Fiche technique
Nom original | La Planète Sauvage |
Origine | France, Tchécoslovaquie |
Année de production | 1968 - 1973 |
Production | Films Armorial, Service de la Recherche ORTF, Ceskoslovensky Filmexport |
Animation | Krátký Film Praha as |
Auteur roman | Stefan Wul |
Réalisation | René Laloux |
Scénarii | Roland Topor, René Laloux |
Chara-Design | Josef Kabrt |
Adaptation | Roland Topor, René Laloux |
Conception graphique | Roland Topor |
Direction de l'animation | Jindrich Bárta, Zdena Bártová, Bohumil Šejda, Zdenek Sob, Karel Strebl, Jirí Vokoun |
Conception / Rech. Décors | Josef Váňa |
Musiques | Alain Goraguer |
Direction de doublage | Hélène Tossy |
Diffusions
Arrivée en France (cinéma) | 6 décembre 1973 |
1ère diffusion hertzienne | 1er janvier 1980 (Antenne 2) |
Rediffusions | 12 juillet 2000 (Canal+)
12 juin 2017 (Arte) |
Synopsis
Les habitants de la planète Ygam, les Draags, sont des androïdes de douze mètres de haut, aux yeux rouges, à la peau bleue et aux oreilles en forme de conque. Ils ont atteint les plus hauts sommets de la science. Leur existence est surtout faite de loisirs et de réflexion. Leur occupation favorite est la "méditation". Ils possèdent et traitent avec bonté de minuscules animaux familiers, d'apparence humaine, les Oms, dont ils ont ramené quelques couples d'une lointaine planète dévastée. Doués d'une certaine intelligence, les Oms sont affectueux avec leurs maîtres, mais leur cycle de vie est plus rapide que celui des Draags.
Tout commence le jour où Tiwa, la toute jeune fille du Grand Edile, adopte un bébé Om qu'elle baptise du nom de Terr. Au début, Terr est un petit animal docile aux caprices de sa jeune maîtresse. Mais bientôt, il profitera de l'instruction que reçoit Tiwa par imprégnation directe du cerveau, grâce à des "écouteurs d'instruction". A quinze ans, Terr, lassé de cette vie d'animal domestique, craignant que ses maîtres ne découvrent ses connaissances et ne l’empêchent de continuer à s'instruire, s'enfuit en emportant les précieux écouteurs. Il rejoint les hordes d'Oms révoltés qui vivent à l'état sauvage. Après maintes péripéties, Terr s'intègre à l'une de ces bandes qui se cachent dans le parc abandonné et participe à leur vie aventureuse. Cependant, les Draags, inquiets de la prolifération des Oms sauvages, décident de les détruire et en massacrent un grand nombre...
Les survivants, après avoir réussi à tuer un Draag, parviennent à gagner un entrepôt de fusées abandonnées, rejoints peu à peu par des milliers d'Oms révoltés. Sur toute la planète Ygam, la destruction continue. Alors que l'alerte sonne dans la Cité des Oms, un groupe, sous la conduite de Terr, parvient à s'envoler à bord de deux fusées et à atteindre la "planète sauvage". Ici, les Oms rescapés découvrent le grand secret de la "méditation" des Draags, nécessaire à leur survie. Enfin convaincus de leur intelligence, les Draags accordent aux Oms leur estime et souhaitent leur collaboration. Dès lors, Terr et son peuple vivront en paix sur la planète sauvage, respecté des androïdes géants qui redeviendront leurs amis.
Commentaires
Réalisée dans des studios d'animation tchèques, La Planète Sauvage n'en constitue pas moins une œuvre estampillée française, et pour cause puisque son réalisateur n'est autre que le célèbre René Laloux. La première fois qu’il a eu l’idée du film avec Topor était en 1965. Puis ils ont fait l’adaptation (du roman "Oms en série" de Stefan Wul) en 1966 et commença enfin la production en 1968 pour se finir en 1973. Ce film, qui lorgne du côté de la science-fiction dite adulte, est un long métrage qui doit en grande partie sa réputation au Prix spécial du jury qu'il a reçu au festival de Cannes de 1973 (en tant que film tout court, et non d'animation).
Le film n'étant pas exempt de défauts, il pêche dans le graphisme général adopté. Car si les dessins de Roland Topor (qui fut aussi responsable de l'émission Téléchat, entre autres) sont esthétiquement irréprochables, et possèdent une "patte" résolument française, l'animation est décevante. Le film a vieilli (tout dépend si vous aimez son esthétique "psyché" marqué par les années 60-70, ils n’aura pas vieilli pour vous), et les attitudes des personnages quelque peu figées peuvent agacer rapidement, surtout au vu de la production japonaise de l'époque, qui excellait déjà en la matière. Le contraste entre la naïveté empreinte de cruauté des dessins de Topor et le lyrisme de la mise en scène de Laloux force le respect, et témoigne de l'attention toute particulière portée au film. Une attention d'autant plus touchante que l’œuvre a donc pris de l'âge, et s'inscrit définitivement dans son époque, à mi-chemin entre un film expérimental et un essai aux enjeux métaphysiques. Une œuvre qui détonnerait complètement dans la production cinématographique des années 2000 ! D'autant qu'un tel projet appelle des investissements financiers plus qu'onéreux, du fait qu’il utilise la technique dite du papier découpé en phases, et non des celluloïds, demandant une implication énorme en terme de temps et d'efforts graphiques, tout ceci pour pouvoir conserver les graphismes de Topor. De plus Laloux avait déclaré "Je n'ai jamais aimé le travail sur cellulo : la couleur, avec la gouache, y est terne et plate. L'aquarelle et l'encre de couleur me conviennent mieux : il a dans leur pratique un besoin de conserver la lumière du papier que je trouve très plaisant. Et puis, de nombreux cinéastes d'animation, dont je fais partie, gardent enfoui le désir de faire un jour de la peinture animée."
René Laloux et Roland Topor voulaient initialement adapter Rabelais, et ils se sont reportés sur un roman de Stefan Wul pour son coté Swiftien. Une histoire étrange, forte mais codée, avec à la clef une réflexion plus qu'un message... ce qui était somme toute risqué dans un studio de production tchèque à l'époque de la guerre froide (la production commence peu après le printemps de Prague). On peut ainsi y voir une métaphore de la domination soviétique sur les républiques de l'est...(ce qu'on failli faire les censeurs). Mais c’est certainement le film d'animation qui a été le plus primé : Prix spécial du XXVIème Festival de Cannes 1973, Prix du jury international du XIème Festival du film de science-fiction de Trieste, Grand prix du film d'animation avec médaille d'or au Festival d'Atlanta (Etats-Unis), Trois grands prix au Festival du Film pour enfants et adolescents de Téhéran.
Le film sortira au cinéma une première fois le 6 décembre 1973 (9 salles Paris-Périphérie) et une seconde sortie en février 1977.
Doublage
Voix françaises (Studio SIS) :
|
|