (1934-) et l'animateur Joseph Kuroyan (1935-2017) faisaient les leurs sur cette œuvre. A noter que Roman Davydov est également à la direction de l'animation sur ce film avec Fedor Khitruk (1917-2012) : ce dernier est alors dans une période d'animateur particulièrement active (après ses débuts en 1938-40), œuvrant sur une soixantaine de films sur treize années, de 1948 marquant son retour au studio – après avoir quitté ses obligations militaires – à 1961, devenant ensuite un grand réalisateur inspiré par de nouveaux thèmes s'éloignant des classiques de la précédente décennie.
Dans les années 1950 et 1960 particulièrement, le studio Soyuzmultfilm s'emploie de la sorte à conter moult histoires issues des folklores de l'Union Soviétique mais aussi de pays plus lointain, tout comme il adaptera des oeuvres littéraires d'origines diverses : ainsi Vladimir Polkovnikov qui réalise ce film en 1959 avait précédemment adapté le célèbre ouvrage de Selma Lagerlof avec Un charmant garçon et la même année que Bientôt, il pleuvra le studio produisit La Légende des Maures / Legenda o Zaveschanii Mavra réalisé par Mikhail Tsekhanovski et Vera Tsekhanovskaya adaptant Les contes de l'Alhambra de Washington Irving (film d'animation lui aussi diffusé sur Canal J, le samedi 25 mars 1995, un mois après Bientôt, il pleuvra).
Vladimir Polkovnikov (1906-1982) partagea à ses débuts la réalisation de plusieurs films d'animation avec Leonid Amalrik dont les charmantes aventures animalières Limpopo (1939), Barnanej (1941) et Pavlinij Hvost (1946) mettant en scène le célèbre docteur Aïbolit d'après les contes de Korneï Tchoukovski (1882-1969) s'inspirant à la fois du docteur Chabade de Vilnius mais aussi du fameux docteur Dolittle de Hugh Lofting.
Vladimir Polkovnikov et Leonid Amalrik (peut-être leur première rencontre se fit-elle en 1938 sur Skazka Pro Emelyu où ils sont tout deux animateurs) réalisent également ensemble dans un tout autre genre Pobednyj Marshrut (La route de la victoire, 1939) évoquant les trois premiers plans quinquennaux du socialisme soviétique tout en glorifiant la politique stalinienne et ladite personnalité. Mais c'est encore sur des histoires animalières qu'ils excellent dans leur collaboration réalisant Seraja Shejka (Le Petit Canard, 1948) d'après le conte de Dmitry Mamin-Sibiryak (alias Manima le sibérien, 1852-1912) puis Kukushka I Skvorets (Le coucou et l'étourneau, 1949), Krepysh (Un fidèle compagnon, 1950) et Vysokaya Gorka (Au plus haut de la colline, 1951), ces quatre ouvrages précités bénéficiant d'une direction artistique d'une grande finesse et magnificence quant à la représentation de la nature signée par Alexander Trussov (souvent accompagné sur les décors par Irina Svetlitsa) et qui fit de même sur Bientôt, il pleuvra. Après ce dernier en 1959, Vladimir Polkovnikov réalisera quelque quinze autres courts-métrages d'animation jusqu'en 1980 dont plusieurs scénarisés par Vladimir Suteev et étant tous pour la plupart des contes mettant en scène des animaux, mammifères ou insectes.
Concernant la direction artistique de Alexander Trussov et les décors sur cette œuvre, on ne peut qu'être admiratif quant à la représentation des paysages arides, ceux-ci étant recouvert d'une atmosphère fantastique baignant magnifiquement dans une tonalité de couleurs entre ocres et terre de Sienne avec un ciel couleur de terre. Ont également été introduits sur quelques fonds et de même avec délicatesse des motifs issus de la peinture traditionnelle vietnamienne et des arts telles les tentures dans le palais du maître du Ciel.
Alexander Trussov qui avait œuvré précédemment sur deux ouvrages au blanc manteau – à savoir Le Postier de neige et Le Petit Renne courageux – retrouvera en 1962 une histoire se déroulant en un lieu désertique – de sable celui-là – avec le court-métrage Chudesnyj Sad (Un jardin merveilleux, s'inspirant de contes traditionnels kazakhs) où le traitement des décors est très différent puisque relativement élémentaire et saupoudré de couleurs uniformes.
Comme de nombreux courts ou moyens-métrages du studio Soyuzmultfilm ayant connu une publication sous forme d'album jeunesse (tels Le Postier de neige ou Les Voyageurs de la forêt), Bientôt, il pleuvra fut parmi environ cent quarante titres sélectionnés à figurer dans la collection « Fil'my-skazki. Stsenarii risovannykh fil'mov » (Contes de fées : scénarios illustrés de films d'animation, 11 volumes, 1950-1979) aux éditions Goskinoizdat (volume 1 et 2) puis Art (volume 3 à 11). Il fut ainsi proposé en un récit illustré dans le 6ème volume de ladite collection, volume paru en 1961 où figuraient entre autres La Petite Plume d'Or et Le Petit Renne courageux. Ces films d'animation furent ainsi rassemblés sur 2568 pages par Boris Voronov (1903-1986), rédacteur en chef du département script du studio Soyuzmultfilm de 1956 à 1963.
A propos encore du titre du conte en France évoqué en introduction de ces commentaires, on notera qu'il varie selon les versions et les éditions : il est ainsi également nommé « La Grenouille et la pluie » dans le recueil Contes et légendes du Vietnam (Primento, 2015) de Maurice Coyaud et Xuyên Lê Thi, ou encore sur l'album CD interprété par Isabelle Genlis Crapaud et le génie du ciel (Oui'Dire Editions, 2015) où son histoire est mêlée à celle du conte « Histoire d’étoiles et de Voie lactée » issu d'Asie du Sud-Est (Chine, Viêt Nam, Laos et Cambodge).
Quant à la version française québécoise de ce film d'animation, elle est adaptée via la version états-unienne Soon There Will Be Rain de S. H. Robertson publiée par Phil Roman et Film by Jove (dans la collection « Animated Classic Showcase », 1993) comme nombre de films d'animation du studio Soyuzmultfilm édités en VHS dans les années 1990 en France et diffusés sur Canal J dans cette même décennie, ces films étant ceux pour la plupart ayant été « importés » aux USA en 1992 par le comédien russe Oleg Vidov (1943-2017) qui, abandonnant son pays, s'était installé aux États-Unis en 1985 où il rencontra sa future épouse Joan Borsten avec qui il créa la société Film by Jove. A cet égard, sur la première VHS française le concernant, le film Bientôt, il pleuvra était accompagné comme lors de sa diffusion sur Canal J par le film d'animation Poucette de Leonid Amalrik.
Hélas, comme plusieurs de ces films d'animation soviétiques étant passés par l'adaptation états-unienne, Bientôt, il pleuvra souffre de quelques scènes ou courtes séquences coupées passant de 21 minutes du métrage original à 16 minutes. Mais le « charcutage » dirons-nous ne s'arrête pas là : en effet la musique de l'artiste arménien Karen Khachaturyan (1920-2011) composée lors de la réalisation du film a été remplacée par celle aux sonorités chinoises de Nathan Wang (1956-, compositeur hollywoodien et professeur de musique à Beijin) composée à l'occasion de cette adaptation américaine, Nathan Wang (qui a souvent œuvré sur des productions avec Jackie Chan et plus largement pour le cinéma chinois) ayant fait de même sur La Petite Sirène de Ivan Aksenchuk. Le résultat n'est pas déplaisant même si Nathan Wang use du synthétiseur alors que l'orchestration de la bande originale offre un éventail d'instruments classiques colorant chaleureusement l'image d'une composition adoptant des gammes et des tonalités extrêmes-orientales.
Concernant encore la qualité de la version française québécoise et du doublage de bonne facture, on remarquera une erreur à la toute fin du métrage à propos du batracien, le mot « grenouille » étant utilisé par le narrateur alors que celui-ci précisait bien au début de l'aventure qu'il s'agit d'un crapaud. De plus, ce même narrateur semble prononcer en introduction du métrage le mot « croasse » alors qu'à la fin il utilise correctement tout comme Anzaïe le verbe « coasser ».
Merci à markyoloup et à Sim pour l'identification des voix.
Doublage
Voix françaises :
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