Fiche technique
Nom original | Le Dernier Cri |
Origine | France |
Année de production | 1997 |
Production | Viridiana Production, Canal+ |
Durée | 25 min |
Réalisation | Pakito Bolino, Stéphane Collin, Bernard Roelandt |
Production | Axel Guyot |
Producteur exécutif | Romain Cavagnac |
Animation | Stéphane Blanquet, Olive, Pakito Bolino, Andy Bolus, Fredox, Laëtitia Brochier, Kerozen, Nuvish Mircovich, Moulinex, Frédéric Poincelet, Caroline Sury, Alexios Tjoyas, Henriette Valium, Marc Druez |
Direction de l'animation | Marc Druez |
Direction photographie | Christian Pfohl |
Musiques | Pakito Bolino, Franck de Quengo, Marcel Perrin |
Synopsis
"Vomir des yeux"… Tel est le mot d’ordre du Dernier Cri, éditeur indépendant de graphzines. Ne s’embarrassant d’aucune considération esthétique ou morale, les affiches et livres conçus artisanalement dans cet atelier selon la technique de la sérigraphie agressent, transpercent et s’adressent directement aux tripes. De ce manifeste brut fait de crasse, de suintement et de bruit, il ne manque plus que le mouvement : les portes de la Friche La Belle de Mai nous sont ouvertes, les secrets de fabrication nous sont dévoilés et les images prennent vie…
Commentaires
Structure-phare du monde de l’édition underground, Le Dernier Cri est fondé en 1993 par Pakito Bolino et Caroline Sury. D’abord basé sur Paris (distribué par la librairie Un Regard Moderne) puis sur Marseille en 1995 à la Friche La Belle de Mai, l’atelier réunit des artistes du monde entier qui partagent un goût pour les images sales et viscérales, au service d’une véritable contre-culture avec une philosophie Do It Yourself où chaque ouvrage est sérigraphié, plié et assemblé sur place à la main à quelques centaines d’exemplaires. Les couleurs sont criardes, les traits agressifs, les thématiques dérangeantes… l’objectif est de refuser tout confort au lecteur et d’interpeller sa conception du beau en lui soumettant des images chargées et crues.
En 1997, l’atelier attire l’attention de deux réalisateurs qui souhaitent y consacrer un documentaire pour Canal+. Mais l’équipe de l’émission L’Œil du Cyclone intervient durant la pré-production et demande à ce que des scènes animées soient intégrées afin de laisser parler les images d’elles-mêmes, conformément à l’esprit du programme, sans le moindre commentaire didactique. Afin de constituer un véritable versant audiovisuel de la ligne éditoriale du Dernier Cri, les images animées seront frénétiques et convulsives, ne laissant aucune respiration pour le spectateur. Les artistes convoqués autour du projet privilégient pour ce faire le papier découpé, la pixilation, les maquettes et autres poupées avec cette même approche brute. Le résultat se présente sous la forme d’une succession de séquences éparses, plus ou moins en lien avec la création d’images par sérigraphie ou avec la toxicité des produits chimiques utilisés dans le procédé ; la méthode de travail de la maison est donc interprétée visuellement dans tout son aspect artisanal, fastidieux et répétitif jusqu’à la transe. Cette mobilisation totale des ressources audiovisuelles qui agissent physiologiquement sur le spectateur n’est d’ailleurs pas sans rappeler le film Tetsuo (1989) de Shinya Tsukamoto : outre le montage épileptique, le film est accompagné d’une bande-son électro-industrielle martelante, aux voix accélérées et concassées déclamant les étapes de la sérigraphie de façon incantatoire. Entièrement réalisées sur place, ces 25 minutes de brutalité graphique ont nécessité deux mois de tournage et un troisième pour la partie sonore et la post-production. L’Œil du Cyclone diffuse le film en juin 1997, précédé d’une brève présentation de l’artiste Pascal Doury (co-fondateur du graphzine Elles sont de sortie), le tout sans aucune censure (du moins si l’on peut qualifier ainsi la dérisoire mosaïque de pixels qui ne dissimule en rien les quelques phallus présents à l’écran !), le film fut ensuite auto-édité en VHS l’année suivante, accompagné d’une série de trois flip-books livrés dans une pochette noire sérigraphiée or. Et cette première expérience audiovisuelle aura permis au Dernier Cri d’intégrer l’animation au sein de ses activités ; la récidive aura lieu avec Hôpital Brut (1999) et Les Religions Sauvages (2006).
Un grand merci à Pakito Bolino pour le complément d’informations.
Doublage
Voix françaises :
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