Fiche technique
Nom original | Devilman Crybaby (デビルマン クライベイビー) |
Origine | Japon |
Année de production | 2018 |
Production | Dynamic Planning, Netflix, Aniplex |
Animation | Science SARU |
Nombre d'épisodes | 10 |
Auteur manga | Gô Nagai |
Réalisation | Masaaki Yuasa |
Producteur exécutif | Atsuhiro Iwakami, Takashi Nagai |
Scénarii | Ichirô Okôchi |
Story-boards | Masaaki Yuasa, Juan Manuel Laguna, Abel Gongora, Tomohisa Shimoyama, Kiyotaka Oshiyama, Keisuke Shinohara (2), Pyeon-Gang Ho, Katsunori Shibata |
Direction technique | Masaaki Yuasa, Katsunori Shibata, Tôru Yoshida (2), Tomohisa Shimoyama, Kiyotaka Oshiyama, Ayataka Tanemura |
Chara-Design | Ayumi Kurashima, Kiyotaka Oshiyama |
Direction de l'animation | Tomohisa Shimoyama, Takashi Kojima, Tetsurô Uetake, Kiyotaka Oshiyama, Naoya Wada, Ken Ôbata, Atsuko Hikimoto, Yûko Kobayashi (2), Masumi Hattori, Noritomo Hattori, Daisuke Takemoto, Kazuhiro Sasaki, Atsushi Aono, Tomomi Kawatsuma, Shôko Nishigaki |
Direction artistique | Ryô Kôno |
Chef coloriste | Ken Hashimoto |
Direction photographie | Toshikazu Kuno |
Musiques | Kensuke Ushio |
Direction de doublage | Cécile Florin |
Gén. VO interpreté par | Denki Groove |
Diffusions
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1ère diff. streaming | 5 janvier 2018 (Netflix) |
Synopsis
Le timide et craintif Akira Fudo retrouve son vieil ami, Ryo Asuka qui a besoin de lui d'urgence pour un problème mystérieux. En chemin, Ryo révèle à son ami que les démons sont parmi les humains et qu'il faut absolument les éradiquer sous peine de voir notre civilisation disparaitre. Pour cela, il n'y a pas le choix, il va falloir prendre possession du corps d'un démon et fusionner avec lui ! Seul un homme au coeur pur pourra imposer sa conscience et son cœur à la créature infernale et Akira semble tout désigné pour cela...
Au cours d'un Sabbath, sorte d'orgie où des humains alcoolisés se laissent aller à leurs pulsions jusqu'au plus malsaines, les démons se révèlent et commencent un carnage. C'est ce moment où Akira est investi par Amon, un seigneur de guerre démon, dont il va hériter des pouvoirs et devenir le puissant Devilman. Mais ce changement opère chez Akira une métamorphose qui n'est pas que physique. Il devient alors un garçon avec beaucoup plus d'assurance qui fait tomber sous son charme toutes les filles du lycée. Pourtant il n'a d'yeux que pour Miki, la jeune espoir de l'athlétisme, chez qui il habite, avec les parents et le petit frère de cette dernière.
Mais les démons n'entendent pas laisser l'homme qui leur a pris Amon survivre et vont tenter de le débusquer par tous les moyens, se servant de nombreux humains pour cela. Un long combat, qui met en perspective l'avenir de l'humanité, se dessine alors tandis que notre héros découvre qu'il n'est pas le seul Devilman au monde...
Commentaires
Créée spécialement pour la plateforme Netflix, cette série est une nouvelle adaptation en 10 épisodes du manga culte de Go Nagai datant de 1972.
Cette bande dessinée avait auparavant été adaptée sous forme de série TV (jamais vue en France), d'OAV (par ailleurs éditées en France) ou encore de films animés et même live, mais c'est la première fois qu'elle l'est dans son intégralité (du premier au dernier tome). La plupart des précédentes adaptations se focalisaient sur une partie de l'histoire, et la fin apocalyptique et complexe du manga n'avait jamais été réellement proposée.
Nous sommes en présence d'un titre étonnant, au parti pris graphique très éloigné du style retro de Go Nagai. Les personnages filiformes semblent parfois désarticulés ou bestiaux (notamment lorsque les protagonistes possédés par des démons courent) et sont proposés dans un chara-design épuré et simplifié.
Concernant la relecture justement, la série sait surprendre de façon intelligente les connaisseurs du manga. Si les chapitres essentiels sont tous adaptés et la trame inventée par Go Nagai respectée, certains évènements se passent différemment, et de nouveaux personnages sont créés spécialement pour l'animé.
Désormais, nos héros évoluent dans un monde actuel, dépoussiérant la bande dessinée dont ils sont issus. Plus besoin des journaux ou de la télévision, c'est Internet et les réseaux sociaux qui diffusent les informations cruciales. Lorsque le secret de Devilman est sur le point d'être éventé, ce sont d'ailleurs les éventuelles fuites sur Internet qui provoquent la première inquiétude de Ryo Asuka ! Preuve que les scénaristes ont su replacer l'intrigue dans un monde contemporain proche de notre quotidien. Si globalement les personnages sont fidèles à leurs illustres ancêtres, certains ont été revus dans leur psychologie. La série perd ainsi le côté un peu kitsch de certains comportements des héros, qui ont tous été relookés et modernisés.
Parmi les connus, on retrouve ainsi le petit Taro (anciennement Tare), qui s'il trouvera un destin similaire à celui du manga, aura droit à un traitement tout à fait inédit. Miki a acquis en panache dans cette série. Elle n'est plus la frêle et amoureuse transie dessinée par Go Nagai (quoique le personnage ne manquait pas de répondant non plus !), mais une championne d'athlétisme qui provoque jalousie et convoitise. Enfin les parents d'Akira sont ici montrés, mais connaitront un funeste destin des mains du collectionneur d'âmes Jinmen... D"une manière générale, hormis le petit Taro, très logiquement, les protagonistes ont un peu perdu de la naïveté propre aux BD des années 70.
Les nouveaux personnages permettent d'ailleurs de souligner et dénoncer les nombreuses dérives du monde actuel, que n'aurait pas renié Go Nagai à l'époque ! Ainsi, Nagasaki, le photographe obsédé, peut très bien être vu comme une critique acerbe des paparazzi, ou encore de ces inquiétants pseudo artistes qui se servent d'Internet pour assouvir leurs fantasmes et promettre à d'innocentes jeunes filles monts et merveilles en échange de quelques clichés dévêtus. La famille Makimura est encore différente de l'originale puisque métisse. Si la mère est clairement asiatique, le père s'appelle Noël et est dessiné dans un look plus européen (mais on s'interrogera alors sur son nom de famille, qui est bien japonais !). Une façon de mettre en perspective le racisme, que subira Miki vers la fin, et qui est une thématique plutôt survolée dans le manga de base.
Le personnage de Mi-Ko, dans sa forme Devilman vers le milieu de la série, est une toute nouvelle version du personnage de Miko dans la BD (celle-là même qui avait le corps totalement possédé par un démon qui crachait de l'acide par... ses seins !). D'ailleurs, la version originelle de ce personnage apparait au détour d'un caméo dans le tout dernier épisode !
Enfin l'homosexualité, qui était développée par le biais de la relation ambigüe et refoulée entre Devilman et Satan dans la BD, trouve ici une nouvelle exposition en la personne du jeune Koda. Sa "différence" est caractérisée par le fait qu'il est lui aussi un Devilman et que, pour éviter les attaques et insultes des autres, il est obligé de dissimuler son secret et de vivre dans la peur. En outre, il est justement homosexuel, ce qui est clairement montré au travers de scènes d'amour particulièrement crues.
C'est aussi l'un des aspects de ce dessin animé. Les scènes de sexe sont monnaie courante et mêlées à des moments gores et sanglants lorsque les démons se révèlent. Le tout est accompagné de dialogues parfois à la limite du vulgaire, avec des phrases qu'on s'interdira de retranscrire ici !
Enfin les caricaturaux voyous au bon cœur de la BD sont désormais ici remplacés par une bande de rappeurs sympathiques.
Pour le reste, l'histoire est fidèle et tous les autres protagonistes sont là. Toutefois, on note que tous les démons ont maintenant aussi une forme humaine (Zenon, devenu Xenon, Gelmer, Psycho Jenny, et même Sirène !)... Les scènes de combat sont hyper violentes, bien que leur crudité soit amoindrie à l'écran par le choix des couleurs, souvent noires, qui rendent parfois peu lisible les affrontements. Le sang des démons y est d'ailleurs montré de couleur jaune, là où celui des humains est bien rouge.
Globalement, les fins connaisseurs du manga auront suffisamment de surprises pour ne pas considérer cette série comme un banal copier-coller du matériel d'origine. L'adaptation est en ce sens bien faite puisque les chapitres essentiels sont tous traités, avec le final incroyable et bouleversant que vous connaissez sans doute.
Notons une petite mise en abime puisque nos héros regardent à la télé les aventures de... Devilman, mais dans sa version du vieux dessin animé (inédit en France) qui avait conquis le Japon dans les années 70, avec ses couleurs vertes et rouges ! Le générique de cette même série est par ailleurs entendu, évidemment réorchestré ! L'hommage est total !
Avec ses dialogues crus (la VF n'édulcore rien !), sa violence montrée sans fioritures et qui n'avait jamais été aussi trash même pour du Devilman (sans doute davantage que les OAV, déjà bien violentes, mais seul l'hyper sanglant et atroce Devilman Amon, film inédit à ce jour en France, est peut-être aussi répugnant) et ses messages éloquents sur le racisme, l'homophobie... plus globalement le rejet de l'autre, malheureusement tellement d'actualité, ce Devilman Crybaby a reçu de belles éloges sur le net. Avec le choix de réserver ce dessin animé à la plateforme Netflix, nous entrons dans une ère qui propose du contenu animé adulte payant, violent et engagé, à ne surtout pas mettre sous les yeux de n'importe qui.
Cette série prouve, qui plus est, une fois encore, que l’œuvre originelle de Go Nagai n'a pas pris une ride et que, modernisée sans être dénaturée, elle offre un regard sans concession sur notre monde, sa folie et notre peur de l'autre, sous un habillage biblique métaphorique.
Liste des épisodes
01. J'ai besoin de toi
02. D'une seule main
03. C'est vrai !
04. Viens, Akira
05. La belle Sirène
06. Ni humain ni démon
07. Humains faibles et sages démons
08. Connais-toi toi-même
09. Que les mortels aillent au diable
10. Chouineur
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