Fiche technique
Nom original | Flushed Away |
| Evacué |
Origine | Etats Unis, Royaume Uni |
Année de production | 2006 |
Production | Aardman Animations, Dreamworks, Paramount Pictures |
Durée | 85 minutes |
Auteur | Sam Fell, Peter Lord, Dick Clement, Ian La Frenais |
Réalisation | David Bowers, Sam Fell |
Production | Cecil Kramer, Peter Lord, David Sproxton, Maryann Garger |
Scénarii | Dick Clement, Ian La Frenais, Chris Lloyd, Joe Keenan, Will Davies |
Direction de l'animation | Jeff Newitt |
Direction artistique | David James, Pierre-Olivier Vincent, Scott Wills |
Direction de la 3D | Wendy Rogers, Mark Paulson |
Layout | Brad Blackbourn, Frank Passingham |
Montage | John Venzon, Eric Dapkewicz |
Musiques | Harry Gregson-Williams |
Adaptation française | Françoise Monier, Jean-Pierre Carasso |
Direction de doublage | Patrick Floersheim |
Direction des chansons | Patrick Floersheim |
| » Staff étendu |
Diffusions
Arrivée en France (cinéma) | 29 novembre 2006 |
1ère diffusion hertzienne | Du 30 décembre 2012 au 16 janvier 2013 (Gulli)
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1ère diffusion | Le 26 et 27 novembre 2006 (Canal+)
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1ère diff. streaming | 4 novembre 2017 (Netflix) |
Rediffusions | Du 25 décembre 2008 au 21 janvier 2009 (Canal+ Family)
Du 20 avril au 24 décembre 2012 (Canal+)
Du 22 mai au 31 décembre 2012 (Canal+ Family)
Du 10 au 27 novembre 2013 (Gulli)
5 février 2018 (Amazon Prime Video) |
Synopsis
À Londres, Tabitha, une petite fille aisée, a pour animal de compagnie Roddy St-James, un rat élégant et raffiné, qui se complait dans la solitude. Un jour, Sid, un rat malpropre et intrusif, fait irruption depuis les bas-fonds. L'invité indésirable projette Roddy dans les toilettes et tire la chasse d'eau, entraînant le malheureux rat dans les égouts. Il se retrouve à Ratropolis, une ville souterraine habitée par des rats. Il fait la rencontre de la jolie Rita, une intrépide chasseuse d'objets poursuivie par Le Crapaud et son cousin français Ze Frog, qui convoitent un précieux rubis…
Commentaires
Souris City est une œuvre à part dans les studios Aardman, troisième et dernière collaboration entre le studio britannique et l'américain Dreamworks, après les réussites que furent Chicken Run et le film Wallace et Gromit.
L'idée du film fut venue quelques années plus tôt, alors que les deux studios avaient scellé leur contrat d'exclusivité. De nombreux scénaristes furent mis à contribution afin de trouver des idées de longs-métrages. Sam Fell, le co-réalisateur, imagina alors le synopsis d'un film de pirates mettant en scène des rats. Le projet est validé, mais à l'époque, le méga-succès Pirates des Caraïbes n'était pas encore sorti et les films de pirates étaient réputés pour être des désastres à la fois financiers et critiques. Fell conserva l'idée d'avoir des rats comme héros et, avec l'aide de Peter Lord (co-fondateur du studio) et de nombreux scénaristes, il retravailla le scénario. Les auteurs décidèrent d'effectuer un pastiche du film L'Odyssée de l'African Queen, réalisé par John Huston en 1951, dans lequel les genres des deux héros seraient inversés : ainsi, le personnage masculin deviendrait la demoiselle en détresse tandis que l'aventurier bourru serait féminin.
Le film est annoncé en 2002 et, à la surprise générale, il sera entièrement réalisé en images de synthèse, une grande première pour le studio alors habitué à réaliser des films en stop-motion (figurines animées image par image). Cet étonnant parti-pris s'explique par un manque de temps considérable (le film est sorti un an après Le Mystère du Lapin-Garou) et par le fait que le scénario prévoyait de nombreux plans et effets aquatiques. L'eau abîmant la plasticine, la matière généralement utilisée par Aardman pour fabriquer leurs personnages, et effectuer une hybride stop-motion/ avec de l'eau animée en 3D s'avérant aussi compliquée que coûteuse, il n'était pas possible pour le studio de concevoir le film traditionnellement. Il fut donc décidé d'avoir recours à une animation 3D complète. Ce sera l'une des deux expériences des studios Aardman dans ce domaine avec le film Mission : Noël, sorti en 2011.
Afin de seconder Sam Fell dans la mise en scène, David Bowers fut désigné. Son expérience dans l'animation traditionnelle (il était animateur pour les films du studio Amblimation) fut d'un grand secours afin de porter le projet. Les deux réalisateurs veillèrent à ce que l'animation des personnages soit proche du stop-motion (surtout pour les mouvements de bouche) et que l'humour fin et particulier des productions précédentes soit conservé afin de respecter le plus possible la ligne directrice du studio. Ceci dit, le recours à l'animation 3D leur permis d'aller plus loin dans les effets de mise en scène et dans certains délires qui n'auraient pas pu être réalisables en plasticine, libérant leur créativité. Les réalisateurs veillèrent à ce que le film conserve visuellement un aspect artisanal et à ce que les personnages aient la même texture que de figurines peintes à la main, afin d'obtenir un résultat délibérément imparfait, voire usé, ce qui entraîna d'ailleurs quelques désaccords avec des animateurs perfectionnistes. Afin de concevoir les immenses décors de la ville des rats sous les égouts, pour un résultat créatif et hétéroclite, ils construisirent une maquette avec tous les objets qu'ils pouvaient trouver : valises, bouteilles cassées, pièces de vélos…
L'humour du film repose également sur des références cinématographiques, les spectateurs les plus observateurs pourront d'ailleurs déceler des allusions aux précédentes œuvres de Dreamworks et d'Aardman. Le scénario sera remanié en cours de route, et des personnages ont été supprimés de l'histoire alors qu'ils apparaissaient dans les premières bande-annonces, comme ce fut le cas pour Gilbert et Sullivan, deux gerbilles servant de domestiques pour Roddy dans la maison de Tabitha. Afin de renforcer la solitude de notre héros, ces deux personnages furent retirés.
Si la production du film en lui-même s'est bien déroulée, ce ne fut guère le cas du côté administratif. D'une part, les directeurs des deux studios avaient de plus en plus de mal à s'accorder, les deux entités ayants des perspectives opposées, ce qui génèrera des divergences artistiques. De plus, l'un des soutiens financiers de Dreamworks, Paul Allen (un des co-fondateurs de Microsoft), croit si peu au potentiel du film qu'il décida de vendre une grande partie de ses actions, ce qui fit chuter Dreamworks financièrement. Enfin, le film, malgré des critiques positives, eut du mal à fonctionner au box-office, ne remboursant pas son budget initial et obligeant le studio américain et la Paramount à revoir le nombre de copies à la baisse. Tous ces éléments conduiront à une inévitable séparation entres Dreamworks et Aardman, une des clauses de leur contrat permettant au studio britannique de se retirer à tout moment. Sur les cinq projets de films promis dans ce contrat, seuls trois furent réalisés, et le quatrième projet, intitulé Crood : Awakening, une comédie préhistorique co-écrite par John Cleese, sera mis en pause avant que les deux studios ne se réapproprient individuellement le sujet, ce qui donnera respectivement Les Croods (pour Dreamworks) et Cro-Man (pour Aardman).
Souris City est une comédie familiale trépidante, fourmillant d'idées et de gags. Les personnages sont bien écrits, en particulier le duo principal, qui ont une excellente dynamique et ont des personnalités disparates et contrastées qui se complètent très bien : si Roddy semble peureux et lâche au début de l'histoire, il se révèle bien plus courageux et futé au fil du film, tandis que Rita, sous ses airs rustres, peut faire preuve de compréhension et de sensibilité. Les méchants de l'histoire n'ont pas pour but d'être effrayants ou sincèrement cruels mais de divertir, se ridiculisant sans cesse au cours de gags visuels et de dialogues absurdes.
Du côté vocal, comme c'est traditionnellement le cas chez Dreamworks, les voix des personnages sont assurées par des stars, aussi bien en VO qu'en VF. Ainsi, en VO nous pouvons notamment entendre Hugh Jackman, Kate Winslet et Ian McKellen, tandis que la VF met en premier plan Lambert Wilson, Emma de Caunes et Jean Reno, qui a d'ailleurs doublé son personnage à la fois dans la version originale et dans le doublage français de France (mais pas dans la version française québécoise, où il fut remplacé par le comédien Thierry Dubé).
Si il ne fait pas partie des meilleurs crus de Aardman (ni des pires de Dreamworks) et qu'il ne fait pas l'unanimité à cause de son humour irrévérencieux, Souris City est un sympathique divertissement ainsi qu'un essai très intriguant pour le studio, idéal pour tout les âges.
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Sources :
Cartoon Research
Interview de Sam Fell et David Bowers
Livre Dreamworks : de la lune aux étoiles (édition Ynnis)
Access Online.com
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