Lupin III : TVFilm 27 - Goodbye Partner

L'inspecteur Zenigata, qui a consacré tant d'années à poursuivre inlassablement le célèbre cambrioleur Lupin III, est mis en prison ! Il est accusé de complicité avec Lupin. L'affaire fait grand bruit, et notre héros, pour dissiper le malentendu, accepte un pari avec l'ambitieux politicien Roy Forest : pour prouver qu'il est un véritable cambrioleur, notre héros doit s'emparer du Time Crystal, un artefact sévèrement gardé dans une base sous-marine.
Forest veut se servir du diamant pour optimiser Emilka, l'intelligence artificielle de son puissant ordinateur quantique et ainsi prendre le contrôle des programmes financiers mondiaux. Pour arriver à ses fins, il kidnappe Alissa, une jeune fille candidate du Prix Chopin, dont les talents de pianiste sont indispensables pour configurer le programme.
Lupin réussi son coup et dérobe le précieux diamant...mais il se fait doubler par Jigen, son partenaire de toujours et homme de confiance depuis des années. Il parvient à neutraliser Goemon, laisse Lupin pour mort et remet le diamant lui-même à Forest. Jigen serait-il un traitre depuis tout ce temps ? Quel mystère se cache derrière ses actes ?

Ce téléfilm dérivé de la franchise Lupin III (Edgar, détective cambrioleur), qui nous est jamais parvenu chez nous, est le premier diffusé depuis l’arrêt temporaire de la production des téléfilms annuels de la licence, en 2016, et le premier ayant un scénario original depuis Princess of the Breeze. En effet, le téléfilm précédent, Italian Game, est composé de plusieurs épisodes de la quatrième série.
Le laps de temps entre les deux téléfilms s’explique très probablement par le fait que les efforts du studio TMS était concentrés sur les production à la fois de The First, qui allait devenir le premier film de la licence entièrement réalisé en images de synthèse, mais également des trois films réalisés par Takeshi Koike (Le tombeau de Daisuke Jigen, La brume de sang de Goemon Ishikawa et Le Mensonge de Fujiko Mine), qui sont des œuvres à part dans la filmographie de Lupin III.

Il apparait d’ailleurs que ces trois films ont influencé le scénario et la direction artistique de Goodbye Partner : si Lupin porte une veste rouge au début du film, c’est pour la troquer contre une noire en court de route, sachant qu’il porte la même dans le film sur Goemon. L’idée d’un personnage activant une machine en jouant une musique sur un piano est également une idée que n’aurait pas renié Koike. Enfin, la trame principal sur la trahison de Jigen fait écho aux premières annonces du Tombeau de Daisuke Jigen (ou il portait également une tenue verdâtre) préfigurant une mort possible du pistolero.
Ce retournement de situation avec une infidélité de Jigen, dont la loyauté n’était pourtant plus à prouver, est surprenant mais bien introduit, car on s’attendrait habituellement à voir ce rôle endossé par Fujiko ou à la rigueur à Goemon. On regrettera le manque de développement émotionnel sur ce point du scénario, bien que le scénariste explore des points du passé de Jigen. On sent une volonté d’associer les recettes des téléfilms habituels pour le côté divertissement grand-public et la complexité et la noirceur des films et de la série de Takeshi Koike. C’est aussi l’un des longs-métrages à montrer une collaboration entre notre héros et son ennemi, l’inspecteur Zenigata. Fujiko joue également un rôle important vers la fin du film, et nous montre ses talents de pianiste.
Comme c’est souvent le cas dans la franchise Lupin III, on critiques les dérives d’une technologie finalement incontrôlable ainsi que les manigances entre politiciens. Par ailleurs, le film met en scène une présidente des Etats-Unis caricaturant la candidate aux élections de 2016 (perdue face à Donald Trump) Hillary Clinton. Le téléfilm fait également allusion à l'affaire Snowden, puisqu'une scène mentionne un certain Edward Znowden qui a mis au grand jour le système d'écoute du gouvernement américain. Des allusions au cinéma sont également présentes, la plus notable étant l'apparition de la montagne présente dans le film Rencontre du troisième type de Steven Spielberg, servant ici de base technologique pour Roy Forest.

La réalisation du vétéran Jun Kawagoe, également réalisateur du téléfilm Opération diamant et de l’OAV Lupin brûle-t-il toujours ? (intégré à la cinquième série), est très efficace. La dernière partie, qui est remplie de suspens et de retournement scénaristiques, est mouvementé et bénéficie d’une excellente mise en scène. Ce fut la première œuvre à avoir été produite sans la participation, ni de près de loin, du studio Telecom, qui avait pourtant contribué à la série depuis la deuxième, qui fut un des premiers (si ce n’est le premier) travail de studio après une première pause du projet Little Nemo.
Chose étonnante en ce qui concerne l’animation : Toutes les scènes montrant les mains de personnages jouant sur un piano, qui est un point clé du scénario, ont étés animés en ce qui semble être de la rotoscopie (technique qui consiste à filmer un acteur en prise de vue directe et à animer par dessus) et du Cel Shading, et ce afin d’offrir plus de vraisemblance à ces séquences. En effet, il a souvent été établi que les scènes de piano et les gestuelles des musiciens manipulant les touches sont inexactes dans les films et séries animées, un exemple célèbre étant le cartoon Rhapsody Rabbit de Friz Freleng mettant en scène Bugs Bunny en pianiste facétieux.
A propos de musique, celle de Yuji Ohno est excellente, s’offrant une version Bossa Nova du thème principal de la licence. Il faut noter que plusieurs parties de la bande-originale sont en fait des morceaux inutilisées qui avaient étés composées pour les séries 4 et 5. Une grande importance est accordée au compositeur Frédéric Chopin, et certaines de ses partitions apparaissent dans la BO de Yuji Ohno. On met en exergue certains éléments de la vie du compositeur, comme sa relation avec l’autrice George Sand et un flashback nous le montre essayer un piano Pleyel en présence de son concepteur, le compositeur Camille Pleyel.

Téléfilm intéressant, qui tente un chamboulement dans la licence et qui est très dense, Goodbye Partner n’a pourtant pas été un franc succès, malgré ses indéniables qualités. Il enregistrera même le pire taux d’audience de tout les téléfilms depuis leurs premières diffusions en 1989. Ce sera la toute dernière œuvre de la franchise Lupin III à avoir été produite et diffusée avant le décès de Monkey Punch, le créateur du manga, survenu deux mois plus tard.
Sans doute pour rehausser les audiences, et pour profiter des sorties de The First et du Mensonge de Fujiko Mine, un autre téléfilm sera produit dans la foulée de Goodbye Partner. Il s’agira de Prison of the Past...