Fiche technique
Nom original | Le Roi et l'Oiseau |
Origine | France |
Année de production | 1946-1952 et 1977-1979 |
Production | Les Films Paul Grimault, Les Films Gibé, Antenne 2 |
Auteur "historique" | Hans Christian Andersen (La Bergère et le Ramoneur) |
Réalisation | Paul Grimault |
Assistant-réalisation | Emile Bourget |
Scénarii | Jacques Prévert, Paul Grimault |
Animation | Gabriel Allignet, Marcel Colbrant, Alain Costa, Henri Lacam, ... |
Chara-Design | Henri Lacam (Le Roi), Georges Juillet (L'Oiseau), ... |
Textes | Jacques Prévert |
Décors | Paul Grimault, Lionel Charpy, Roger Duclent |
Musiques | Wojciech Kilar |
Direction de doublage | Pierre Prévert |
| » Staff étendu |
Diffusions
Arrivée en France (cinéma) | 19 mars 1980 |
1ère diffusion hertzienne | 24 décembre 1984 (Canal+)
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1ère diff. Cable/Sat/TNT | 26 octobre 1994 (Canal J - Ciné Furax) |
Rediffusions | 24 décembre 1985 (Antenne 2)
25, 29 et 31 décembre 1991 et 03 janvier 1992 (Canal+)
24 décembre 1996 (Arte)
27 décembre 2000 (Canal+)
01 janvier 2002 (La Cinquième) |
Editions
Sortie en VHS | 1992 (Citel - Les grands classiques)
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Sortie en DVD | 25 novembre 2003 (Studiocanal)
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Sortie en Blu-Ray Disc | 15 octobre 2013 (Studiocanal) |
Synopsis
Le Roi Charles V et Trois font Huit et Huit font Seize règne en tyran sur le royaume de Takicardie. Tout le monde en a peur, sauf un oiseau au plumage somptueux, enjoué et bavard, qui a construit son nid en haut du gigantesque palais tout près des appartements secrets de Sa Majesté et ose le narguer. Ce roi est le narcissisme incarné : il se fait construire des statues, bustes, tableaux... à son image, avec une seule chose de différente par rapport à la réalité : ses yeux qui louchent sont corrigés. Sa dernière représentation est un nouveau tableau qu’il met dans ses apparentements secrets, où se trouvent également quantité d'autres œuvres d’art, dont deux tableaux d’un ramoneur et d'une charmante et modeste bergère, dont le roi est fou amoureux. Mais la nuit tombée, ces œuvres d’art prennent vie et le ramoneur rejoint sa bien aimée, la bergère. La peinture du roi elle aussi prend vie et espère bien que la bergère devienne sa femme, même sous la contrainte.
La bergère et le ramoneur décident alors de s'enfuir pour échapper au double du roi et se réfugient au sommet de la plus haute tour du palais. Le "faux" roi va même jusqu'à éliminer et prendre la place de son modèle original et demande à sa police de retrouver les deux fugitifs. Ces derniers se trouvent toujours au sommet du château, là ils sauvent un oisillon imprudent pris à l'un des pièges du Tyran. Le père oiseau reconnaissant promet en retour de les aider. Poursuivis par la police, une folle poursuite s'engage. Des machines volantes conduites par des policiers moustachus, de mystérieuses créatures couleur de muraille qui espionnent la ville, des tritons motorisés et le roi sur son trône électrique flottant, ou sur son gigantesque robot, les pourchassent... Avec l'aide de l'oiseau, la bergère et le ramoneur se réfugient alors dans la ville basse...
Commentaires
En plein milieu de la Seconde Guerre mondiale, l'ambition de créer un premier long-métrage d'animation français est entretenue jusqu'au sommet de l'état, motivé par l'incroyable succès de Disney avec Blanche Neige et les Sept Nains. Le réalisateur Paul Grimault et le producteur André Sarrut ont depuis quelques années fondé un studio d'animation, les Gémeaux, et ont livré plusieurs courts-métrages très appréciés. On pense donc logiquement à eux pour mener à bien le projet. Ils s'adjoignent les services du poète Jacques Prévert, qui avait déjà travaillé avec eux sur Le Petit Soldat, tiré d'un conte d'Hans Christian Andersen. Pour leur long-métrage, le trio décide d'ailleurs d’adapter encore un autre conte de l'auteur, La Bergère et le Ramoneur. Mais seul le titre et les deux personnages seront conservés par rapport au conte original. Après une longue préparation, la production du film commence en août 1946. L’équipe finit par compter plus d’une centaine de personnes, devenant la plus importante d’Europe pour un dessin animé. Malheureusement, la crise économique d'après-guerre arrive et l’argent commence à manquer. De plus, André Sarrut reproche à Paul Grimault son perfectionnisme (le film n'est toujours pas terminé à la fin de l'année 1950) tandis que ce dernier refuse d’entériner le nouveau plan de travail qui lui est imposé lorsque les financiers s'impatientent et quitte le projet, soutenu par Prévert et une partie de l'équipe.
La Bergère et le Ramoneur sortira non sans péripéties en 1953 mais le résultat sera renié par son réalisateur et son scénariste (voir à ce sujet notre fiche). Paul Grimault récupèrera les droits de son film en 1966 et recommence le projet en 1977 en le renommant Le Roi et l’Oiseau pour ne pas prêter à confusion avec la version précédente.
Il est assez fascinant de comparer les deux versions, d'autant plus que l'histoire reste sensiblement la même, hormis la fin totalement différente (celle de 1953 ayant dû être improvisée par Sarrut, Prévert et Grimault n'en ayant jamais livrée une jugée satisfaisante à l'époque). Près de 45 minutes sont repris de la version originale (soit plus des 2/3) et 40 minutes sont ajoutées, correspondant parfois à de toutes nouvelles scènes ou bien à des plans rajoutés et/ou modifiés au sein des passages repris. Les ajouts sont du reste essentiellement des parenthèses poétiques même si la satyre politique est appuyée par une plus grande présence des nombreuses statues à l'effigie du Roi et la large extension de la séquence de l'usine. En revanche, l'idée que l'Oiseau parle tout du long aux lions dans leur langage (avec sous-titres à l'image) est abandonnée, le personnage repassant rapidement en français. La bande-son est presque totalement refaite. Notamment les dialogues (bien que le texte soit globalement le même), ce qui entraîne le remplacement des comédiens, le seul rescapé étant Roger Blin sur le rôle de l'Aveugle (Pierre Prévert est également toujours à la sélection et la direction des voix). Il en va de même pour la musique de Joseph Kosma, que Grimault juge sévèrement, pas forcément avec beaucoup d'objectivité au vu de sa rancœur envers le musicien, qui avait refusé de prendre parti pour Prévert et lui lorsqu'ils cessèrent leur travail... Toutefois, le nouveau compositeur Wojciech Kilar refuse de réécrire les chansons, certaines sont donc réutilisées (la berceuse de l'Oiseau est logiquement réenregistrée par son nouvel interprète).
Ce film remporta le prix Louis-Delluc en 1979 et le prix spécial du Jury DVD du Festival de Cannes 2004. A noter que pour son édition Dvd, Le Roi et l'Oiseau, menacé de décomposition et à terme d'une disparition annoncée, a fait l’objet d’une restauration photochimique et numérique de janvier 2001 à juillet 2003, donnant au final une version de toute beauté. Chose étrange : certaines versions du film utilisent des prises différentes pour certains dialogues de l'Oiseau (avec le même comédien), notamment la VHS de l'éditeur Citel et les diffusions à la télévision de la même époque.
Si les copies françaises de La Bergère et le Ramoneur ont disparu selon le souhait de Paul Grimault, en revanche sa version anglaise appelée The Curious Adventures of Mr. Wonderbird (avec Peter Ustinov dans le rôle de l’Oiseau et Claire Bloom dans celui de la Bergère) a basculé dans le domaine public et se trouve donc en libre accès sur Internet, hélas dans une copie médiocre et avec la scène du peintre amputée.
Il est intéressant de noter aussi qu'il est souvent prétendu que ce film a inspiré quelques réalisateurs prestigieux au Japon, dont Hayao Miyazaki et Isao Takahata, ce qui est faux (et n'a pas de sens du point de vue chronologique !), ces derniers vouant en fait une grande admiration pour La Bergère et le Ramoneur et avaient été très déçus par Le Roi et l'Oiseau, bien que Takahata fut impliqué dans l'édition de celui-ci en DVD au Japon en 2006 (sans pouvoir y inclure la version de 1953 en bonus comme il le souhaitait). Une large confusion existe en effet autour de ces deux films, à la fois différents et pourtant si semblables, largement entretenue par une désinformation entretenue par Grimault et ses soutiens, propageant une version très manichéenne de l'histoire autour de la production du film original, où les seuls torts seraient à chercher du côté du producteur André Sarrut, en niant la part de responsabilité du réalisateur.
Doublage
Voix françaises :
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