Résumé complet
En Espagne, à Grenade, durant l'Inquisition : Peregil (abréviation de Pedro Gil), un porteur d'eau Galicien, est heureux de vivre et de gagner sa vie en vendant de l'eau fraiche et potable. Avec Peco, son fidèle âne transportant l'eau dans deux jarres accrochées à sa selle, il parcourt les chemins de campagne et les rues de la ville en chantant sa joie de vivre, même si son activité est juste suffisante pour nourrir sa femme et ses cinq enfants.
En ce nouveau jour qui se lève avec un Soleil déjà éblouissant, et dans sa bonne humeur, Peregil demande à l'astre qu'il lui donne une chaude journée, ce afin d'attiser un peu plus la soif chez les villageois ou les citadins qu'il va rencontrer pour ainsi faire vivre un peu mieux sa famille qu'il aime tant.
Ce soir-là sur le chemin de sa demeure, et alors que le ciel se couvre de noirs nuages et que la pluie tombe dru, et s’inquiétant que celle-ci ne nuise trop à son commerce, il rencontre un vieil homme, un Maure, allongé sur le sol et semblant extrêmement fatigué. L'homme qui lui paraît quelque peu fantomatique, et pour cause il est faible et malade, lui demande son aide afin de ne point tomber entre les mains des Inquisiteurs. Le Maure lui dit également qu'il sera heureux de le rétribuer, sachant le danger qu'il lui fait courir, s'il lui procure un endroit chaud pour cette nuit de tempête seulement. Mais Peregil ne veut point profiter de l'argent d'un homme en danger et, malgré une scène dont il a été le témoin dans la journée – une femme qu'il connait, la señorita Vigel, ayant été emmenée par des soldats de l'Inquisition, vêtue d'un sambenito, coiffée d'un coroza et les mains attachées dans le dos, ce pour avoir abrité un Maure en sa demeure –, il emmène tout de même le vieil homme chez lui afin de le soigner ou tout au moins de lui permettre de retrouver des forces.
Présentant l'homme comme un vagabond à sa femme Marquita qui attendait son retour, celle-ci reconnait en lui un Maure et elle est de fait des plus inquiètes quant à voir un musulman sous son toit. Hélas, avant que Peregil et sa femme aient pu faire quelque chose pour lui, et trop épuisé, le vieil homme meurt. Mais avant que ne s'éteigne la vie en lui, le vieux Maure, sans avoir le temps de lui donner quelque explication sur celle-ci, remet au porteur d'eau un coffret en bois de Santal, tel un cadeau pour la bonté dont il a fait preuve à son égard.
Marquita, toujours terrifiée quant à la prison, voire plus, qui les attend si l'on découvre le corps de cet homme dans leur maison, conseille à son mari d'emmener sur son âne le vieux Maure enveloppé dans une couverture afin de l'enterrer le plus loin possible hors de la ville. Peregil s'exécute.
Malheureusement, Peregil qui espérait avoir fait preuve de discrétion envers son voisin Pedrillo Pedrugo, un barbier fort en commérage, ne s'est pas aperçu que ce dernier l'a observé au moment où il faisait entrer le Maure chez lui et quand il l'a conduit en sa dernière demeure. Le lendemain, Pedrillo Pedrugo s'est donc empressé de raconter ce qu'il croit avoir vu à l'alcade, le juge, alors qu'il le rase, à savoir qu'il pense que Peregil a assassiné un Maure puis l'a enterré. Le juge, heureux qu'un Maure a perdu la vie, soupçonne que celui-ci devait être riche et que Peregil lui a ôté cette vie pour lui prendre son argent. Il fait alors appel à l'alguasil, son conseiller et chef de la police, pour lui demander d'arrêter Peregil et sa femme avec pour chef d'accusation le meurtre et de les conduire au tribunal.
Peregil et sa femme Marquita se retrouvent ainsi devant le juge, le chef de la police et Pedrillo Pedrugo, tous trois accusant le porteur d'eau d'avoir assassiné le Maure pour lui dérober son argent. Toutefois, malignement, le juge admet que Peregil a peut-être tué le Maure car celui-ci et ses semblables sont encore des ennemis de l'Espagne (même si certains se sont convertis au christianisme) et il est prêt à ne point le punir pour cet acte s'il lui remet l'argent ou autres trésors qu'il a volé au Maure. Peregil lui jure qu'il n'a pas tué le vieil homme et que ce dernier n'avait aucune sorte de fortune sur lui, juste un coffret en bois de Santal qu'il lui a donné pour le remercier de son assistance. Le juge demande alors à voir ce coffret sur le champ, pensant que le porteur d'eau n'a pas tout dit, mais il ne peut que constater que celui-ci est vide, mis à part une feuille de parchemin sans valeur et une bougie. Le juge commence alors à perdre patience et accuse Peregil de lui cacher la vérité, mais ses deux acolytes lui suggèrent à voix basses de le laisser partir et de le suivre et de le surveiller afin de découvrir, ils en sont persuadés tant leur avidité est forte, où il a caché la fortune du Maure. Le juge libère donc Peregil et sa femme, leur rend le coffret mais décide et cela est non négociable, prétextant les divers frais du tribunal, de garder l'âne du porteur d'eau qui lui appartient désormais. Évidemment, il sait pertinemment que Peregil ne peut se passer de l'aide de son âne pour travailler...
Voilà donc maintenant le porteur d'eau se morfondant sur lui-même et ne sachant que faire contre un véritable voleur – le juge – qui a tous les droits. Il pense avant tout à sa famille, de la difficulté de la nourrir – il lui est difficile de porter sur son dos une grand cruche remplie d'eau –, et à son ami Peco, loin de lui dorénavant. Comment pourrait-il faire pour le reprendre à cet injuste juge ?
De retour chez lui après une journée de travail éprouvante, et dans un excès de colère, Peregil jette par terre le coffret que lui a donné le vieux Maure, l'objet s'ouvrant sous le choc et laissant son contenu – la bougie et le parchemin – tombé sur le sol. C'est alors que de la flamme de la bougie qui vient de se mettre à brûler sans quelque intervention que ce soit, l'esprit du vieux Maure apparaît et informe le porteur d'eau qu'il y a écrit sur le parchemin un sortilège qui permet d'avoir accès à une grotte abritant nombre de trésors, celle-ci se situant dans la montagne, derrière la ville. L'esprit du vieux Maure invite Peregil à s'y rendre et aux douze coups de minuit, la bougie qu'il emportera s'allumera et lui permettra d'y pénétrer, et il pourra alors répéter les mots magiques – Ab-el-rak-iben-di-siken-ha-ab-al-ra – qui feront s'ouvrir l'entrée de la grotte, en prenant bien garde que la flamme de la bougie ne s'éteigne pas tant qu'il est dans la grotte.
Bien qu'ayant souligné au Maure qu'il ne l'avait pas aidé pour avoir une récompense, mais sur l'insistance du vieil homme, Peregil se rend alors sur les lieux mystérieux et parvient à entrer dans ladite grotte où se trouve des pièces d'or, des joyaux et autres trésors. Tout en s'adressant humblement aux gardiens des lieux, deux guerriers géants en armure d'or, et leur expliquant l'origine de sa venue, il prend un peu de ce trésor, juste ce dont il a besoin pour rendre heureux son épouse et ses enfants : quelques pièces d'or pour offrir à son fils ainé un cheval de bois et à sa fille ainée une belle poupée, de même que pour ses autres enfants ce qu'ils souhaiteront, quelques pièces encore pour Peco afin de lui donner de l'avoine fine et, pour sa femme qui a beaucoup de travail avec les cinq enfants qu'ils ont, il prend quelques pièces d'or mais aussi des bijoux, des colliers de perles et autres ornements, le tout tenant dans un petit sac.
Puis, saluant une dernière fois les géants, il s'en retourne chez lui. Bien que désireux de ne point réveiller sa femme et ses enfants en plein cœur de la nuit en entrant dans sa demeure, il marche sur la queue du chat, cela réveillant évidemment toute la famille. Il montre alors à sa femme le trésor qu'il vient de prendre dans la grotte, tout en lui précisant pour la rassurer de son inquiétude qu'il n'a rien volé, que c'est une fortune honnêtement acquise. C'est alors un peu plus de joie en la demeure.
Pedrillo Pedrugo, comme à son accoutumé (et sous les ordres du juge), a encore observé les agitations nocturnes de Peregil et ce dernier se retrouve ainsi le lendemain de nouveau devant la Cour de justice. Il est alors décidé que, s'il ne veut pas être condamné, Peregil doit conduire le juge (et ses deux complices) sur le lieu où le porteur d'eau s'est rendu durant la nuit, là où se trouve la fortune du Maure que le barbier a pu apercevoir de sa fenêtre sur Marquita portant quelques bijoux alors qu'elle les essayait en conversant avec son époux. En échange, le juge permet à Peregil de reprendre son âne.
Arrivé devant la grotte, le trio quelque peu inquiet laisse Peregil pénétrer en son sein et remplir une cruche pleine de pièces d'or. A la vue de celle-ci, le juge, le barbier et le chef de la police se précipitent sans retenue à l'intérieur de la grotte magique pour voir par eux-mêmes tous les trésors qui y sont entreposés et afin de prendre tout ce qu'ils peuvent emmener. Mais, alors qu'ils sont prêts à sortir de la grotte avec mille richesses en mains, Peregil qui se trouve lui à l'extérieur de la cavité souffle sur la bougie qui s'éteint et referme de la sorte l'ouverture de la grotte sur le trio qui y reste prisonnier. Peregil, heureux, prend alors le chemin du retour avec son âne Peco et une cruche d'or supplémentaire.
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