Mon Âne

Un âne, ne manquant pas d'une certaine dose d’espièglerie, accompagne et fait découvrir aux plus petits, ou redécouvrir pour les plus grands, et parmi les plus célèbres et populaires, trente chansons et comptines traditionnelles françaises.

Dix ans après le Discopuce de Récré A2 de facture relativement classique mais tout de même joliment mis en scène et interprété, la série Mon âne propose aux plus jeunes de découvrir des comptines parmi les plus populaires de ce répertoire, et ce dans une formulation graphique à la fois amusante et d'une grande richesse artistique. A cet effet, si l'humour passe beaucoup au travers du personnage de l'âne de par ses actions ou son comportement, nombre d'éléments du décors apportent également de nombreuses notes des plus divertissantes. Tout cela vit pleinement et joyeusement au travers des formes adoptées et animées en volume (en stop-motion) : personnages en plasticine, décors fait de cartons et de papiers, couleurs aux pastels secs ou à la gouache, et entre autres encore collages de gommettes.

Les animateurs principaux Sandra Corallo (déjà présente sur Les Grands Airs de Tebaldo de Folimage) et Jean-Loup Felicioli (depuis réalisateur souvent associé à Alain Gagnol), sous la direction de Pascal Le Nôtre (qui est essentiellement réalisateur, celui-ci transmettant à ses collaborateurs les mouvements et les gestes qu'il souhaite voir prendre vie, les artistes reproduisant ceux-ci en les adaptant à leurs matériaux), offre à voir la parfaite maitrise de leur art, insufflant la vie à leurs personnages avec une grande délicatesse, jouant sur de petits riens apportant de vives émotions. De fait, l'expressivité de l'âne et des autres personnages au travers de leurs mouvements ou de leur présence, transmet à l'ensemble de l'ouvrage une vivifiante atmosphère redonnant une nouvelle jeunesse à ces anciennes comptines âgées de quelques centaines d'années, voir trois ou quatre siècles pour certaines.

Le personnage de l'âne, qui n'a pas de rapport avec les comptines (si ce n'est qu'il est le sujet de l'une d'entre elles), est un choix narratif qui permet à l'enfant de tisser un lien particulier, en parallèle, à l'histoire contée. Avec ses grandes oreilles des plus animées, il reste muet mais tout en participant à l'action de la comptine, le plus souvent en faisant quelques gaffes ou en s'en détachant, il permet de donner avec plus ou moins de visibilité quelques clés de compréhension quant aux paroles des comptines.

Si la série Mon âne était tout spécialement destinée aux plus jeunes des téléspectateurs et téléspectatrices, afin de leur offrir tout en s'amusant le goût de chanter et de lire, elle aura également été fort appréciée par les parents et autres adultes qui y trouvèrent non seulement un ouvrage de qualité à faire découvrir à leurs enfants, mais avec lequel ils prirent eux-même un réel plaisir à redécouvrir ce répertoire reprenant vie avec cet âne facétieux.

Pour une plus grande compréhension, le texte de la comptine apparait en bas de l'écran : il est écrit à la main, calligraphié et manuscrit telle à la craie sur une partie de l'image représentant comme les lignes d'une ardoise, cela pour que le jeune enfant le reçoive dans une forme qu'il connaît bien de par son apprentissage à l'école. Toutefois, dans la seconde moitié de la série, l'ardoise disparait et le texte apparait directement en une forme toujours calligraphiée bien que plus cursive sur l'image mettant en scène la comptine. De même, dans cette seconde partie, la dimension de l'espace et des décors dans laquelle se meuvent les personnages change, et l'on passe ainsi d'un cadre proche de celui du théâtre de marionnettes à des scènes plus en profondeurs avec un champ visuel plus large.
Concernant la visualisation des paroles des comptines, le réalisateur Pascal Le Nôtre évoque parmi ses inspirations le court-métrage de Norman McLaren et René Jodoin réalisé en 1944, à savoir « Alouette » issu du premier programme Let's all sing together.

La première moitié de cette série du studio Folimage (les 13 épisodes diffusés en novembre/décembre 1994 sur France 3) fut coproduite en 1994 avec France 3 (avec la participation du Ministère de la Culture et de la Francophonie, et avec le soutien de la Ville de Valence et de la DRAC Rhone-Alpes). La seconde moitié réalisée en 1996 était toujours produite avec France 3, mais avec en plus la chaîne jeunesse du câble Canal J qui se joignait alors à cette création (avec également pour cette seconde partie la participation du Ministère de la Culture, du Ministère des Affaires étrangères, TF0 de l'Ontario, la RTBF et la Procirep). A noter que Canal J était la même année coproducteur d'une autre série de Folimage, à savoir Ma petite planète chérie et que la chaîne avait également coproduit trois ans plus tôt la série Mine de rien dudit studio, France 3 étant également coproducteur sur ces dernières.