Fiche technique
Nom original | Les Onix |
Origine | France |
Année de production | 1972 |
Production | Agence Française d'Images (AFI), KIM |
Nombre d'épisodes | Une trentaine x 6 minutes |
Auteur | Philippe Genty, Jean-Pierre Dutour |
Création des personnages | Philippe Genty |
Réalisation | Claude Vajda |
Production | Roger Stéphane |
Scénarii | Claude Luquet |
Direction de la production | Jean-Marie Bertrand |
Production délégué | Francis Girod |
Effets Spéciaux | Bernard Maître |
Manipulation | Alain Duverne, Jacques Lelut, Bernard Maître, Pierre Remund, Alain Sachs, Mary Underwood |
Décors | Violette de Selva, Marcel Colomb, Bernard Maître |
Montage | Michèle Zillig, Georges Mardiguian mixage, Maurice Laroche mixage |
Direction photographie | Robert Lézian, C. F. Crye assistant |
Accessoires | Violette de Selva, Marcel Colomb, Bernard Maître |
Musiques | François de Roubaix, Bernard Maître |
Synopsis
Sur une planète rocheuse en forme de poire tournant sur elle-même dans l'espace (apparaissant dans le générique) et semblant dépourvue d'atmosphère, vivent les Onix, un peuple étrange dont la population est composée de cinq individus. Sur cet astre se trouve également un gros monstre, ainsi qu'une autre mystérieuse créature qui les surveillent...
Le paysage où demeurent les Onix est un lieu désertique avec toutefois, sous la surface, des grottes qui ont été creusées par l'eau du désert. Son aspect minéral lié au caractère distinct des Onix confère à l'ensemble une atmosphère des plus bizarres. Ainsi, en ces lieux semblant peu favorables à la vie, subsistent les Onix...
Commentaires
C'est donc au fin fond d’un univers peu familier aux allures proches de l’ère préhistorique, que vit une mystérieuse peuplade non humaine, dont la provenance reste énigmatique : les Onix. Ces êtres poilus, d’apparence sauvage, étranges et insolites, déambulent dans un décor accidenté, composé de roches et assez pauvre en végétation. Les prénoms de certaines de ces créatures ne sont autre que des onomatopées. Ainsi, Blop, Tchac ou encore Tilt tentent de lutter pour sauver leur espèce d’un monde plutôt hostile, même si parfois ils pratiquent la chasse à rien pour tenter de s’en sortir.
Un narrateur nous conte, à chaque épisode, leurs cocasses mésaventures. Tantôt paresseux et feignants, tantôt rustres et balourds, leurs stratégies de survie se buttent contre leur sottise attendrissante et une certaine candeur, comme s’ils découvraient leur monde. La vie s’écoule donc, pour nos intrépides Onix, au gré de leurs facéties et des caprices de la nature et de ses lois souvent absconses. Les scénarios se succèdent ainsi avec tantôt un monstre à combattre (Aba), tantôt un chef de meute à ériger, tantôt des pièges et des cavités cachées dans des grottes profondes à éviter… en somme c’est une lutte saugrenue pour la survie dans un monde primitif onixien.
Les Onix gémissent, parfois éructent dans un langage sibyllin et avec lequel ils discourent entre eux, mais ce baragouinage reste compréhensible au téléspectateur grâce à l’esprit d’inventivité et l’ingéniosité de leurs créateurs et de ceux qui les tiennent par le bout du fil ou plutôt qui les manipulent dans leur gaine, aguerris qu’ils sont, à l’exercice qui consiste à donner vie à des créatures plus singulières et expressives les unes que les autres.
Les Onix reste donc un Objet (télé)Visuel Non Identifié, à une époque où le Service de la Recherche de l’ORTF et autres artistes du GRM avaient carte blanche pour développer des projets originaux et qui restent encore aujourd’hui des chef d’oeuvres visuels à contempler et à admirer pour tout passionné. La valeur ajoutée à l’oeuvre onixiène est bien évidemment celle de ses concepteurs et créateurs, puisque tous étaient et sont devenus de grands noms du théâtre de marionnettes ou d’oeuvres musicales cinématographiques.
Aussi, comme on peut le constater, cette série de marionnettes s'inspire légèrement de la série d'animation Les Shadocks (1966) de Jacques Rouxel, et plus particulièrement au travers de la conception de l'histoire mettant en scène un peuple issu d'une étrange planète et où l'on suit leur tout aussi étrange comportement. A cet égard, Jean-Cohen Solal, le compositeur des musiques des Shadocks, avait été approché pour composer la BO des Onix, mais les premiers travaux qu'il proposa étaient un peu trop similaires à ceux qu'il avait produit pour les Shadocks et ils ne furent pas retenus. Il fut donc proposé ensuite à François de Roubaix et Bernard Maître de composer les musiques pour les Onix. Ces dernières apporteront à la série une atmosphère particulière aux sonorités à la fois étranges, futuristes, mais aussi tribales.
François de Roubaix (1939-1975) était alors considéré comme l'un des plus grands compositeurs de musique de films pour le cinéma (avec notamment Les Grandes Gueules et Les Aventuriers de Robert Enrico, Le Samouraï de Jean-Pierre Melville ou encore Dernier domicile connu et La Scoumoune de José Giovanni) et Bernard Maître (1946-) était alors un jeune musicien, compositeur, comédien, et marionnettiste qui deviendra un grand metteur en scène de théâtre de rue, cofondant l'année suivante la compagnie de théâtre Théâtracide (avec Michel Crespin et Jean-Marie Binoche, le papa de Juliette).
Trois ans plus tôt, François de Roubaix avait composé pour Pépin la bulle et deux ans plus tard il composera pour Chapi Chapo. Peut-être aurait-il encore œuvré à l'occasion sur des oeuvres destinées à la jeunesse s'il n'était pas parti trop tôt. Il composa encore, en 1973-75, les musiques du film d'animation poético-écologique Minoïe mais à titre posthume puisque le film fut diffusé pour la première fois en 1981, à la télévision.
Visuellement, on remarquera que certaines marionnettes des Onix ressemblent à celles de la série états-unienne Sesame Street (1969, dont en France on a pu voir de nombreuses séquences dans L'Île aux enfants dès 1974 et 1, rue Sésame en 1978). Certaines marionnettes des Onix ressemblent également à celles du Muppet Show (1976). Ces deux séries furent produites par le célèbre Jim Henson alors que ces émissions pour la jeunesse américaine n'ont pas encore été diffusées en France quand la série des Onix a été produite en 1972.
L'explication de ces ressemblances est relativement simple : Philippe Genty qui est à la création des Onix, et deviendra l'un des maîtres de la marionnette dans l'Hexagone, partagea quelques années auparavant un tour du monde avec Yves Brunier, le papa de Casimir de L'Île aux enfants (fameuse expédition Alexandre que Genty et Brunier entreprirent de 1962 à 1965 en Citroën 2CV), tour du monde qui donna ainsi lieu à un film mais aussi à la série Le Tour du monde des marionnettes où nos deux compères évoquent leurs rencontres à travers le globe avec différents artistes des arts de la marionnettes dont Jim Henson aux Etats-Unis. Il est ainsi plus que probable que l'inspiration de Philippe Genty pour la création des marionnettes des Onix a été nourrie quelque peu par cette première rencontre et la découverte de l'univers hensonien (univers qui avait débuté à la télévision américaine en 1954 avec l'émission pour la jeunesse The Junior Morning Show suivie l'année suivante par Sam and friends et où on apercevait déjà quelques marionnettes proches des futurs Muppet dont une certaine grenouille).
Notons aussi que Philippe Genty créa cette série en collaboration avec Jean-Pierre Dutour (1931-2018), metteur en scène, marionnettiste, photographe et comédien avec qui il réalisera également en 1969 la série de marionnettes Gertrude et Barnabé (diffusée sur la 1ère chaîne de l'ORTF de 1970 à 1973), et où peu auparavant il fonda avec Romain Bouteille le Café de la Gare (où il rencontra probablement Coluche, Patrick Dewaere, Miou Miou, Rufus ou encore Jacques Higelin).
Soulignons encore que si les séries Le Tour du monde des marionnettes et Gertrude et Barnabé de Philippe Genty furent diffusées sur l'ORTF, il n'en fut rien pour Les Onix qui suivirent ces deux productions et on ne sait pourquoi (elle ne sera pas non plus diffusée sur TF1, Antenne 2 et FR3). Toutefois, elle le fut sur Télé Luxembourg peu après sa création, en Belgique (RTBF) également et de même au Canada.
Parmi quelques autres personnalités ayant participé à la création de cette série de l'ordre de l'expérimentale, citons Claude Vajda alors réalisateur et journaliste pour Aujourd'hui madame (il réalisera aussi quelques films pour le cinéma), ainsi que les marionnettistes Alain Duverne, futur créateur des Guignols de l'info sur Canal + et Mary Underwood, compagne de Philippe Genty (ils se sont rencontrés en 1967). On peut également souligner la présence du cinéaste Francis Girod (1944-2006) au poste de producteur délégué alors qu'il a travaillé pendant quelques années pour l'ORTF, et ce peu de temps avant qu'il n'entame une très belle carrière de réalisateur pour le cinéma (L'Etat sauvage, La Banquière, Lacenaire, Mauvais genre...).
La bande originale des Onix a été publiée pour la première fois sur un 33 tours 44 ans plus tard, en 2016, chez Biceps Records. Elle est composée de 13 morceaux musicaux (« Générique Onixien », « Muche », « Jolie valse musette », « Ratatam tuma tuma », « Fanfaronade », « Onix business », « Monstre générateur », « Hawaïenne », « Marche Onixienne », « Chant des bagnards & jazz », « Tango Bernard », « Fouillis industriel », « La fin des Onix »). Le disque offre également à écouter quelques autres travaux de François de Roubaix avec Bernard Maître dont le court-métrage promotionnel Anne-Marie se marie réalisé en 1973 par Jacques Gommy avec Edmond Beauchamp dans le rôle du facteur, mais aussi le spectacle Face à Farce avec Scapin mis en scène en 1972 par Alain Sachs, le ballet Pour l'amour du ciel, où ces gens peuvent-ils bien aller ? réalisé en 1972 par Michel Crespin, Jean-Marie Binoche et Bernard Maître, et le célèbre numéro Genty Pierrot de Philippe Genty en 1974 où la marionnette du Pierrot lunaire manipulée prend conscience de son état et se débarrasse des fils qui le lit à son manipulateur.
Pour prolonger la lecture de cette fiche, nous vous invitons à lire l'interview de Bernard Maître évoquant sa collaboration avec François de Roubaix de 1972 à 1975, sur les Onix mais également les oeuvres précédemment citées : Interview de Bernard Maître par Gilles Loison en 2010
Doublage
Voix françaises :
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