Diffusions
Arrivée en France (cinéma) | 17 décembre 2008 |
Synopsis
Plongé dans les ténèbres sous un ciel en permanence menaçant, le royaume de Malaria est la grande nation où sont créées les inventions les plus diaboliques, soumettant ainsi le reste du monde contre un lourd tribut en échange de leur non-utilisation. Cette prospérité vaut aux savants fous d’être les personnalités les plus respectées du royaume, le bas de l’échelle sociale étant occupé par leurs larbins : les fameux Igors, ces êtres difformes et zozotants dont la principale fonction consiste à abaisser des manettes tout en beuglant « ouiii, maîîître ! ».
Mais l’un de ces Igors – prénommé Igor – nourrit secrètement le désir de devenir lui aussi un grand savant fou et d’être enfin reconnu par la société. Mais ses expériences menées clandestinement sont des échecs, entre Brain, un cerveau robotisé demeuré et Rapidos, un lapin suicidaire mais rendu immortel.
Aussi, lorsque son maître (le docteur Glickenstein) meurt accidentellement lors d’une explosion, Igor voit enfin là l’occasion de démontrer son génie pour le Grand Concours des Inventions Diaboliques en mettant au point le plus grand projet de tous les temps : créer la vie. Mais le destin va en décider autrement et Igor va donner naissance à Violette, un monstre… de gentillesse !
Commence alors pour Igor la lourde tâche de rendre féroce cette créature candide, incapable du moindre geste violent et qui se prend pour une actrice de comédie musicale suite à un lavage de cerveau qui a mal tourné. D’autant plus que le docteur Schadenfreude, le champion du Concours, entend bien ne pas se laisser ravir son titre...
Commentaires
Après avoir réalisé Lilo et Stitch 2 : Hawaï, nous avons un problème !, Tony Leondis tente de développer de nouveaux projets chez Disneytoon, puis chez Dreamworks avant d’être contacté par Eric Robinson, producteur pour les frères Weinstein, qui lui soumet la première version du scénario d’Igor. Grand amateur de monstres, Leondis est très intéressé par le concept et fait part des développements qu’il envisage pour le scénario auprès des producteurs d’Exodus Film Group. Le feu vert lui est accordé ; commence alors pour le réalisateur une production de 2 ans menée aux studios Sparx à Paris.
Si visuellement le film peut faire penser à l’univers de Tim Burton, c’est moins par envie de s’inscrire dans la continuité de son héritage que par l’utilisation de références communes : on y retrouve l’esthétique torturée du cinéma expressionniste allemand – Le Cabinet du Docteur Caligari (1920) de Robert Wiene en tête – ainsi que l’influence du film d’animation Mad Monster Party ? (1967) de Jules Bass concernant le design et la mise en scène des monstres en volumes. Mais Igor se distingue des films du créateur de L’Étrange Noël de Monsieur Jack par l’influence des peintres Rembrandt pour la gestion de la lumière et de Caspar David Friedrich pour l’architecture. À ces choix, dus au directeur artistique Olivier Besson, viennent également s’ajouter des éléments de steampunk et des références aux médias actuels qui donnent à l’ensemble une identité propre.
Sur le plan de l’humour, le film repose en grande partie sur du slapstick souvent grinçant mais jamais sordide avec les multiples tentatives de suicide de Rapidos dont les répliques cyniques font régulièrement mouche. Les réflexions aléatoires de Brain et l’innocence de Violette faisant complètement tâche dans cet univers sombre achèvent de donner à Igor une belle part d’absurde. Pourtant, sous une ode plutôt convenue à la gentillesse, le film délivre un propos assez caustique autour de la course à l’armement (et à l’audimat, avec la retransmission du Concours des Inventions Diaboliques assurée par un homme invisible exhibitionniste) mais aussi sur l’ignorance comme source de pouvoir ; Tony Leondis a admis à ce sujet vouloir faire une allégorie des années de l’Amérique sous George W. Bush, avec sa population dupée par la justification de l’entrée en guerre contre l’Irak en 2003.
En dépit de ses nombreuses qualités, le film sera malgré tout un semi-échec au box-office. Les critiques, bien qu’encourageantes, seront globalement mitigées et le public, partagé entre l’aspect enfantin du récit et son propos sous-jacent plus adulte, lui réservera un accueil timide. Ce manque d’engouement mettra fin au projet de suite que le réalisateur envisageait. Aujourd’hui plus ou moins oublié, Igor demeure un film très sympathique à l’esthétique soignée, aux références cinématographiques utilisées avec drôlerie et aux personnages attachants.
Doublage
Voix françaises :
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