Fiche technique
Nom original | Konyok-Gorbunok (Конёк-Горбуно́к) |
| Le Petit Cheval Bossu |
Origine | Russie |
Année de production | 1947 |
Production | Soyuzmultfilm |
Durée | 57 minutes |
Auteur | Piotr Erchov |
Réalisation | Ivan Ivanov-Vano, Alexandra Snezhko-Blotskaya, Victor Gromov |
Scénarii | Yevgeny Pomeshchikov, Nikolai Rozhkov |
Production délégué | Boris G. Wolf |
Animation | Dmitriy Belov, Nadezhda Privalova, I. Stariuk, B. Petin, Boris Dyozhkin, Tatiana Fedorova, Michael Botov, Valentin Lalayants, Konstantin Malychev, A. Manafov, Roman Davydov, Grigory Kozlov, Lidia Reztsova, Faina Yepifanova, Petr Repkin, Nikolai Fedorov, Boris Titov |
Direction artistique | Lev Milchin |
Direction du son | N. Bazhanov |
Décors | Irina Troyanova, Olga Ghemmerling, Alexander Beliakov, Vera Rodzhero, Galina Nevzorova |
Direction photographie | Nikolai Vohinov |
Musiques | Viktor Oransky |
Adaptation française | Edmond Cary |
Direction de doublage | Simone Dauvillier |
Synopsis
Ivan, surnommé Simplet, est un garçon de la campagne qui vit avec ses deux frères. Un matin tous trois découvrent leur champ de blé saccagé. Comme cela se reproduit, ils décident de passer la nuit dehors pour voir qui est l'auteur de ce délit. Quelle n'est pas la surprise de Simplet, qui surveille le haut de la colline, de voir un cheval fabuleux à la crinière couleur feu arriver vers lui. Simplet saute sur le cheval (qui est en réalité une jument) et parvient à le dompter. Celui-ci lui promet de ne plus faire de dégâts dans les champs si Simplet le relâche. Ce dernier accepte et en remerciements, le cheval à la crinière de feu lui offre un petit cheval bossu qui deviendra un ami fidèle et dévoué dont Simplet devra toujours écouter les conseils.
Quelques jours plus tard, Simplet trouve sur la souche d'un arbre une plume de l'oiseau de feu à la couleur étincelante et aux propriétés magiques étonnantes. Le petit cheval bossu conseille à Simplet de laisser la plume là où il l'a trouvée mais celui-ci ne veut rien entendre. Plus tard, Simplet se rend à la capitale, participer au marché. Le Tsar s'y trouve aussi mais il a bien des soucis avec ses chevaux qui se sont échappés de son écurie. Grâce à ses pouvoirs, Simplet les capture et les rend au Tsar, qui décide alors d'engager Simplet comme maître d’écurie. Mais cette décision déplait fortement au palefrenier. Celui-ci trouve le moyen de causer du tort à Simplet lorsqu'il aperçoit le jeune garçon utiliser la plume de l'oiseau de feu pour s'éclairer la nuit. Le palefrenier vole sa plume à Simplet pendant son sommeil et la donne au Tsar. Ce dernier est furieux que Simplet ne lui ait pas remis cette plume dès son arrivée mais accepte de lui pardonner si notre jeune héros lui ramène l'oiseau de feu au palais sous deux jours !
Simplet y parvient plutôt facilement mais malheureusement les exigences du Tsar, influencé par les mensonges du palefrenier, ne s'arrêtent pas là. Bien qu'il nomme notre héros Grand Écuyer, il souhaite désormais que celui-ci lui ramène la princesse de l'océan merveilleux !
» Résumé complet
Commentaires
Le Petit Cheval Bossu est le tout premier long-métrage d’animation du cinéma russe (l’Union Soviétique à l’époque de sa sortie). Il a été réalisé en 1947, soit dix ans après Blanche Neige et les Sept Nains et 21 ans après Les Aventures du Prince Ahmed qui est officiellement considéré comme le premier film d’animation de l’histoire. Il a obtenu un prix spécial au festival de Cannes en 1950 et est vite devenu une référence du cinéma d’animation. Le Japonais Osamu Tezuka (Astro le Petit Robot, Le roi Léo) s’en est d’ailleurs largement inspiré pour la dernière série d’animation qu’il a réalisée, Magie Bleue.
Ce film a été réalisé par Ivan Ivanov-Vano, parfois appelé le père de l’animation russe ou encore le Walt Disney soviétique. Durant sa longue carrière (près de 60 ans), il a réalisé une cinquantaine de films d’animation (dont pas mal des courts-métrages) comme Blanche-Neige et les Sept Chevaliers (1951), La Fille des neiges (1952), Douze Mois (1956) et Pinocchio et la Clé d'Or (1959). Il a aussi œuvré que scénariste sur beaucoup de films. Bien qu’il se soit inspiré des films de Walt Disney pour la technique d’animation (des mouvements très fluides avec 24 images par seconde), comme beaucoup d’autres réalisateurs de l’époque, il s’est fait fort d’imposer une esthétique russe, que ce soit dans le design des personnages ou dans les décors, qui ne laissent aucun doute sur l’origine des dessins animés qu’il a réalisés.
Avant d’être un film, Le Petit Cheval Bossu est un classique de la littérature russe. Il s’agit d’un conte écrit en vers et en rimes par Piotr Erchov. Ce dernier a puisé son inspiration dans des histoires traditionnelles rapportées oralement auxquelles il a apporté une narration personnelle. Le conte fut d’abord publié mensuellement dans la revue La Bibliothèque (la plus lue en Russie à cette époque), dans une version raccourcie, avant d’être publié en entier en 1856. Entretemps, il publia d’autres contes mais n’obtint qu’une reconnaissance posthume (même si on dit que Pouchkine lui-même aurait apprécié son travail), si bien qu’il arrêta sa carrière d’écrivain pour enseigner la littérature dans un lycée. Après sa mort, son histoire inspira le film d’animation qui nous intéresse ici mais aussi un ballet en 1955.
S’il fallut 20 ans pour que le conte soit publié dans son entièreté, c’est sans nul doute à cause de sa caricature d’un Tsar sénile et idiot qui connaîtra une fin tragi-comique. La publication intégrale en 1856 correspond d’ailleurs à une période difficile pour l’empire russe avec la fin de de la guerre de Crimée qui se conclura par la défaite des Russes et la mort du Tsar Nicolas 1er.
Le sujet était en tout cas parfait en 1947 pour en faire un film d’animation qui plaise aux enfants par son côté magique et qui fasse en même temps de la propagande antimonarchique (à l’époque de sa sortie, nous sommes en pleine période stalinienne).
En 1975, Ivan Ivanov-Vano réalise un remake de son propre film. Cela peut sembler surprenant mais à l’époque les studios Soyuzmultfilm commençaient à perdre de leur superbe et il fallait un projet fort pour les remettre à flot. Par ailleurs, la pellicule du film de 1947 s’était beaucoup dégradée et les techniques des années 70 ne permettaient pas de le restaurer convenablement. Cette version de 1975 est intéressante car elle permet de découvrir une séquence inédite dans la première version et qui est pourtant dans le conte d’origine : après avoir rencontré la princesse, le Tsar demande à Ivan de lui ramener une bague (de mariage) qui se trouve au fond de l’océan. Au cours de cette mission, Ivan se retrouve face à une baleine. Difficile de dire pourquoi cette scène ne figure pas dans la version de 1947 : peut-être est-ce parce que la durée du film ne devait pas dépasser une heure ou parce que la baleine mentionne avoir été punie par Dieu – mention sans doute dérangeante pour le gouvernement soviétique qui menait une sévère politique anti-religieuse à l’époque. Cela ne sont que des pistes, nous n’avons trouvé aucune information officielle à ce sujet.
La version de 1975 adapte donc l’intégralité de l’histoire et ajoute des motivations plus profondes au personnage du palefrenier dans sa rivalité avec Ivan. L’animation est aussi plus moderne et dynamique mais l’esthétique perd beaucoup de sa féérie, en particulier lors des scènes avec la mère du petit cheval bossu et l’oiseau de feu. Les deux versions sont donc intéressantes.
En 2004, la version de 1947 a été restaurée (même si aucun miracle n’a été fait avec la pellicule très détériorée) et éditée en Russie. En France, le film n’a jamais connu d’éditions vidéo. Pourtant, il avait connu une sortie au cinéma en 1953 et une diffusion télévisée dans l’émission « La séquence du jeudi » où il fut probablement diffusé dans son intégralité sous la forme de 6 épisodes, ce qui fut alors le cas pour plusieurs autres moyens métrages d'animation soviétiques.
Un grand merci à DVD2FAN pour avoir retrouvé la version française d’origine, rarissime.
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