Kamen Rider

Etudiant en biochimie doté d'une grande intelligence et motard émérite, le jeune Takeshi Hongo devient la cible de l'organisation criminelle internationale Shocker, qui le capture et le transforme en cyborg afin qu'il grossisse ses rangs. Mais Hongo parvient à s'échapper avant qu'on ne lui lave le cerveau.
Devenu un puissant cyborg, et sous l'identité de Kamen Rider, il met ses capacités au service du bien pour combattre Shocker.
Plus tard, parti pourchasser ses ennemis en Europe, il est remplacé au Japon par un nouveau Kamen Rider, Hayato Ichimonji, qui ne démérite pas non plus dans sa mission.

Face aux hordes de Shocker toujours plus puissantes, et devant compter avec l'apparition de leurs commandants successifs redoutables, les deux Riders se retrouvent et unissent leurs forces, aidés de leurs nombreux amis humains, pour espérer enfin trouver et démasquer le mystérieux leader de l'organisation qui, avec sa chute, signerait la fin de cet empire criminel...

En 1971, le célèbre Mangaka Shôtarô Ishinomori donne naissance à ce qui allait devenir la série pionnière d'une longue lignée, toujours active de nos jours au Japon, Kamen Rider.
Pendant plusieurs années, dans la deuxième partie des années 60, le producteur de Toei Company, Tôru Hirayama, cherchait à créer un héros Tokusatsu qui pourrait être un concurrent au superhéros emblématique de la Tsuburaya, Ultraman, lequel était devenu en peu de temps une véritable légende. Il approcha en ce sens Ishinomori, pour discuter de l'adaptation d'un manga de 100 pages réalisé par ce dernier, "Skull Man". Finalement, le projet initial évolua et le héros de la future saga sera plutôt un personnage original dont le design et l'apparence de sauterelle serait, selon la légende, dus au fils d'Ishinomori ! Le mode de déplacement régulier de Rider, la moto, comme d'ailleurs les fondations mêmes du justicier masqué, sont un clin d'oeil à peine dissimulé à un autre héros majeur japonais des années 50, Kekkô Kamen, qui lui-même était une réponse aux héros américains du genre, Zorro, Batman ou Lone Ranger...

L'histoire met donc en scène un personnage modifié cybernétiquement, qui va lutter contre une organisation terroriste aux ramifications mondiales. Le thème n'est pas très original, Ishinomori reprenant les éléments clefs de l'une de ses oeuvres maitresses, Cyborg 009, mais le traitement l'est davantage, grâce à la "patte" de l'auteur, qui permet de mettre en scène une ambiance noire et inquiétante, qui flirte parfois avec l'horreur avec ces monstres n'hésitant pas à tuer, installant un style tout particulier et parfaitement mémorable. Le héros, de par sa condition, se rapproche ainsi des superhéros américains parfois torturés de Stan Lee (Hulk, Spider-Man...) et touche ainsi le public grâce à sa relative complexité, là où Ultraman semblait plus "lumineux" et parfait, à l'instar de Superman.
Les débuts de Kamen Rider sont prometteurs et la série rencontre du coup assez vite le succès avec ce héros chevauchant sa moto, entouré d'une bande de personnages hauts en couleurs. En parallèle, un manga est publié, mais les différents protagonistes y tiennent des rôles parfois différents, évoquant ici ou là davantage Batman que la série qui l'inspire.

Au bout du dixième épisode, c'est la catastrophe pour la production : l'acteur principal qui joue Rider, Hiroshi Fujioka, rate une de ses cascades et se brise... les deux jambes !
Comme il est maintenant incapable de poursuivre les tournages, une solution de fortune est adoptée pour quelques épisodes, avec des doublures pour les apparitions civiles du personnage ou des stocks d'anciennes images pour donner le change, à l'instar de ce qui s'est passé pour "le Jeu de la mort" de Bruce Lee, film où l'acteur était décédé pendant le tournage.
L'illusion ne tient pas longtemps et une solution devait être rapidement trouvée. Ainsi, un nouvel acteur intervient à l'épisode 14 et son arrivée permet de faire évoluer le scénario : Le Rider originel aurait quitté le Japon pour poursuivre les membres de Shocker ailleurs dans le monde (en Europe notamment) et un nouveau doit être assigné à la protection du Japon ! C'est ainsi que nous faisons la connaissance du second Kamen Rider, joué par Takeshi Sasaki. La série évolue sensiblement, (et l'entourage du héros avec elle) et met en place la fameuse "Henshin", ces petites chorégraphies qui accompagnent la transformation du héros en justicier ! Un incontournable des séries Tokusatsu, qui fera date à partir de ce moment.
Les méchants aussi se mettent au goût du jour, avec un costume intégral avec masque pour les soldats et l'arrivée des différents généraux de Shocker, menant les opérations. Ils seront de qualité diverse, parfois caricaturaux avec l'officier nazi ou le vampire.
En fait, c'est réellement avec ces modifications imposées par la nécessité de réorganiser le scénario avec l'éviction de Fujioka, que Kamen Rider trouve son rythme de croisère jusqu'à l'épisode 53.

La suite de la série évolue encore, avec le retour du premier acteur, remis de ses blessures. Les deux Riders, dont les costumes sont un peu modifiés, font désormais alliance et luttent ensemble contre Shocker, lequel s'offre un nouveau commandant au costume typique des oeuvres Tokusatsu, l'ambassadeur Jigoku.
A partir de l'épisode 80, Kamen Rider entre dans son dernier arc, avec la fusion de Shocker avec une autre organisation monstrueuse, Geldam, pour devenir Gelshocker. Les Riders parviendront à vaincre cet ennemi imposant et démasquer le chef suprême de Shocker qui leur cause tous leurs ennuis dans l'ombre depuis le premier épisode. Mais la révélation de son identité, dont on attendait beaucoup après tous ces combats, un peu comme la révélation de l'origine du Bouffon vert dans Spider-Man par exemple, déçoit puisque le commandant suprême est en fait une créature aux allures de cyclope et qui n'offrira guère de résistance convaincante...

Innovant et ayant une place de choix dans la culture nippone, Kamen Rider est aujourd'hui un des héros les plus fameux de l'archipel. Des dizaines de séries dérivées verront le jour, dont curieusement aucune ne parviendra chez nous malgré le succès, notamment du début des années 80 jusqu'aux grandes heures du club Dorothée, des séries Toku en France. Seule une adaptation américaine controversée de Saban de l'une des oeuvres Rider, Masker Rider, s'offrira une diffusion dans les années 90...
Kamen Rider, la série pionnière, reste un programme historique et culte et malgré son côté kitsch et daté, mérite qu'on s'y attarde pour les valeurs que la série défend et l'humanisme de son personnage central.