Diffusions
1ère diffusion hertzienne | 1992 ? (Canal+) |
Rediffusions | 4 février 1992 (M6 - Culture Pub un extrait) |
Synopsis
Un virus informatique – composé d’une moitié de 0 et d’une moitié de 1 – s’introduit dans un ordinateur par le biais d’une disquette. Évoluant parmi les différents étages qui composent les entrailles de la machine, le bug arrive dans une salle de couronnement où se trouve le microprocesseur dont l'IA, à l'égo surdimensionné, a pris comme représentation l'avatar de Napoléon. Une fois l’alimentation coupée, l'intrus se précipite vers la sortie mais le programme anti-virus veille…
Vous pouvez regarder ce court-métrage ici De Profondis pour un Virus sur la chaîne YouTube de son auteur et y découvrir quelques autres de ses travaux. Pour un résumé de ceux-ci et de son parcours, nous vous invitons à lire la fiche qui lui est consacrée.
Commentaires
Le début des années 1990 constitue une période-charnière pour l’image de synthèse en France : le Plan Recherche Image lancé en 1982 par le gouvernement Mitterrand a permis à l’Hexagone de rattraper son retard en matière d’images numériques avec l’émergence de studios tels que Mac Guff Ligne (La Vie des Bêtes), Fantôme Animation (Les Fables Géométriques) ou Ex-Machina (1789) dont le savoir-faire sera rapidement reconnu au niveau international. Cet esprit d’émulation va susciter l’arrivée d’une nouvelle génération d’artistes 3D, favorisée par le développement et la commercialisation de logiciels clé-en-main plus abordables que les outils antérieurs.
L’infographiste Marc Peyrucq est issu de cette vague et c’est à l’ENSAD, sous la direction d’intervenants professionnels issus des studios cités plus haut, qu’il réalise son premier court-métrage d’animation 3D, De Profundis pour un Virus.
Ce petit film d’1min45 constitue pour son auteur un aboutissement artistique en soi : d’abord diplômé aux Beaux-Arts de Paris en 1984, Marc Peyrucq commence sa carrière comme professeur d’arts plastiques dans différents collèges, dont l’institut Saint-Jean à Paris. Accueillant des élèves en situation de handicap, l’établissement mettait notamment des ordinateurs à la disposition des adolescents, leur permettant d’aborder la création artistique avec une plus grande marge de manœuvre que pour le simple dessin sur papier.
Le futur réalisateur se forme ainsi aux divers logiciels 2D et 3D du Mac II (Illustrator, GraphistPaint II, Swivel 3D, VideoWorks II…) et décide de compléter son parcours en intégrant l’Atelier d’Image Informatique de l’ENSAD en 1990. Là-bas, il découvre le logiciel Explore de la société TDI sur lequel il est formé pendant quelques semaines avant d’élaborer son projet.
Durant 6 mois, il concevra son film dans toutes ses étapes, du scénario et du story-board jusqu’à la modélisation et la réalisation, synthétisant ainsi l’ensemble de son parcours entre le dessin, la sculpture, la composition graphique… auxquels s’ajoute désormais le cinéma !
La démocratisation de l’ordinateur comme outil de création à part entière fait de ce dernier un fantasme aux possibilités multiples, apte à générer des images associées à une forme de modernité ; d’où le fait que le récit de Marc Peyrucq – comme pas mal de courts-métrages 3D de cette période – prenne directement comme thématique la technologie elle-même. À cela s’ajoute le contexte de l’époque avec la notion de « virus informatique » qui commençait à faire parler d’elle, ainsi que le virus du sida qui faisait des ravages (évoqué par les piques dont est hérissé le protagoniste du film). L’ajout d’une bande-son électronique, composée d’extraits de morceaux de Vangelis (Chung Kuo et The Long March) et de Jean-Michel Jarre (Zoolookologie), vient renforcer cette imagerie moderne des années 80-90. Le réalisateur sera toutefois frustré du résultat qu’il juge inachevé, n’ayant pas pu intégrer d’autres éléments à l’image (dont des octets composés de 0 et de 1 marchant ensemble et des flux de particules) faute de temps. Ce qui n’empêchera nullement le film d’être sélectionné dans divers festivals tels que la Muestra Internacional de Cadiz, les 5e Rencontres Vidéo Arts Plastiques d’Hérouville en 1991 ou le Festival International du Film d’Animation de Stuttgart en mars 1992.
Film-gag mêlant anthropomorphisme cartoon et représentation fantasmatique d’un ordinateur entre composants électroniques, machinerie mécanique et salle de couronnement de Napoléon (dont le portrait n’est nul autre que celui du réalisateur lui-même !), De Profundis pour un Virus fait partie de ces œuvres-témoins d’une époque où l’image informatique commençait à prendre de l’ampleur et à devenir familière du grand public. Ce sera pour Marc Peyrucq le début d’une nouvelle carrière dans ce domaine en travaillant sur les décors des Fables Géométriques et de Chipie & Clyde avant d’œuvrer sur des œuvres multimédia sur CD-ROM comme Panique à l’écran (1992) ou Le Livre de Lulu (1995).
Un grand merci à Marc Peyrucq pour l’ensemble des informations données.
Quelques archives :
Storyboard-1 / Storyboard-2
Document-1 / Document-2
Graphic Studio n°19 - novembre 1991 – couverture/sommaire
Graphic Studio n°19 - novembre 1991 - Marc Peyrucq p. 1
Graphic Studio n°19 - novembre 1991 - Marc Peyrucq p. 2
Graphic Studio n°19 - novembre 1991 - Marc Peyrucq p. 3
Graphic Studio n°19 - novembre 1991 - Marc Peyrucq p. 4
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Sources :
Marc Peyrucq : le virus de la 3D, Graphic Studio n° 19, novembre 1991, p. 56-59.
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