Samuel

Samuel a 10 ans et confie dans son journal intime ses pensées et ses questionnements. Son quotidien est rythmé par l’école, les sorties entre potes et les vacances, tout en étant confronté à de nouveaux bouleversements existentiels… à commencer par l’amour qu’il voue secrètement à la grande Julie.

Formée à l’Atelier de Sèvres à Paris et à l’EMCA d’Angoulême, Émilie Tronche fait ses premiers pas dans le milieu professionnel de l’animation en 2020 avec le court-métrage Promenade sentimentale dans le cadre de la 7e saison de la série En sortant de l’école. Ayant fini son film avec cinq jours d’avance, la réalisatrice profite du matériel du studio à sa disposition pour créer un film dans ce temps imparti, avec une approche artistique allant directement au plus juste : ainsi est créé le personnage de Samuel, à partir des propres souvenirs d’enfance d’Émilie Tronche. Le trait est épuré au possible et animé à 12 images par seconde pour mettre d’autant plus en valeur les attitudes, les jeux de regards et les moments de silence des personnages. Le récit est également dicté par la musique qui instaure une tonalité émotionnelle, le tout accompagné de passages de danse comme autant de moments de suspension où le mouvement chorégraphié vient traduire les émotions des personnages à la place des dialogues.
La publication du court-métrage sur Instagram et Facebook attire l’attention de Damien Megherbi, producteur de la société Les Valseurs. Celui-ci contacte la réalisatrice avec qui il souhaite travailler et envisage l’idée de développer une série d’une dizaine d’épisodes à destination des supports numériques, sans trop savoir comment aborder le projet au vu de la nature atypique du film. Émilie Tronche, traversant une période trouble entre ses débuts en tant que professionnelle et le confinement du Covid-19, considère Samuel comme une respiration et réalise deux autres épisodes pour le plaisir tout en travaillant sur un autre projet qu’elle estime plus abouti, davantage susceptible d’être développé avec Damien Megherbi. Toutefois, à la suite de ces deux autres épisodes, la chaîne Arte va se montrer très intéressée et souhaite prendre en charge le concept qui va commencer à prendre forme. Conjointement avec les Valseurs, il est décidé de lancer en parallèle :

- une série principale de 21 épisodes de 4 minutes, avec un fil narratif qui suivra Samuel sur un an, entre la fin du CM2 et les débuts de l’année en classe de 6e.
- une série secondaire de 20 épisodes en format vertical et d’une durée inférieure à 1 minute, pour TikTok et la section Shorts de Youtube, avec des histoires indépendantes pouvant être vues dans le désordre.

Au mois de septembre 2021, le pitch de Samuel est présenté au Cartoon Forum de Toulouse et reçoit un accueil enthousiaste. Les chaînes de télé espagnoles RTVE et Televisio Catalunya se joignent à la coproduction. Suivent très vite d’autres soutiens avec entre autres le CNC, la région Nouvelle-Aquitaine ainsi que la bourse « Auteur de film d’animation » de la Fondation Jean-Luc Lagardère. La fabrication de la série a lieu à Angoulême, avec une partie de l’animation sous-traitée au studio Pikkukala de Barcelone. Arte accorde à Émilie Tronche une liberté totale de création pour rester fidèle à cette esthétique épurée, entre l’enfance dépeinte sans fard, la conjonction de l’humour pince-sans-rire, de la tragédie et de la poésie, la naïveté du dessin et l’utilisation de musiques connues (ABBA, William Sheller, Benny Benassi, Giorgio Moroder, Julie London…) prétextes à des élans chorégraphiés à partir des mouvements rotoscopés de la réalisatrice… qui assure également l’intégralité des voix !
Le premier épisode refait à neuf est présenté au Festival d’Annecy de 2023. Initialement annoncée pour la fin de l’année, la série arrive en mars 2024 à la fois sur la plateforme arte.tv, le compte Instagram d’Arte et la chaîne Courts Toujours sur Youtube.

Véritable chronique de l’enfance du début des années 2000, Samuel débarrasse le dessin animé conventionnel de ses fioritures pour ne garder que la substantifique moelle. En croisant ses souvenirs d’enfance mais aussi en observant les élèves d’une classe de CM2 aux côtés de sa mère institutrice, la réalisatrice désacralise la représentation de l’enfant, trop souvent caricaturé en animation, en le montrant pour ce qu’il est : un être dont le rapport au monde et l’esprit critique sont en pleine formation, délivrant des réflexions plutôt terre-à-terre mais qui n’en sont pas moins dictées par des émotions fluctuantes qu’il ne sait pas encore gérer – surtout durant cette période confuse située entre la fin de l’enfance et le début de l’adolescence. Le dessin, aussi simple que précis, gagne en densité graphique au fil des épisodes, la mise en scène s’autorisant des travellings très composés virant parfois au délire graphique sans jamais se départir de cette limpidité, où les regards et les silences vont directement au cœur de l’émotion. Cette alchimie particulière fait de Samuel une œuvre brillante déjà acclamée par la critique et le public pour sa drôlerie, sa poésie douce-amère et, surtout, sa sincérité.