Editions
Sortie en VHS | 1993 (Citel) |
Synopsis
Dans la nuit qui vient de s'écouler quand débute l'histoire qui va être ainsi contée, le Père Frimas (Grand-père des glaces), roi du froid et de l'hiver, nous confit avoir recouvert de givre les bois, et de glace la rivière. Il nous présente alors, ce dans un petit village fraîchement recouvert de neige – des toitures au moindre petit espace sur le sol –, en les observant au travers de la vitre d'une fenêtre de leur maison, les occupantes dudit foyer qui s'éveillent. Parmi elles, deux enfants et jeunes sœurs, et leur grand-mère. Malgré le froid qui a pénétré pendant leur sommeil leur doux habitat, Dunyasha (prénom originale conservé dans le second doublage français) saute de son lit pour aider sa grand-mère quelque peu courbaturée et fatiguée par les ans, et la fraîche nuit alors passée. Lui imposant le repos, elle l'a remplace au pied levé pour remplir d'eau le samovar, préparer le petit déjeuner et s'occuper des diverses petites taches journalières.
Pendant ce temps, Malasha (prénom originale conservé dans le second doublage français, et Mélanie dans un premier doublage) prétextant être elle aussi quelque peu souffrante, reste encore un peu dans son lit sous les chaudes couvertures. Puis lorsqu'elle se lève, c'est pour de suite s'installer à table et profiter des petits pains préparés par sa sœur qui vient juste de les sortir du four. Père Frimas voyant cela, une jeune enfant ne rechignant pas à la tâche et une autre se laissant aller à la fainéantise, il va sur le champ au fond du jardin, jette un petit sortilège au seau du puits, et plonge dans la cavité.
Quelque instant plus tard, Dunyasha demande à Malasha d'apporter à la maison de l'eau puisée au puits. Celle-ci veut bien s'exécuter, mais seulement en partie car elle n'a pas l'intention de porter elle-même le seau rempli d'eau. C'est alors que la magie de Père Frimas agit, le seau virevoltant au bout de son attache, n'en faisant qu'à sa tête, et Malasha s'accrochant à lui pour le reposer au bord du puits. N'y parvenant pas, elle appelle à l'aide sa sœur qui tente elle aussi de s'accrocher au seau, mais rien n'y fait, jusqu'à ce que celui-ci se laisse tomber au fond du puits, emportant dans sa chute les deux enfants...
Dunyasha et Malasha se retrouvent alors en un endroit tapissé du sol au plafond de gel et de glace, ce lieu miroitant de mille étincellements. Tentant de reprendre leur seau qui glisse en tous sens et s'enfuit comme en un long corridor tout blanc, les deux enfants glissent à sa suite et se retrouvent devant la maison de Père Frimas, ce dernier les accueillant à sa porte. Le vieil homme leur promet qu'elles retrouveront leur seau et qu'elles auront quelques cadeaux, mais avant cela il les invite en sa demeure, et sollicitant leur aide, il leur demande de bien vouloir faire le ménage, lui-même étant très occupé à bourrer de neige les nuages. Dunyasha, heureuse de pouvoir aider Père Frimas, se met de suite à l'ouvrage, s'occupant du feu dans le foyer et préparant le repas. Pendant ce temps-là, Malasha doit raccommoder la chemise de Père Frimas, mais elle ne sait pas coudre (elle sait seulement comment on porte ce vêtement), et finalement elle s’emmêle dans le tissu. Alors elle s'emploie à balayer le sol, mais là aussi elle n'y arrive pas (elle sait seulement comment marcher sur le plancher). Puis après avoir casser un pot renfermant une tempête de neige que Père Frimas fait disparaître, Malasha, pour se faire pardonner, promet au vieil homme qu'elle va secouer l'édredon, mais là encore, sans grand succès (elle sait seulement comment y dormir). Sa sœur arrive alors pour l'aider, et elles découvrent ensemble, protégées sous le lit, de belles fleurs que Père Frimas conserve jusqu'au printemps.
» Résumé complet
Commentaires
Ce court-métrage est une adaptation du conte « Moroz Ivanovich » écrit en 1841 par le prince Vladimir Odoïevski (1803-1869). Traduit en français en 1890, il a été récemment publié, en 2012, dans le recueil La Cité sans nom, volume regroupant diverses nouvelles aux caractères fantastiques de l'écrivain russe, ce dans la collection « Baskerville » de l'éditeur Rivière Blanche pour les éditions Black Coat Press. Brodant son court récit sur des motifs narratifs du folklore russe, Vladimir Odoïevski a sans nul doute puisé son inspiration dans le conte « Dame Holle » des frères Grimm pour faire de cette histoire, sa propre variation, comme de nombreux contes voyageant d'une contrée à une autre, ou comme pour certains romans tel celui d'Alexeï Tolstoï avec l’œuvre de Collodi (voir l'adaptation Pinocchio et la clé d'or). Aussi le Grand-père des glaces qu'il met en scène, tout en remplaçant Dame Holle, est en quelque sorte une forme pas encore tout à fait définie de Grand-Père Gel (le pendant du Père Noël en Russie), personnage que l'on peut voir dans plusieurs films d'animation soviétiques à partir de 1936, cela suite à sa réhabilitation par ceux-là même qui l'interdire un temps : on peut en voir une parfaite représentation dans Le Postier de neige. Le conte Morozko (merveilleusement adapté au cinéma en 1965 par Aleksandr Rou, et ayant pour titre français Le Père Frimas), faisant parti des textes rassemblés au 19ème siècle par Alexandre Affanassiev et qui a quelques accointances avec « Dame Holle » (mais dont la forme est plus dramatique), a pu également être une source d'influences pour le prince. A cet égard, la première version française du court-métrage Grand-père des glaces utilise le terme de Père Frimas pour nommer le personnage, nom également utilisé parfois pour Grand-Père Gel. De nombreuses représentations en quelques versions illustrées du conte montrent également le Père Frimas comme le Grand-Père Gel, tel le très bel album dessiné par Ekaterina Ponomareva dans un style s'apparentant à celui du grand Ivan Bilibine qui, lui aussi, a représenté le personnage.
L'adaptation de ce court-métrage scénarisé par Henry Sapgir simplifie quelque peu l'histoire écrite par le prince Odoïevski sur le même canevas que le conte original, les deux jeunes filles passant ensemble dans le puits et aidant en même temps le vieil homme, alors que le conte des frères Grimm évoque l'aventure de l'une puis de l'autre séparément. De plus, si la morale du conte exprime que le travail et la gentillesse sont toujours récompensés, alors que la paresse et l'indifférence n'apporte rien de positif, la morale à la fin du film d'animation est un peu plus tendre avec la paresseuse puisqu'elle souligne, après avoir tout de même condamné son comportement, que cette enfant, avec quelque effort, peut changer et devenir serviable, et trouver en cela le bonheur, tout simplement.
Outre les merveilleux effets sur les diverses formes de la glace qui étincelle, ce film montre également divers instruments du quotidien du 19ème siècle parmi les ustensiles que l'on pouvait trouver dans un foyer russe, et le samovar utilisé au début du film par Dunyasha et à la fin par Malasha en est un parfait représentant.
Vingt-cinq ans plus tôt, en 1956, le film en volume Chudesnyj Kolodec réalisé par Vladimir Degtyarev présentait une fidèle et magnifique adaptation du conte russe avec un Grand-père des glaces vêtu comme Grand-Père Gel. On pouvait y suivre les deux enfants découvrir l'une après l'autre le monde hivernal au fond du puits, et la seconde être puni à cause de son comportement.
Avant que de connaître un doublage français en 1993 en passant par la version américaine titrée Grandpa Frost de Film Roman et Film by Jove (éditée en VHS par Citel et diffusée sur Canal J), ce court-métrage connu un tout premier doublage en langue française, ce en une version conservant, au contraire de la seconde, la musique originale de Igor Tsvetkov. Ce premier doublage fut publié en VHS en une édition qui pour l'heure nous est inconnue : logiquement, il pourrait s'agir des éditions Socai Films puisque ces dernières ont édité un autre court-métrage d'Ivan Aksenchuk, le réalisateur de Grand-père des glaces, film ayant pour titre Gore - ne Beda traduit par l'éditeur par Le Soldat tambour et la sorcière. Cet autre ouvrage, où le puits est également un élément de l'histoire, fut produit en 1984, trois ans après Grand-père des glaces, conservant l'esthétisme de ce dernier, avec également quelques membres ayant œuvré sur celui-ci comme Victor Nikitin à la direction artistique, Igor Tsvetkov aux compositions musicales et Mikhail Druyan au traitement de l'image.
Concernant le réalisateur Ivan Aksenchuk, nous vous invitons à prendre connaissance de la fiche que nous lui avons consacré en cliquant ici.
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