Humanonon

Fiche technique
OrigineFrance
Année de production1982
ProductionGFID, Images Transfert France, Benson
Durée3 minutes
AuteurMichel François
RéalisationMichel François
ScénariiMichel François
MontageMarie-Françoise Leenhardt
MusiquesAlain Guelis
Diffusions
1ère diffusion hertzienne17 mai 1983 (FR3)
Rediffusions11 juin 1983 (Antenne 2 - La Guerre des p'tits mickeys)
Synopsis

Des formes géométriques jonchent le sol d’une planète déserte. Elles s’assemblent pour former un être humanoïde qui, d’un geste, génère une ville entière. L’habitant de ce monde nouveau se met alors en marche…

Commentaires

Les deux œuvres ayant été produites et diffusées à la même période, Humanonon se partage avec Maison vole d’André Martin et Philippe Quéau le titre de premier film français d’animation 3D – en ayant toutefois le privilège de proposer un personnage animé avec des effets d’ombres portées, le tout en haute définition.
Conçu par Michel François, vétéran des effets spéciaux optiques pour le cinéma, ce court-métrage devait servir à démontrer les capacités techniques de l’image de synthèse au moment où se met en place le Plan Recherche Image (pour lequel le réalisateur a été nommé représentant du Ministère de la Culture). Autour de ce projet, Michel François réunit sa société Images Transfert France avec le Groupe Français d’Informatique (GIFD) et le fabricant de traceurs Benson. Faute de pouvoir représenter un humain avec la technologie de l’époque, le titre Humanon (issu d’un vieux projet) devient Humanonon.

Pour la modélisation et l’animation, le réalisateur fait appel au logiciel Phœbus. Ce programme a été développé en 1975 par Phac Le Tuan et Pierre-Louis Dahan, deux polytechniciens passés à la pratique de la gravure et inspirés par les travaux d’Albrecht Dürer et de Jan Vredeman de Vries autour de la perspective. Sa particularité était de générer des images au trait (et non point par point à la manière du pixel) en incluant des ombres portées, véritable innovation qui n’intégrera la plupart des logiciels 3D que 15 ans plus tard. Après la validation de leur thèse de doctorat en ingénierie, Le Tuan et Dahan exploitent Phœbus dans divers domaines tels que la simulation d’ensoleillement d’un lieu ou du nettoyage des soutes d’un cargo. Humanonon sera leur seule et unique expérience d’animation pour laquelle Michel François va réclamer des améliorations de leur programme afin de produire le film en couleurs. Toutefois, l’élimination des parties cachées reste le principal problème de Phœbus qui doit trier l’ordre de traçage des lignes avec des objets convexes. Le résultat n’en reste pas moins impressionnant, avec une haute définition annoncée à 7510 x 5460 (chiffres désignant non pas une résolution en pixels mais l’étendue du positionnement des extrémités des traits). Il ressort de ces contraintes formelles un style épuré, tout en géométrie, porté par la musique électronique planante d’Alain Guelis dont certaines mesures seront réutilisées dans la bande-son de Pixifoly.

Conçu avant tout comme une expérience, Humanonon fera le tour des festivals durant l’année 1983, entre Imagina, la sélection « Un certain regard » du festival de Cannes, le salon du Siggraph (où il sera le premier film français présenté là-bas) mais aussi à Annecy et à Clermont-Ferrand.
Malheureusement, cette percée dans l’image numérique restera sans suite pour Michel François qui a lancé toute une activité de recherche et de développement pour sa structure Images Transfert France sans aucun résultat concret en raison d’un excès d’ambition. Le réalisateur souhaitait œuvrer dans de nombreux domaines (cinéma, télévision, affiches, architecture, design, scanner 4K pour la restauration des films…) et uniquement en haute définition à l’époque où celle-ci reste un énorme luxe, pour un gain peu significatif aux yeux des financiers. Dépassée par les rapides progrès de la concurrence et la lenteur des institutions, la société fermera ses portes le 5 mai 1988.

Auteur : Klaark
Sources :
Pierre Hénon, Une histoire française de l’animation numérique, EnsAD éditions, 2018.
Cécile Welker, La Fabrique des "Nouvelles Images" : l’émergence des images de synthèse en France dans la création audiovisuelle (1968-1989), thèse de doctorat en Arts et sciences de l’art, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, 2015.
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© Michel François / GFID, Images Transfert France, Benson
Fiche publiée le 10 juin 2024 - Dernière modification le 11 juin 2024 - Lue 1470 fois