Synopsis
Une troupe d'artistes animaux, du lion royal au cygne blanc en passant par l'éléphant ou encore le fossile d'une dinosaure, exécutent une série de numéros où la poésie et le burlesque cohabitent en toute harmonie !
Commentaires
André Tahon, marionnettiste célèbre (notamment pour ses "Marottes"), se prête de nouveau à l'exercice d'adapter une œuvre de musique classique à son propre art après s'y être déjà essayé, notamment avec Pierre et le Loup un an plus tôt.
Il s'attaque cette fois au Carnaval des Animaux, sans doute la pièce musicale la plus célèbre du compositeur français Camille Saint-Saëns qui, pourtant, ne l'appréciait guère (il interdit pendant longtemps son exécution, hormis le passage du Cygne qui trouva grâce à ses yeux). Cette œuvre se prête idéalement à ce genre de production, de par sa durée plutôt courte et son humour omniprésent, Saint-Saëns n'ayant pas hésité à parodier de nombreuses œuvres (y compris l'une des siennes, la Danse Macabre). Pourtant, si des extraits du Carnaval sont souvent exploités dans divers formats (du cinéma, comme dans Fantasia 2000 qui reprend le dernier mouvement dans l'une de ses séquences, à la télévision jusque dans la publicité), les adaptations de l'œuvre intégrale restent assez rares, même si on peut tout de même citer celle de Zülal Aytüre-Scheele en 1992, mettant en scène des personnages faits de papiers pliés en origami.
Si Tahon était resté très fidèle à l'œuvre originale concernant Pierre et le Loup, il fait ici plus étalage de sa propre fantaisie, apportant beaucoup de son humour. Ainsi, entres autres libertés, il n'hésite pas à avoir recours à divers bruitages durant les transitions entre les numéros, y compris des voix d'animaux, sans doute effectués, au moins en partie, par lui-même bien que le générique ne le précise pas. Aussi, si Saint-Saëns restait plutôt vague sur l'identité des Pianistes, Tahon n'hésite pas à en faire un couple d'humains (l'Homme est ainsi considéré comme un animal comme un autre !) et les introduits par un savoureux passage crée pour l'occasion où les deux énergumènes conversent longuement en charabia. Il n'y a en effet aucun vrai dialogue dans cette film, cette adaptation n'utilisant pas de narrateur contrairement à nombres de représentations du Carnaval dans les salles de concert ou à la version en origami.
Ces divergences ne dénaturent en rien l'esprit de l'œuvre de Saint-Saëns (qui n'avait pas hésité à la sous-titrer Grande Fantaisie Zoologique), d'autant plus que la partition en elle-même n'a pas été altérée, en mettant de côté les premières mesures au piano du Cygne répétées plusieurs fois pour les besoins d'un effet comique. À ce sujet, l'enregistrement de la musique, interprétée par l'Orchestre Philarmonique de Mexico sous la direction de Fernando Lozano, est paru dans le commerce, avec toutefois une narration assurée par Dany Saval et Michel Drucker. Coïncidence ou non, un CD réunira même cet enregistrement avec celui de Pierre et le Loup que Tahon avait utilisé pour son adaptation et où Michel Drucker assurait là encore la narration !
Le film lui-même est sorti en VHS dans les années 1990, à l'instar des adaptations de Pierre et le Loup et de Casse-Noisette (que Tahon produira en 1985), et ces trois programmes sont disponibles sur le site Archive.org (en anglais, mais cela n'a guère d'importance pour celui chroniqué ici). Curieusement, L'Oiseau de Feu (d'après Igor Stravinsky), qu'André Tahon avait adapté la même année que le Carnaval, n'a visiblement jamais été édité en vidéo et est totalement indisponible pour le grand public à l'heure actuelle.